Présidentielle : Y’a- t-il seulement un enjeu des petits candidats ?

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La gestion sécuritaire (qu’on parle du Nord ou de la quiétude des rues dans nos grandes villes de façon générale) est déjà comme un lever de rideau à la prochaine campagne présidentielle. Ce spectre hante le grand public parce qu’une majorité de nos concitoyens pensent déjà que c’est là une même espérance « sourde et permanente » d’un même peuple qui s’étiole. Pour l’heure, tous nos candidats déclarés sont d’accord de faire bouger les lignes sur ce dossier car depuis nos années indépendances, le Mali est souvent tombé dans cette histoire et il s’est toujours relevé.

 


La question du Nord qui s’installe dans les enjeux de cette présidentielle 2012 va « se faire resserrer les rangs » et raffermir les pores de nos candidats. Face à des électeurs qui se posent désormais la même question, à savoir si l’histoire personnelle de nos compétiteurs  colle vraiment avec celle de leurs ambitions. Une occasion  de souligner le courage de la déclaration de candidature d’Acherif Ag Mohamed, un Conseiller à la Présidence à Koulouba. Les candidats sont tous engagés dans un effort de construction, de cohésion et de précision où ils auront à donner de la voix. Ils l’ont déjà fait, mais au compteur, ceux qu’on appelle les petits candidats perdent du terrain, occupés à peser les mots de leurs discours pour que ces derniers leur ressemblent. Il en est de même pour les grosses pointures.  Cependant, tous doivent fendre leur armure pour mieux toucher le cœur de leurs électeurs. Ce faisant, nous avons eu droit à des semaines d’expression fortes où chacun, se prenant comme un de ces experts du temps politiques, n’a pas voulu se laisser dicter son agenda. Par ces temps de crise, à l’écoute de nouvelles alarmantes, nos candidats se devaient de parler à la raison de leurs compatriotes. Tous vont insister sur leur rapport au Mali afin de bénéficier d’un capital de sympathie ; ce qui, il faut bien le dire, ne les placerait pas automatiquement dans la ferveur de nos rendez-vous électoraux. Pour l’heure, la présidentielle de 2012 opposera donc les poids lourds, les poids moyens et les petits candidats. Un poids de candidature, des mesures de style différent.
Le tempo de la communication où le dialogue prend racine dans des principes affichés. Les gros gibiers, ou disons les gros porteurs (c’est-à-dire les grands candidats déclarés), eux, jouent la carte du sérieux de l’approfondissement sur ce dossier sécuritaire du Nord avec une solide base documentaire pour avoir été toujours proches des cercles de décision.
Verbatim : Ibrahim Boubacar Keïta et le RPM condamnent toute barbarie avec la dernière vigueur. Et IBK d’ajouter que les Maliens se sentent humiliés pour des raisons qui s’appellent  honneur,  bon sens et intérêt supérieur de la Nation. Il revient sur « la trahison d’un peuple surpris dans son sommeil, trahison de nos valeurs humanistes ». Il engage à la création d’un Front républicain pour le rétablissement de la paix. Le bureau politique national du parti CNAS-Faso Hèrè, avec Soumana Sacko, en appelle à notre catéchisme citoyen. Il nous parle de la douloureuse situation qui prévaut et réaffirme «  son attachement inébranlable au principe sacro-saint de l’indivisibilité du territoire national ». Il engage le Gouvernement à améliorer la gestion communicationnelle de la crise et exhorte le peuple à préserver à tout prix la concorde et la solidarité nationale. Le jeune leader du parti CODEM, H. Guindo (le représentant du jour des petits candidats que nous avons sous la main) fut l’un des derniers à s’interroger sur notre heure électorale et son effectivité.
Vu les nouvelles du terrain des opérations, rien ne nous y préparait avec les mouvements de populations fuyant leurs terres. Par deux fois, le Président ATT viendra à répondre à cette question par l’affirmative. Comment ces petits candidats qui veulent «  changer la présidentielle » utilisent-ils un effet d’annonce à leur avantage ? On dit qu’ils sont rentrés dans la course à minima.
Sur un pas de clerc ?
Non, mais ils sont encore mous du genou et nulle part on ne les voit ni les entend jouer au cogneur pur et dur. Or pour attirer l’attention, il leur faut donner de la voix. A moins de deux mois du premier tour du  scrutin, restent-ils à la hauteur de leurs ambitions ?
Est-ce une erreur des petits candidats s’ils ne cognent pas pour le moment en choisissant de rester dans leurs petits calculs ?
Ont-ils raison en faisant peu de cas de leurs propres programmes ? Etre petit candidat dans une compétition électorale ne fait pas tendance, ni un statut. C’est une construction qui indique que tel ou tel candidat est mal placé pour vaincre. Pour eux, il y a une différence à trouver entre une posture et le projet qu’ils portent. Leur handicap peut se résumer en ce qu’il leur manque une dose de sens politique. Ils ne nous le montrent pas encore sur ce dossier du Nord, comme s’ils entraient dans la donne des propositions par défaut et par contradiction. Or leur avantage à eux, c’est qu’ils peuvent représenter de leur côté une vision de notre société et une mutation comportementale.
Vont-ils garder cette volonté de surprendre car ils peuvent voir les fautes ou les erreurs des autres candidats ?
En cela, il faut qu’ils s’entourent d’une équipe de production à leur service exclusif, avec des gens pour élaborer des projets, suivre les dossiers thématiques, etc., des personnes pour coordonner l’intendance, leurs déplacements, la communication…A ne pas minimiser : aucun gros candidat ne s’installera dans un duel à deux avant l’heure H. Le « happy end » de la Cour constitutionnelle est attendu. Le fait de «  lister » les candidats retenus va nous enlever ce (défaut) souci de bienséance en face d’un premier choix à faire. Alors seulement, on aura une vision grand angle de la présidentielle de 2012. Beaucoup de nos concitoyens jugeraient la politique inefficace.
Un tel jugement peut-il incriminer la charge de travail des politiques ?
Que ceci relève d’un cliché ou pas, nous saluons l’entrée de jeunes candidats parce que nous pensions qu’il faut que les gens payent pour comprendre la valeur des choses. La politique ne devient efficace que si nos populations la réclament. Avant de s’occuper de l’offre politique, regardons la marche actuelle de la Cité. On comprendra  alors  le souffle de ce que fut ce centre d’appel à candidatures.
S.Koné

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