Pour l’accession au pouvoir en 2012, les partis politiques du Mali sont menacés par un nouveau phénomène dont ils ont, pour la majorité, encouragé. Il s’agit de la détermination électoraliste de certains commerçants et cadres corrompus prêts à transformer les campagnes présidentielles en un grand marché d’achat de conscience. Mais certains expérimentés de la scène politique les dénoncent et pensent à une possible coalition, afin de les empêcher. Pourquoi ont-ils attendu tout ce temps pour agir?
Les débat politique a fait beaucoup de recette, ces derniers temps, comme si 2011 était la seule année pour cet exercice. Nos politiciens ont attendu 20 ans pour dénoncer l’échec de la démocratie malienne. Beaucoup de salives ont coulé sur l’analyse du phénomène lié aux détenteurs du pouvoir financiers. Décidément, la présidentielle de 2012 sera une lutte entre les hommes politiques et les hommes d’affaires. Certains visionnaires ont tiré la sonnette d’alarme. Notamment Ali Nouhoum Diallo de l’ADEMA, Tiéblé Dramé du PARENA, Oumar Mariko de SADI et tant d’autres. Ils ont tenté de montrer à leurs militants et camarades ce qui se trame sur leur dos.
En effet, les opportunistes sont nombreux à se positionner pour se lancer dans la course pour Koulouba 2012. Ils sont en majorité des hommes d’affaire et fonctionnaires corrompus qui veulent écraser les partis pour se hisser au sommet. Ils ont bien préparé leur coup, il y a près d’une décennie. D’ailleurs, au cours de nombreuses conférences organisées dans le cadre de la commémoration du 26 mars, les politiciens de l’opposition issus, pour la plupart du mouvement démocratique, ont fait un bilan négatif du Mali.
Selon eux, les acquis démocratiques n’ont pas été sauvegardés. Plusieurs clauses du Pacte national ont été violées. Il n’y a jamais eu de lutte réelle contre la corruption qui a atteint un seuil critique. Dès le premier gouvernement de la 3è République, Alpha Oumar Konaré a remis en selle des anciens cadres déjà connus pour avoir pillé les caisses de l’État sous Moussa Traoré. Puis, il a passé le pouvoir à ATT après ses deux mandats avec un bilan nul sur le plan de l’économie, de la santé, de l’éducation, d’emploi et tant d’autres domaines.
Pendant les deux mandats du président ATT, la vie chère, l’insécurité alimentaire, la corruption et l’impunité ont connu un taux d’augmentation exponentiel. Le bureau du vérificateur institué par le président pour lutter contre les petites et grandes corruptions a été discrédité par les proches de celui-ci. Au nom du libéralisme économique, les hommes d’affaires se sont partagés les richesses du Mali. Certains membre du gouvernement seraient même de près où de loin des commerçants. Ils se sont mêlés de l’agriculture en expropriant les paysans de leurs terres.
Modibo Kéïta du GDMC dit clairement que la terre appartient au gouvernement qui lui a vendu les champs des habitants de Sanamandougou. Pour montrer sa force aux pauvres, il évoque l’implication du gouvernement. Ainsi, aujourd’hui, le pays va. Une minorité d’élites se serait spécialisée dans la magouille et le pillage des fonds publics avec impunité. Ils se font passer les monopoles des marchés et bradent les biens de l’État. La spéculation foncière avec de faux titres de propriété est à la mode. Ces gens qui ont mis le pays à genou et favorisé la précarité de la majorité de nos concitoyens veulent maintenant avoir Koulouba.
Selon Oumar Mariko, ils vont acheter la conscience des électeurs avec de l’argent volé. Ali Nouhoum Diallo et Tiéblé Dramé n’ont pas écarté l’hypothèse d’une possible coalition pour qu’il y ait en 2012, un homme politique à Koulouba. Le problème est que le choix du candidat peut faire échouer la tentative. Le partage du pouvoir n’est pas facile lorsque chacun veut user pleinement de son statut. En un mot, ils vont se détruire au profit d’un candidat qui ne fera pas l’affaire du Mali.
Pour preuve, ceux qui ont côtoyé le pouvoir en percevant les avantages ont fermé les yeux sur le phénomène des riches concurrents. Personne n’a levé le doigt pour dénoncer. Maintenant c’est facile à le faire puisqu’on est à la veille des élections. Ce qui veut dire que l’échec de la démocratie est partagé. On ne sait pas où le Mali sera conduit dans les prochaines années. La jeunesse doit s’impliquer dans la politique pour apporter un changement, Sinon en 2012 nous sommes entre les mains des loups.
Issa Santara