La fonction de Premier ministre est stratégique dans la gestion des affaires publiques de notre pays. C’est pourquoi, ceux qui ont eu à occuper le fauteuil primatorial, ont pu tisser autour d’eux des réseaux à même de les soutenir en cas de candidature à l’élection présidentielle. En vue de l’élection présidentielle de 2022, les premiers ministres successifs de l’ancien président IBK seront presque tous sur la ligne de départ. Pour quelle raison ?
La bonne gestion de la fonction de premier ministre, chef de gouvernement est une sorte de campagne électorale pour le titulaire. En effet, le premier ministre a plusieurs cartes en main. En se référant à l’article 55 de la constitution du 25 février 1992 qui stipule ‘’ le premier ministre est le chef du gouvernement, à ce titre, il dirige et contrôle l’action gouvernementale. Il assure l’exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l’article 46, il exerce le pouvoir règlementaire. Il est responsable de l’exécution de la politique de défense nationale. Il peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres. Il supplée, le cas échéant, le président de la république à la présidence du conseil et du comité prévus à l’article 44. Il le supplée pour la présidence du conseil des ministres, en vertu d’une délégation expresse, et pour un ordre du jour déterminé’’. Ce qui fait que le premier ministre est parmi les hommes clés du régime. Le bon résultat, lors de leurs passages à la primature, les offres des opportunités parmi lesquelles les créations de réseaux autour d’eux. Ce qui fait que bons nombres d’entre eux, finissent par avoir des ambitions présidentielles. C’est le cas des anciens chefs de gouvernements Soumana Sacko qui fut PM sous la transition dirigée par le Lieutenant- Colonel Amadou Toumani Touré 1991-1992, Ibrahim Boubacar Keita (IBK) qui fut PM sous Alpha Oumar Konaré de 1994 à 2000, Feu Mandé Sidibé qui fut aussi PM sous Alpha de 2000 à 2002 ont tous, après leur passage à la primature, brigué la magistrature suprême à la présidentielle de 2002 remportée par ATT. Modibo Sidibé qui fut PM sous ATT de 2007 à 2011, a aussi, brigué la magistrature suprême en 2013 et en 2018. Même situation pour le navigateur interplanétaire Dr Cheick Modibo Diarra, premier ministre de plein pouvoir sous la transition présidée par Dioncounda Traoré en 2012. Après son passage à la primature, il se lancera en politique et s’est présenté à l’élection présidentielle de 2018. Rappelons que depuis l’avènement de la démocratie multipartite dans notre pays, seul un ancien PM a pu accéder aux hautes fonctions de présidents. Il s’agit de Ibrahim Boubacar Keita qui, après quelques tentatives infructueuses, a fini par remporter la présidentielle de 2013. Pendant ses 7 années à la tête du pays, IBK a fait recours à 6 premiers ministres. Et selon nos recoupements, excepté le défunt PM Modibo Keita qui fut PM de 2015 à 2017, presque tous les anciens Premiers ministres se préparent pour la présidentielle de 2022 : Oumar Tatam Ly très sollicité par les milieux des finances et même de certains partis politiques et associations, serait hésitant avant toute décision définitive ; Moussa Mara PM en 2014- 2015 ; Abdoulaye Idrissa Maiga PM du 10 Avril au 31 Décembre 2017 ; Soumeylou Boubèye Maiga PM de 2017 à 2019 et enfin Dr Boubou Cissé occupant du fauteuil primatorial de 2019 jusqu’à la chute du régime le 18 août 2020.
Peut-on dire en fonction de ces multiples candidatures des anciens PM que la primature est une passerelle pour accéder à la haute fonction de président de la république ?
Oumar Baba TRAORE