Présidentielles 2012 : L’inévitable report

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Les hommes politiques maliens rougissent à tort, quand on leur dit au visage qu’ils ne connaissent ni n’aiment leurs électeurs. Qu’ils ne se soucient guère des maliens de leurs problèmes, qu’ils n’ont de préoccupation que leurs fauteuils et de vision que leurs convoitises. C’est dans leurs actes mêmes qu’ils démontrent que le Nord Mali et les populations qui y vivent, qui s’y peinent ou qui y meurent, sont le cadet de leurs soucis.

Les politiciens maliens savent bien que la question du report des élections n’est plus à poser. Ils n’ignorent pas également que cette question est mieux entendue dans leurs bouches à eux, que dans celle du président sortant qui peut être soupçonné de « vouloir s’éterniser au pouvoir sous le prétexte de l’insécurité ». Ils savent qu’ils doivent parler, débattre ou se prononcer pour libérer les maliens de l’incertitude et du doute. Ils ont toutes ces responsabilités, mais se taisent de façon irresponsable, laissant le pays dans l’impossibilité d’organiser des élections et dans l’impréparation ou l’initiation de quoi que ce soit, voguant ainsi dans le hasard et la fatalité. Il ne peut y avoir d’élections dignes de ce nom. Les ministres envoyés à Kidal et Gao l’ont entendu avec les deux oreilles : les élections sont les dernières choses auxquelles pensent les populations. Je ne suis pas devin mais Tombouctou ne dira pas moins. Cela veut dire qu’il n’y aurait ni campagne, ni affiche, ni slogan ni bureau de vote encore moins vote sur les 2/3 du territoire malien. Mais tout cela ne donne ni à réfléchir, ni à s’inquiéter à nos hommes politiques, à nos candidats et à leurs directions de campagne, qui se lèchent les babines, en pensant à tous les ravissements qu’ils trouveraient à Koulouba. Peu soucieux de leurs compatriotes qui n’ont pour seul désir que de survivre et de préserver leurs biens, ils se taisent pensant que quand ça se gâte, l’Histoire ne retiendrait qu’ATT comme seul coupable et qu’ils pourraient advienne que pourra tirer leurs cyniques épingles du jeu. Quel bas calcul quand le pays brûle, quel bas calcul quand les maliens meurent, quel calcul bas lorsque la vie ne vaudrait pas un report consensuel, quel bas calcul quand c’est le Mali qui doit compter avant tout ?
Mais nos politiciens à la petite semaine ne perdront rien pour attendre. Aucune élection ne prévaudrait et ne saurait être reconnu si elle se fait en enjambant le cadavre d’autres maliens. Se mentant à eux-mêmes et pensant chacun avoir déjà la victoire en poche, ils se bouchent les oreilles et se ferment les yeux sur nos peines et sur nos meurtrissures, pensant que les tambours de leur victoire résonneront plus fort que les clairons du deuil.
Pour les maliens qui aiment leur pays et qui savent que le Mali s’éternisera longtemps après aujourd’hui la conviction est claire. C’est celle où nous devrons avant tout nous donner la main, poser le problème, réfléchir à des voies démocratiques pour éviter toute impasse en mettant les idées au-dessus des considérations de personne. Le Mali survivra à ATT et à cette génération d’hommes politiques, voilà pourquoi nous devons à temps poser les jalons pour qu’on sache où l’on est et où l’on va, prolonger ou non le mandat actuel pour finir la guerre, former ou non un Gouvernement de pleins pouvoirs, qui aurait pour mission de réarmer moralement et physiquement notre pays pour faire face aux terroristes et organiser par la suite des élections justes et acceptables par tous les citoyens. Les forces vives du pays doivent dès à présent, contourner les hommes politiques, qui ont montré leurs limites dans l’amour et le sacrifice pour le Mali, pour développer une dynamique de relance de notre pays en proposant des voies et moyens solidaires et consensuels pour éviter la division à notre pays. C’est le moment pour notre pays de faire appel à la générosité intérieure de ses filles et de ses fils. Nous ne devons en aucun cas abandonner nos institutions à leurs faiblesses. Si nous sommes unis, plus rien ne pourra nous arriver. Il y’a un temps pour tout : aujourd’hui c’est celui de s’effacer, et de tout donner, pour les intérêts supérieur du Mali.
Karim FOMBA

