Présidentielle 2018 : IBK en one man show

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À dix mois environ d’une présidentielle où la tentation de rempiler se précise du jour au lendemain, le président sortant, IBK, a choisi d’annoncer les couleurs de ses intentions par une offensive populiste sans pareille, depuis son accession au pouvoir en 2013. Enjeux politiques expliquent, le chef de l’Etat est désormais présent partout. Là où il n’est pas physiquement, son image le remplace avec une abondance parfois irrésistible pour ses potentiels adversaires – et quitte à recourir aux méthodes alchimistes qui consistent à faire passer du mica blanc pour du diamant. C’est l’impression qui se dégage à tout le moins de la profusion dans la capitale malienne d’affiches avec le slogan très évocateur “IBK i ni Tié”, une trouvaille qui présente tout l’air d’une fuite en avant pour prendre de cours ceux qui croyaient le contrarier sur le terrain de son bilan. Sauf qu’ici toutes les initiatives enviables – même les fruits des arbres antérieurs à son avènement – sont systématiquement inscrites à l’actif du quinquennat finissant. On y dénombre par exemple le projet d’université à Kabala, la route Bamako-Safo-Nossombougou. Et ce n’est pas tout. Sont comptabilisés même les acquis corporatistes arrachés de haute lutte et que le pouvoir porte comme une camisole de force, à l’image des augmentations de salaires obtenues par l’Untm au prix d’un bras-de-fer inédit sans l’histoire contemporaine du syndicalisme malien.

Nonobstant tant de contradictions et de fausses notes, le président de la République domine en maitre absolu sur une arène politique où ses potentiels concurrents sont comme tétanisés à quelques encablures de la présidentielle. Il ne manque pourtant pas de lacunes et passifs sur lesquels le locataire actuel de Koulouba est prenable. Il y eut par exemple les achats et commandes très mitigés de l’avion présidentiel et des matériels militaires, l’affaire tout aussi gênante des tracteurs où encore des engrais, les présomptions d’accointances avec Tomy Michel, sans compter le dossier encore non-élucidée de l’accord de réadmission.

Avec tant de passifs en un seul mandat, l’immobilisme du camp adverse est manifestement disproportionné par rapport à la taille de l’enjeu. Il s’assimile même à une indifférence peut-être explicable par l’absence d’alternative crédible au président sortant dans les rangs de l’opposition conduite par Soumaìla Cissé. En tout cas, à défaut de pouvoir tirer parti des contradictions et éclatements éventuels du camp présidentiel – soit d’un essoufflement de son mentor imputable à un départ prématuré de la campagne -, l’opposition risque de ne s’illustrer par le moindre indice d’une force avec laquelle il faut compter pour 2018.

Abdramane Keita

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