Présidentielle-2018 : Le spectre d’un scrutin à faible taux de participation record

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Mohamed Ag Erlaf
Aeroport de Bamako, le 5 juin 2018. Le ministre malien de l'Administration territoriale Mohamed Ag Erlaf dévoile la nouvelle carte d'électeur biométrique qui sera utilisée pour la prochaine élection de juillet. © Michele CATTANI / AFP

A un mois du scrutin présidentiel de 2018, la mobilisation reste très faible non seulement du côté des candidats, mais aussi des citoyens. La recrudescence des violences dans le Centre du pays, la grève des administrateurs civils, la rupture de confiance entre les citoyens et les politiques, le retrait timide des cartes d’électeurs sont des prémices d’un faible taux de participation record à cette élection.

Dans 31 jours, le peuple malien se rendra dans les urnes pour élire un nouveau président. Déjà, en plus du président sortant, une trentaine de candidats se sont déclarés pour briguer la magistrature suprême. Malheureusement, l’élection présidentielle de cette année se passe dans un contexte un peu particulier.

En plus de la grogne sociale et de l’insécurité grandissante, le Centre de notre est en proie à une crise sans précédent. Des communautés, des villages s’affrontent chaque semaine sous l’œil impuissante du gouvernement et les partenaires du Mali. Des terroristes règnent en maîtres absolues et sèment le chaos dans certaines localités du Centre. Si ces affrontements n’empêcheront pas la tenue des élections dans le Centre, ils joueront sérieusement sur le taux de participation.

La deuxième inquiétude reste la grève des administrateurs civils débutée le lundi dernier sur toute l’étendue du territoire. Cet arrêt de travail des administrateurs coïncide avec l’opération de distribution des cartes d’électeurs. La grève de ces acteurs incontournables pour la bonne organisation des élections risque de perturber le bon déroulement des élections.

On enregistre déjà une semaine de retard dans la distribution des cartes. A cause de la grève, l’opération n’a toujours pas démarré dans plusieurs cercles du Mali. Le délai imparti pour distribuer les cartes sera sans nul doute insuffisant pour permettre aux Maliens de retirer leurs cartes.

D’autre part, dans les six communes du district de Bamako, la mobilisation autour du retrait des cartes d’électeur est très faible. Plusieurs personnes nous ont fait savoir qu’elles ne sont pas intéressées par la désignation des “corrompus” à la tête du pays.

D’autres évoquent le découragements de citoyens par la cherté et la situation économique du pays de plus en plus compliquée pour les citoyens lambda. “J’ai voté en 2013 pour libérer le pays et mettre fin à la corruption et l’impunité, mais hélas. Ils sont tous les mêmes”, déclare un vieux de 80 ans.

Une citoyenne déplore l’absence d’un candidat de rupture parmi les prétendants pour  une alternance durable. Selon elle, tous les candidats sont “les fils d’une même mère”.

Obsédés par les mensonges et les trahisons des hommes politiques, ces hommes et femmes se désintéressent petit à petit de la politique. Le découragement a donc eu raison de la majorité des Maliens qui cherchent désespérément et quotidiennement un messie pour un miracle. Une véritable rupture de confiance entre le peuple et les hommes politiques.

Malheureusement, cette politique de “Bagnengo” ou de la chaise vide, qui n’est pas une bonne solution, risque de jouer sur le taux de participation.

A ces facteurs défavorables à la participation massive des électeurs, s’ajoutent  l’insécurité grandissante sur toute l’étendue du territoire, les grognes sociales, l’absence des projets de société crédibles venant des prétendants, l’hivernage avec la pluie et les travaux champêtres, et surtout le cas spécifique de la région de Kidal.

La campagne sera sans nul doute morose. Si en 2013, les Maliens étaient sortis massivement pour élire le président IBK, 2018 sera sans nul doute le contraire. La crédibilité de l’élection présidentielle se mesurera à travers le taux de participation.

Y. Doumbia

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3 COMMENTAIRES

  1. A qui la faute? Certainement aux caprices de l’opposition qui grève les finances publiques avec la confection des cartes d’électeur. Quel gaspillage !!!!!!!!!!!!!

  2. C’est dommage mais cela est une réalité indéniable, le niveau de déception des maliens et maliennes a atteint un seuil qui démoralise le citoyen lambda, à ce titre la grande majorité des maliens et maliennes n’irons pas voter le jour “j”. Car pour eux tous les politiciens sont pareils et aucun d’entre eux ne pourrait changer la situation catastrophique dans laquelle le pays se trouve. Tous les maliens sont conscients que la politique s’appelle mensonge, vol, tricherie, drible de son prochain, surfacturation des marchés publics, jalousie, méchanceté, l’ego trop fort, népotisme, gabegie, clanisme, etc, tous les maux qui détruisent une nation. Si nos politiciens ne prennent pas conscience de la situation très rapidement, les hommes et femmes de ce pays se lèverons très prochainement contre tous les politiciens du Mali pour en finir avec eux; alors cela s’appelle une erreur flagrante, car aucun pays ne peut se développer sans la politique qui est la science d’orientation rationnelle d’un pays vers son plein épanouissement. Il faut que cette politique s’applique autrement au Mali pour mieux orienter nos compatriotes en bannissant tous les mauvais comportements des politiciens actuels.

    • Dans l’hexagone, ils sont plus préoccupé par la canicule annoncée …prétendant qu’elle est extrêmement précoce dans la saison, ils ont la mémoire courte en 2017, les 20 et 22 juin le soleil cognait et il faisait déjà au moins 30-32°!), et que c’est déjà l’été!

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