Petit pays lusophone, en proie à de récurrents coups d’État militaires et de violents soubresauts politiques, la Guinée-Bissau vient de réussir la prouesse de tenir le pari d’organiser sans heurts le premier tour du scrutin présidentiel. Les deux candidats favoris, respectivement arrivés en tête, José Mario Vaz, 57 ans (parti PAIGC) et Nuno Gomes Na Biam, soutenu par l’armée, s’affronteront au second tour le 18 mai prochain.
Le duel de l’élection présidentielle bissau-guinéenne comptant pour le second tour prévu le 18 mai 2014 devra départager les deux grands favoris restés en course (José Mario Vaz, du parti historique PAIGC, et Nuno Gomes Na Biam, un cacique de l’establishment politique et candidat chouchouté de l’armée). Après le sprint électoral qui a mis en lice 15 candidats, les électeurs bissau-guinéens ont voté massivement (plus de 80% de taux de participation) en portant leur choix sur José Mario Vaz, candidat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, parti historique du pays), ancien ministre des Finances du gouvernement renversé par l’armée, et Nuno Gomes Na Biam, soutenu largement par la haute hiérarchie militaire). La Commission nationale électorale (CNE) dont la neutralité avait été mise en doute par certaines franges de la population a livré le mardi 15 avril 2014 les résultats de ces élections couplées (présidentielle et législatives).
Le candidat José Mario Vaz est arrivé en tête du premier tour du 13 avril avec 40,9% devant Na Biam, qui s’est adjugé 25,1% des suffrages. À Bissau, bon nombre d’observateurs estiment que ce second tour du scrutin présidentiel s’apparente à un match entre le PAIGC et l’armée, deux lignes et forces traditionnelles qui constituent la colonne vertébrale du régime en Guinée-Bissau.
Paulo Gomes, faiseur de rois
José Mario et Nuno Na Biam sont suivis par le brillant et jeune ancien haut fonctionnaire des institutions de Bretton Woods, Paulo Gomes qui s’en est sorti avec 9, 7% des voix. Il est perçu a priori comme le puissant faiseur de rois devant arbitrer le derby José Mario-Nuno Gomes. On ergote çà et là dans les salons de Bissau qu’il est la voie royale la plus sûre et crédible d’une Guinée-Bissau émergente, grâce à son pertinent projet de société. Paulo Gomes très connecté dans les palais africains et les grandes places financières est le candidat chouchouté de la jeunesse, de la société civile et de la diaspora. Les manœuvres du côté des états-majors des deux candidats favoris pour s’adjuger les voix de ses électeurs sont lancées. Le candidat Abel Incada a obtenu 7,3% des voix, parrainé par les faucons du PRS (parti de l’ancien et défunt président bissau-guinéen).
PAR ISMAEL AIDARA ( Les Afriques )