Présidentielle du 29 juillet : Un nouveau panel de discussion des candidats met à l’œuvre ses premiers invités

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La Maison de la presse de Bamako a servi de cadre le vendredi 20 juillet dernier à un cadre de discussion entre des candidats. L’occasion a été favorable pour mener un débat rationnel sur le contenu de leur programme de société. C’était sous l’égide du Comité de pilotage des débats électoraux (COPIDE).

Dans le souci de mieux orienter les Maliens et les Maliennes dans leur choix parmi les 24 candidats pour l’élection présidentielle du 29 juillet 2018, une élection décisive dans la vie de toute la nation, un grand cadre de confrontation d’idées a regroupé des candidats à l’élection présidentielle prochaine.

Il faut noter que le mandat qui s’achève est consécutive à la crise de 2012 qui a failli mettre à genoux le Mali à cause d’une insécurité grandissante généralisée du nord au sud, avec notamment le terrorisme et tout ce qui l’accompagne comme effets négatifs. Cet état de fait a détourné l’attention de tout le monde sur les autres domaines de la vie nationale qui ont eu suffisamment le temps de se dégrader considérablement, faisant du pays un énorme chantier ou tout est prioritaire. C’est dans le souci de relever tous ces défis que le Comité de pilotage des débats électoraux, COPIDE, offre, en ces derniers instants du jour J, un nouveau créneau aux candidats pour persuader les électeurs. Ce partenariat inédit entre médias publics et privés constitue une occasion particulière à chaque candidat à travers un débat contradictoire pour tenter de convaincre les électeurs sur la base de leur projet de société. La première phase de cette séance de débat a eu lieu le vendredi 20 juillet 2018 à la Maison de la presse. Étaient présents, le candidat du MPR, Chokel Kokala Maïga, Docteur Hamadoun Touré de l’Alliance Kaïra et le candidat Adama Kané du BRDM et du mouvement Faso Kèwalé.  Le débat a duré 1 heure et 30 minutes autour des grands secteurs comme la sécurité, l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, l’éducation, la santé, l’agriculture, le développement rural, le chômage, la question du genre, la lutte contre la corruption, etc.

Cette occasion est doublement bénéfique, non seulement pour les candidats, mais aussi pour les électeurs. C’est une occasion particulière, pour les électeurs, en plus de la méthode traditionnelle de campagne au Mali, d’avoir une vision d’ensemble sur les programmes des candidats, leur permettant ainsi de faire, parallèlement, une étude comparée des différentes propositions des candidats, en rapport avec le développement de toute la nation. Au cours de ce débat, chaque candidat se devait de déterminer ses grandes priorités, de convaincre les citoyens sur les solutions qu’il propose comme perspectives de sortie de crise. En outre, il se devait de préciser le temps record pour arriver à une telle résolution, ainsi que les moyens à exploiter.  Pour ce premier numéro de débat contradictoire, tous les trois candidats étaient conscients de l’urgence d’une solution efficiente face à l’ampleur de la situation. C’est pourquoi, d’entrée de jeu, Hamadoune Touré a dégagé la particularité des élections de cette année et a fait également état de l’état de mûrissement de la population. Un état qui le convainc que le peuple fera un choix judicieux, le 29 juillet prochain.

Pour la première question liée à la sécurité, le candidat du MPR pense que ce que vit notre armée serait la conséquence de sa trahison par les décideurs, en permettant à tout le Mali, y compris les Touaregs et les Arabes, de souffrir des conséquences d’une minorité. Il propose un renversement des rapports de forces sur le terrain avant toute négociation, cela par le renforcement des équipements. Il dira qu’il est d’accord pour l’intégration des ex-rebelles dans les rangs de l’armée, mais pas tous. Ceux qui y sont retenus doivent être traités en toute égalité avec les autres, sans aucun privilège. Adama Kané partage un peu l’avis, mais en plus en plus, pour ne permettre à une poignée d’individus de causer du tort à tout le monde, il propose de punir sévèrement tous ceux qui sont hostiles à l’Etat. Hamadoun Touré est tenté plutôt, tout en partageant l’urgence de la formation et l’équipement, par l’organisation d’une conférence nationale de dialogue et de réconciliation. À le croire, l’Etat a mis la charrue avant les bœufs en ne soumettant pas l’accord de paix et de la réconciliation à un referendum avant son application, pour que se prononcent tous les Maliens.

