Présidentielle : Jadis si proche, désormais si loin

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Ce mercredi 1er février 2012, le Président de la République avait l’air bien grave lors de son  allocution à l’adresse du peuple. Et il avait raison, le brave ATT, car il était vraiment soucieux : on le serait d’ailleurs à moins. Déjà à quelques semaines de la fin de son second et dernier mandat à la tête de l’Etat, il rêvait de bénéficier d’un repos mérité (il l’a d’ailleurs moult et maintes fois répété) dès que la prochaine présidentielle aurait désigné son successeur.

Mais il paraît aujourd’hui évident que le rêve du Chef de l’Etat (si légitime du reste) tend à être compromis par cette  insécurité qui prévaut dans le Nord et qui pourrait bien obliger ATT à réviser son ambition (sa retraite) à la baisse. A moins que le feu de la rébellion soit éteint avant la date butoir des élections…

Les rebelles touaregs  semblent  avoir choisi d’appliquer la technique du harcèlement militaire, attaquant à l’improviste, frappant aussi vite et fort que possible pour ensuite se fondre dans les vastes étendues sablonneuses du désert. Aussi, les populations des régions septentrionales, plus que jamais désemparées, vivent désormais dans la psychose. Certains habitants  ont même choisi de fuir vers le Burkina Faso, le Niger,la Mauritanieet l’Algérie…

On les comprend, car dans cette atmosphère délétère de conflit,  ATT, aussi volontaire qu’il soit, ne peut à l’heure actuelle envisager sereinement la tenue de la présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 29 avril prochain. En effet, on n’organise pas d’élections dans un tel contexte d’insécurité. Alors, ATT est aussi perplexe que désemparé. Certes, dans son adresse àla Nation, il avait affiché une fermeté la plus résolue, exhortant les Maliens à « se tenir la main » et promettant  que le Mali « vaincra pour préserver l’héritage commun ».

Mais il reste à savoir si ATT dispose  des moyens de sa politique car il se trouve face à des rebelles résolus qui refusent d’étudier toutes les concessions qu’il leur a faites. Par ailleurs, certains de ses adversaires politiques ont vu en lui un homme qui tenait à tout prix à pactiser avec des hommes qui ne voulaient autre chose que la division du territoire.  Et comme pour ne rien arranger, la rébellion touarègue, dans son combat contre l’Etat malien, trouve quelque part la bénédiction d’une AQMI qui, à elle seule, donnait suffisamment du fil à retordre à l’Armée nationale. Le risque est donc énorme de voir le Mali aux abois si l’Etat  devait affronter  seul la conjugaison des actions de ces deux ennemis de l’heure.

Reste à savoir ce que les Etats voisins voudront consentir pour aider le Mali. En tout cas, ces pays ont de tout temps  perçu le Mali comme « le ventre mou de la lutte anti-terroriste » qu’ils  ont engagée depuis belle lurette contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Mais il faudra bien qu’ils se décident un jour à prêter main forte au Mali, ne serait-ce que pour cette raison bien évidente : si « l’hydre » AQMI et la « méduse » Rébellion parvenaient à mettre le Mali à genoux, ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin car leur appétit insatiable se transformera en nouvelle ambition : celle d’inscrire toute la sous-région à leur tableau de chasse. Une chose à éviter coûte que coûte !

Jean Pierre James

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1 commentaire

  1. quelle sacré journaliste vous faite honte a votre metier je suis sur que vous pouvez être un trés bon griot

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