Présidentielles 2012 :ATT lâche le PDES et livre le profil de son dauphin

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«Je n’ai pas de candidat et je ne soutiens personne ». Et pourtant… Ce ne sont pas les seuls propos discutables du président sortant Amadou Toumani à l’issue de l’interview qu’il a accordée à nos confrères « Les Afriques »… Que d’enseignements  dans cette sortie médiatique !

-« Auriez-vous un candidat? Non ! Vous ne soutiendrez  aucun candidat?

Je ne soutiendrai aucun !!! »

Les réponses de l’interviewé sont aussi sèches que les questions s’avèrent directes. Elles (les réponses) n’offrent en outre  le moindre doute quant à la volonté affichée de l’orateur de se retirer le 08 juin 2012. C’est désormais un fait.

Mais si la décision a de quoi réjouir les légalistes et aussi ceux-là « pressés » de prendre sa place,  ATT fait cependant une mauvaise guerre à ceux qui, au regard de l’appel de Sikasso, ont quelque peu douté de sa sincérité.

Souvenez-vous-en ! Nous sommes en 2002. C’est à partir de la même cité,  Sikasso, que sera lancé l’un des premiers appels à sa candidature. Et c’est encore dans le KENEDOUGOU, que candidat officiel, il lança sa campagne électorale aussi bien en 2002 qu’en 2007. Les sceptiques étaient donc  dans leur bon droit de voir dans ce énième appel, un subterfuge concocté par ses soins.  En apportant cette mise au point, le Général met tout le monde à l’aise. L’on sait maintenant que « l’appel » n’émanait pas de lui mais de personnes certainement plus royalistes que le roi.

Cette autre mauvaise guerre est menée contre la presse de son pays. Notre bon ATT estime que personne, la presse nationale en l’occurrence, n’a jugé opportun de lui adresser directement la question.

Désolé !, Monsieur le Président ! Elle l’a fait à plusieurs fois et vous vous êtes presque emporté (fort légitimement d’ailleurs) du manque de confiance que sous-entendait la sempiternelle  question. Ce fut respectivement les 08 juin 2006 et 2007 à la faveur de votre traditionnelle conférence de presse. Vous conviendrez, Monsieur le Président que les héros ne font  pas légion dans la presse malienne au point d’aller effaroucher une  fois de plus, un Général d’armée agacé dans son Palais à Koulouba. Ce sont des journalistes, pas d’imprudents provocateurs, encore moins des casse-cous. C’est la raison pour laquelle, Monsieur le Président.

L’on constate par ailleurs que «l’Homme du 26 mars» se veut davantage modeste et humble. Moins de « Je » et beaucoup de « Nous » dans son discours.

Pour rappel, il avait quelque peu titillé les gardiens du Temple en 2005 en rappelant qu’il incarnait personnellement le  « 26 mars 1991 », occultant, du moins de l’avis de ses détracteurs, l’apport des autres composantes des forces vives du pays dans le changement. Mais notez aujourd’hui ces passages : «L’armée m’avait délégué pour prendre le pouvoir par la force, et c’est ce que nous avons fait. Nous sommes restés quatorze mois, pendant lesquels nous avons mis en place toutes les structures de la démocratie».

A propos de son soutien éventuel à un candidat, l’interviewé répondit : «Je ne soutiendrai aucun. Je me contenterai de tout faire pour organiser des élections libres, transparentes et crédibles». C’est tout à son honneur. Il y a cependant lieu de se poser des questions. Qu’entend-il donc par « je leur ai donné mes bénédictions » en parlant de ses « amis » ayant opté pour la création d’un parti politique, à savoir le PDES ? C’est en effet à la faveur de l’émission télévisée intitulée « Ce jour-là » qu’il expliqua, que face à la détermination de ses «amis», il leur accorda alors « ses bénédictions » en vue de la création d’un parti politique.

Ce fut alors à la guerre, comme à la guerre ! Dans une interview accordée à nos confrères du journal « L’Indépendant », le futur président du parti tint à rappeler que la formation bénéficiait justement des «bénédictions du Président de la République» comme si, dans les faits, il s’agissait, du parti présidentiel avec ce que cela comporte en termes d’influence. Les précisions d’aujourd’hui valent donc leur pesant d’or. On reprochera cependant à l’orateur d’avoir entretenu la confusion pendant un temps. Toute chose à l’origine, à la fois de la ruée vers cette formation politique et de l’antipathie qu’elle engendra dans la conscience populaire.

ATT n’a donc pas de candidat et n’en soutiendra aucun ! Il faudra bien le croire sur parole… L’expérience atteste cependant qu’en Afrique, le penchant des présidents sortant est déterminant dans le processus électoral qu’ils organisent. Et surtout, que dans le souci de protéger leur bilan, ils espèrent secrètement passer le témoin à un successeur digne de leur confiance et de leur respect. Alpha Oumar Konaré n’a pas dérogé à ce principe en 2002. Et ce n’est l’Adema PASJ qui apportera le démenti à cette assertion.

Enfin, concevons qu’ATT est et demeurera neutre, il lève cependant le voile sur le profil de son successeur : « Le plus important pour moi, et là, c’est le soldat qui parle, c’est qu’à la fin de ma mission, je souhaite au Mali d’avoir un très bon président, pondéré, ouvert, disponible, travailleur, et surtout profondément enraciné dans nos valeurs de culture ».

Au regard de cette description détaillée, l’on est désormais en droit de regarder autour de nous… Et surtout, ne soyez nullement surpris de découvrir brutalement chez d’éventuels postulants, des qualités sus – citées.  Qu’est ce qu’on ne fera pas pour se mettre dans la peau de l’élu ?

En outre, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, l’orateur rappelle que « c’est le soldat qui parle ». Autrement dit, il engage son honneur de soldat pour mener à bien la mission qu’il vient de s’assigner. Réconfortant ! L’honneur d’un soldat reste son arme le plus redoutable.

 

 

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B. Diarrassouba


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