Tous les trois candidats sont prêts à accompagner l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.  Il faudrait une bonne foi de tous les acteurs, y compris des pays de la sous-région, dira Adama Kané. Choguel Kokala Maïga  dira qu’il faut un gouvernement exemplaire avec un discours de vérité et apte à aménager un climat favorable au désarmement des rebelles. Puisque, selon lui, toutes les parties sont allées à la négociation sous la pression de la communauté internationale.  Quant à Hamadoun Touré, il dira que tout est négociable sauf l’intégrité et l’indivisibilité du Mali.

Concernant les difficultés de la cohabitation au Mali d’aujourd’hui, ils sont tous unanimes sur l’indifférence du gouvernement face à cette situation qui se dégrade de jour en jour. Hamadoun Touré dira qu’aucun investissement n’est de trop pour prendre le problème à bras le corps, car, selon lui, le Mali connait ce problème depuis l’indépendance et à chaque fois, c’est à la même période que le problème refait surface. Adama Kané dira également que l’Etat n’y a jamais prêté véritablement attention. Si ces situations  se répètent chaque fois, c’est parce qu’il n’y’a jamais eu de sanction. Pareil pour le candidat du MPR qui dira que l’Etat seul doit avoir le monopole de la violence, mais malheureusement cette situation, tout le temps, est caressée par les autorités.

Quant à l’éducation, l’école malienne va mal. C’est ce qu’a laissé entendre Adama Kané avant de rassurer qu’une fois président, ses enfants ne partiront pas étudier à l’étranger. Il veillera scrupuleusement sur le contenu de l’enseignement. Un enseignement  de qualité plutôt que de masse. À ses dires, il envisage de créer un centre d’information et d’orientation des jeunes. Quant à Hamadoun Touré, il affirme que les politiques se sont emparés de l’éducation en la transformant en un lieu de recherche de diplôme et non de la connaissance. Selon lui, notre enseignement doit être orienté vers la formation à l’entrepreneuriat et le développement du domaine de la technologie et de l’information numérique qui n’ont besoin que de ressources humaines dont dispose notre pays. De son côté, Choguel Kokala Maïga estime qu’il faudrait  une éducation répondant aux besoins de la société. Celui-ci reste favorable au développement des écoles agro-sylvo-pastorales, une école conforme au développement de notre société.

Dans le domaine de la santé, ils se disent tous ambitieux de la qualité des établissements de santé et à vouloir les doter d’équipements nécessaires. Dans la vision d’Hamadoune Touré, les responsables de l’Etat doivent montrer le bon exemple en se soignant ici. Cela redonnera confiance à la population quant aux soins offerts par nos médecins. Le président du MPR dit qu’il renversera la tendance et ainsi les équipements des hôpitaux ne resteront plus sans réparation.

En ce qui concerne l’agriculture et le développement rural, ils diront tous que le Mali est un pays dans lequel l’agriculture doit être mise en valeur, pour non seulement garantir l’autosuffisance alimentaire, mais aussi maintenir cette jeunesse qui est tentée vers l’immigration. La création d’un cadre de transformation de nos produits dans les lieux de production  est également un moyen de développement de nos zones rurales, remarquent-ils.  Adama Kané dira qu’il mettra  fin à l’importation de riz au Mali, lorsqu’il sera élu président.

Concernant le chômage des jeunes, tout le monde était d’accord que le système éducatif actuel est responsable du chômage des jeunes car il ne débouche plus sur le marché de l’emploi. Le gouvernement doit orienter la jeunesse vers l’entrepreneuriat, tout en lui donnant les moyens suffisants pour y parvenir, sans tenir compte du nombre élevé des échecs. L’État doit rompre avec notre système actuel de l’éducation au profit des filières professionnelles pourvoyeuses d’emploi.

Pour finir, ils diront que pour lutter efficacement contre la corruption, le Mali doit donner le premier exemple. Adama Kané proposera de diminuer  les grands privilèges de l’État derrière lesquels certains se cachent pour piller les biens publics en toute légalité. Et Choguel dira que la solution est la sanction. Selon lui, on ne peut pas créer un instrument de lutte contre la corruption et ne pas lui donner le pouvoir de sanction.

Issa DJIGUIBA 

 

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