Présidentielle 2018 : L’Adema dit NON au soutien à IBK Mais, tous les cadres et militants vont-ils suivre ?

0
Tiémoko Sangaré, président Adema-Pasj
Tiémoko Sangaré, président Adema-Pasj

Le Parti africain pour la Solidarité et la Justice (Adema PASJ) a finalement décidé de participer à l’élection présidentielle de 2018 après des mois de rudes débats. La question a été définitivement tranchée par le Comité exécutif du parti lors de sa réunion du mercredi 14 février 2018. C’est dire qu’au 1er tour, l’Adema aura son candidat contre le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, probable candidat à sa succession. En optant pour ce choix, le Parti de l’Abeille évite le remake de l’élection présidentielle de 2007 lorsqu’il a rassemblé une quarantaine de partis au sein de l’ADP pour assurer un deuxième mandat au président ATT. Mais, va-t-il échapper au scénario de la Présidentielle de 2013 où le candidat maison, Dramane Dembélé, accusait des responsables de n’avoir pas mouillé le maillot pour lui lors du 1er tour de l’élection et, au contraire d’avoir soutenu (ouvertement ou en sous-marin) d’autres candidats?

En préférant se lancer dans la quête du pouvoir en juillet prochain plutôt que de suivre la Convention de la Majorité présidentielle dans son projet de candidature unique en son sein, le parti Adema PASJ a sans doute seulement retardé l’explosion. Comme dit par Dramane Dembélé, vice-président du parti et ancien ministre lors d’une interview accordée à notre confrère Les Echos « Ne pas avoir de candidat en 2018, c’est nous faire hara-kiri ». En effet,  un grand parti politique comme l’Adema PASJ ne pouvait pas ne pas avoir de candidat à l’interne lors de la présidentielle de 2018. Car, dit-on, un parti politique se crée pour conquérir le pouvoir. Au-delà, la présentation d’un candidat issu du parti à l’élection présidentielle de juillet 2018 était un vœu cher des militants à la base qui a été vivement exprimé lors de la 15ème Conférence nationale du parti. Pour rappel, lors d’un entretien qu’il nous a accordés, l’ancien ministre Lancéni Balla Kéïta se lançait dans une évaluation des dégâts au cas où les Abeilles se seraient lancés dans une aventure politique avec IBK en 2018. « L’Adema doit avoir son candidat, conformément aux recommandations de la 15ème Conférence nationale tenue en mars 2017. S’ils veulent empêcher cela, ils finissent par donner la liberté aux structures militantes du parti d’aller voter pour qui ils veulent. Et leur objectif de donner un second mandat à IBK  ne sera pas atteint», avait averti l’ex député.

C’est une menace de dislocation du parti qui a été écartée par les responsables de l’Adema PASJ le mercredi dernier. En optant pour la candidature à l’interne du parti,  les barons de l’Adema, contre leur gré, n’ont fait que suivre la volonté des militants à la base. Pour autant, le parti est-il sauvé ? Certainement non ! Ce qui fait dire certains observateurs que l’Adema n’est toujours pas à l’abri de la division.

En effet, la fin du défi de la candidature du parti annonce un autre qui est loin d’être gagné par ses militants. A savoir : le choix du candidat et l’accompagnement des barons du camp de la candidature unique de la CMP en faveur de ce candidat sachant bien que c’est ce qui a manqué au candidat du parti lors du 1er tour de la présidentielle de 2013.

A titre de rappel, le candidat du parti en la personne de Dramane Dembélé avait été éliminé de la course dès le 1er tour. Il avait terminé en 3ème position avec 9, 59% des voix.

Pour dénoncer le manque d’accompagnement de certains barons du parti, le candidat malheureux de l’Adema PASJ annonçait que son résultat obtenu dans les urnes ne reflétait pas le poids du parti sur l’échiquier politique national. Il mettait en cause l’accompagnement de certains responsables du parti qu’il accuse d’avoir battu campagne pour d’autres candidats dès le 1er tour de l’élection.

En guise de sanction contre ces responsables du parti, le candidat avait, à la grande surprise de  l’opinion, appelé les militants du parti à voter pour le candidat du RPM au second tour, malgré les consignes données par le Comité exécutif à soutenir le candidat de l’URD, Soumaïla Cissé, membre du Front pour la Démocratie et la République (FDR).

Alors, la question que l’on se pose est de savoir, si le futur candidat de l’Adema aura l’accompagnement suffisant auprès de tous les barons du parti. En tout cas, au-delà de la menace de division des militants autour du choix du porte-étendard du parti en juillet 2018, le futur candidat devra aussi carburer fort pour convaincre les cadres du parti à mouiller le maillot pour lui et non pour d’autres candidats dès le 1er tour, afin d’éviter un résultat médiocre et indigne du standing du parti à la Présidentielle, comme ce fut le cas en 2013.

Indice inquiétant : déjà certains d’entre eux commencent à afficher leur position quant au choix de la candidature du parti. Selon nos informations, lors de la réunion du mercredi 14 février, des responsables favorables au soutien du parti à IBK ont brillé par leur absence. Il s’agit de l’honorable Yaya Sangaré.

Quant au maire du District de Bamako, Adama Sangaré, il aurait quitté la salle avant la fin de la réunion après avoir compris la tournure défavorable des échanges.

Youssouf Z KEITA

 

Commentaires via Facebook :