Sans fichier électoral, l’insécurité généralisée, le bureau de la Commission électorale nationale indépendante sans un membre de l’opposition, le retard pris dans les préparatifs du processus électoral, c’est dans ces conditions explosives que les électeurs maliens seront appelés à désigner un nouveau président de la République le 29 avril. C’est du moins le constat à quelques encablures de la bataille électorale.
Appelée la plus ouverte (le président sortant n’est pas candidat), l’élection présidentielle malienne risque de plonger notre pays dans une autre crise politique après celle du 13 avril 1997 où les manigances du président Alpha Oumar Konaré avaient fini par mettre à la touche de la démocratie l’écrasante majorité de Maliens. Quinze après, le même scénario guette le Mali. Eu égard à la situation d’incertitude dont le pays connait à deux petits mois de l’échéance.
La situation d’insécurité dans le Nord n’est pas de nature à arranger les choses. Si certains songent déjà à un report de l’élection présidentielle et d’autres à une transition, le président ATT, sur RFI, est on ne peut plus clair : «ceux qui parlent de transition sont ceux qui sont pressés d’être ministres et convaincus de ne pas arriver au pouvoir par la voix des urnes».
Cette sortie médiatique du général président et l’arrivée d’une partie du matériel électoral accueilli à grand renfort médiatique, dont le régime déguisé des généraux a le secret, invitent les Maliens et les hommes politiques en particulier à orienter désormais leur attention vers le 29 avril quel qu’en soit le prix.
Avant que la rébellion, éclatée le 17 janvier dans le nord de notre pays, ne devienne la préoccupation première des Maliens, les partis politiques et le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales en charge des élections avaient, après d’interminables rencontres, trouvé un consensus sur le nom d’un fichier électoral, avec des réserves de la part des partis politiques. Mais depuis lors, rien. Le Mali est encore sans fichier électoral à deux mois du référendum et de la présidentielle.
Le fichier, qui a fait l’objet de consensus, est à la base de fraudes massives depuis plus de dix ans. Il a d’ailleurs même été qualifié par les responsables de l’organisation des élections «erronées». S’entêter à organiser des élections sur la base de ce fichier, c’est ouvrir la voie à des contestations.
Mais qu’à cela ne tienne. L’élection présidentielle de cette année ressemble fort à une désignation du président dela Républiqueet non à l’élection d’un président accepté par tous, après dix ans de pillage du pays en bandes organisées.
Yoro SOW