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4 COMMENTAIRES

  1. M Fomba, je suis d’accord avec toi quand tu dis que les hommes politiques Maliens ne s’intéressent aux électeurs en général que pendant les échéances électorales mais concernant la situation au nord je crois sincèrement que l’issu de cette crise dépend de l’arrivée au commande d’un nouveau président. Nous savons tous qu’ATT à montrer toutes ses limites dans cette question, pourquoi s’obstiner à prolonger son mandat, pour quoi faire ?
    La question pouvait être posée si le pouvoir avait montré les signes de sa détermination à trouver une solution, aujourd’hui personne au Mali ne peut affirmer connaitre la politique employé par le Gouvernement ATT concernant la crise du Mali-Nord. Ne pas tenir l’élection présidentielle représente plus de danger pour notre pays que l’inverse.
    Hormis la rébellion, l’insécurité au nord Mali date depuis combien d’années ? Ce n’est pas en prolongeant le mandat d’ATT de je ne sais combien de temps qu’il y aura la paix, faudrait qu’il y ait la volonté !

    • Merci mon frere pour cette contribution de taille.Il y a un proverbe bambara qui dit ” qu’on ne peut pas couper la tete parcequ’elle nous fait mal ” nous allaons faire les elections pour avoir une nouvelle equipe a koulouba.La resolution de cette crise ne se trouve que dans le changement,et ce changement = elections d’avril quelque soit la personne qui sera elu .

  2. COMMUNIQUE DU PARTI SADI

    Le Bureau Politique du Parti SADI invite les membres de son Comité Central, de ses Coordinations, sections, comités et toute la population du District de Bamako et de Kati à un Meeting populaire :
    • pour dénoncer la guerre qui s’installe au Mali ;
    • pour dire non à la gestion de cette guerre par ATT et son Gouvernement ;
    • pour donner les propositions de sortie de cette guerre ;
    • pour soutenir les forces armées et de sécurité dans leur mission de défense de l’intégrité territoriale et de protection des populations.

    Jour : Le lundi 26 mars 2012

    Heure : 09h00

    Lieu : Terrain Sakaly à Rail Da.

    La participation effective de tous et toutes est vivement souhaitée.

    Bamako, le 19 mars 2012

    Pour le Bureau Politique
    Le Secrétaire Chargé des questions sociales et juridiques
    Samba Ibrahima TEMBELY

  3. La Gangrène de la corruption : Le soulèvement populaire de mars 1991 découlait, essentiellement, de l’exaspération du peuple malien face à l’enrichissement illicite et à l’impunité dont jouissaient une minorité de privilégiés. ” Kokadjè ” ou ” laver jusqu’à la propreté ” était l’un des slogans des manifestations. Qu’en est-il aujourd’hui? Ils attendaient du changement survenu la création d’emplois afin que les revenus ainsi acquis leur permettent de contribuer à l’éducation de leurs enfants, d’accéder aux soins de santé, au logement et à l’eau potable. Gérer de manière transparente et responsable, les sommes qui ont été injectées dans l’économie malienne depuis l’avènement de la Troisième République aurait, dans une large mesure, atténué le dénuement matériel, la faim, la maladie et l’envie d’émigrer. Malheureusement pour le peuple malien, les finances publiques constituent le butin dont la convoitise est au cœur du jeu politique. Le choix ou la répartition des postes ministériels, entre les partis au sein du gouvernement , donne lieu à des débats houleux et souvent explosifs, précisément parce que la conquête du pouvoir, au lieu d’être motivée par un idéal de société, rime avec l’accès facile aux deniers publics. Aucun(e) Malien(ne) ne se trompe plus sur la marchandisation de la vie politique et du système judiciaire. La Banque mondiale qui fait partie du problème dans la mesure où elle prêche le tout-marché souligne ce qui suit : ” … La corruption au Mali est systémique et pernicieuse en raison du système de clientélisme politique, qui fait que les postes officiels sont attribués à ceux qui produisent des rentes pour leur patron, pour le parti politique ou pour eux-mêmes. Les carences des systèmes de contrôle permettent aux agents de l’Etat de voler des biens et des fonds, ou de monnayer l’influence de l’Etat. ” Démocratie, Etat de droit, lutte contre la pauvreté sont visiblement des vœux pieux d’autant plus que l’enrichissement illicite demeure impunie: Bien que la loi prévoie des sanctions, les représentants de la Banque ont eu connaissance de cas où la malversation n’a pas été sanctionnée. Les rapports du Contrôle général d’Etat citaient des actes illicites qui n’ont jamais été punis, bien que les rapports aient été remis à la présidence et transmis aux ministères pour qu’ils y donnent la suite voulue…”La corruption est, en fait inhérente au modèle économique dominant qui nous est imposé par les puissants de ce monde. ” Entrez dans le marché et enrichissez-vous individuellement “, semblent avoir compris les Malien(ne)s et plus précisément le monde des affaires et de la politique qui sont liés.

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