La question de la candidature de l’Alliance pour la démocratie au Mali (l’Adema-Pasj) à la présidentielle de 2018 continue de susciter des remous au sein du parti. Des fissures apparaissent… Jamais, la ruche n’a été aussi secouée et les abeilles déambulées dans tous les sens. Et pour cause… Le parti est tiraillé entre les partisans d’une candidature interne et ceux qui veulent soutenir une éventuelle candidature du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Depuis l’élection présidentielle de 2002, période qui marqua la fin des deux mandats consécutifs de l’Adema-Pasj, ce parti a vécu de mauvaises expériences au moment du choix du candidat à soutenir lors de la présidentielle. À tel point qu’à la veille de chaque scrutin présidentiel, les regards se tournent vers ce parti et tout le monde se pose la question : va-t-il sortir indemne de l’épreuve ?
Si au sein de l’Adema, certains appellent cela de la « démocratie à l’interne » traduisant la maturité politique de ses cadres, d’autres trouvent que cette « démocratie » présente trop de risques pour le parti. Pour preuve, à la veille de chaque élection présidentielle, la Ruche se met en ébullition et certaines Abeilles finissent par quitter la « famille » faute de consensus.
La présidentielle de 2018, qui pointe à l’horizon, ne fera pas exception à la règle. Ça bourdonne déjà dans la Ruche. L’enjeu principal étant le choix du candidat ou de la candidate du parti. Ou du moins ‘’l’option politique à prendre par les abeilles’’.
Les partisans de l’accompagnement
L’Adema-Pasj fait partie de la coalition des partis politiques appartenant à la majorité présidentielle. Et son allégeance au président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a été récompensée : le parti a eu des portefeuilles ministériels dans tous les gouvernements formés, depuis 2013. Cette représentation s’est même renforcée dans le dernier gouvernement avec deux ministres Adémistes. D’où la pertinence pour certaines Abeilles de l’option IBK à la présidentielle de 2018, c’est-à-dire soutenir la candidature de l’actuel président pour un second et dernier mandat. Les partisans de ce qu’on pourrait appeler le « clan IBK » estiment que la morale politique doit guider le parti à ne pas affronter IBK dans les urnes. Car, expliquent-t-ils, non seulement l’Adema partage son bilan, mais aussi le parti se reconnaît dans la politique du chef des Tisserands.
C’est clair que le président IBK pourra toujours compter sur des partisans au sein de la Ruche prêts à se sacrifier pour sa cause. Ils claqueront la porte du parti s’il le faut.
Autant, il y a l’autre camp, avec des militants qui aussi n’hésiteront pas à claquer la porte si le parti devait s’aligner derrière le président Keïta.
Le parti doit s’assumer
En effet, dans la Ruche, des voix réclament la désignation d’un candidat par parti. Leur argument ? L’objectif premier d’un parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir. Ceci étant, rien n’empêche, de leur avis, l’Adema de présenter un candidat contre IBK au premier tour de l’élection présidentielle de 2018. Le jeu d’alliance peut se jouer en cas de second tour. Aussi, pour ces partisans d’une candidature interne, il est temps que l’Adema s’assume. Et qu’il doit plus continuer à se complaire dans l’accompagnement sans “conditions”, dans le soutien aveugle, sans préalables ni réserves au prince du jour.
Après dix ans de gestion du pouvoir et presque quinze ans d’accompagnement, disent-ils, l’Adema-Pasj se doit d’avoir des ambitions légitimes avec des objectifs politiques clairs. Il se doit de défendre âprement ses intérêts politiques et le devenir de la classe politique malienne dans son ensemble pour le confort de notre jeune démocratie.
A l’analyse, l’Adema, parti historique, ne manque pas d’atouts pour s’offrir un deuxième président de la République, après Alpha Oumar Konaré. Il est aujourd’hui la 2è force sur l’échiquier politique national avec 142 maires et 1870 conseillers, obtenus à l’issue des élections communales. Aussi, il a remporté trois sièges sur six sur la série des élections législatives partielles intervenues à Yorosso, Commune V, Barouéli, Ansongo, Tominian et Mopti. C’est dire que le parti dispose de suffisamment de ressources pour espérer (ré) occuper le palais de Koulouba. Cependant, faudrait-il que dans la Ruche, les Abeilles trouvent un candidat de consensus, et surtout surmontent les ambitions (présentes) de certains de leurs responsables, notamment ce groupe constitué autour de Tiémoko Sangaré, ministre et président du parti.
Mémé Sanogo