Sur proposition de la commission de bons offices, le comité exécutif de l’Adema Pasj a avalisé la candidature de Dramane Dembélé comme candidat des Abeilles à la présidentielle de juillet 2013. L’ingénieur de 46 ans peut-il incarner le changement ?
Vu le contexte de crise et la responsabilité d’un président de la République, il y a, de toute évidence, des doutes.
Même si le comité exécutif de l’Adema a approuvé la proposition de la commission de bons offices, le choix de Dramane Dembélé continue de susciter des inquiétudes et un tollé général au sommet du parti. Pis, les militants, rassemblés au siège du parti la nuit de la proclamation des résultats, n’ont pas caché leur déception sur ce choix de la commission de bons offices. Un des candidats aux primaires aurait rejeté séance tenante la proposition de la commission au prétexte qu’elle n’était pas motivée. Et que la publication de cette motivation serait la seule condition de son acceptation.
Le choix de Dramane Dembélé comme candidat de l’Adema Pasj à l’élection présidentielle de juillet prochain est contesté jusqu’à la base du parti, et surtout là. Il annonce déjà des moments d’incertitudes et des jours sombres pour le candidat, mais aussi pour le parti. La décision de la commission de bons offices et du comité exécutif du parti a été un coup de massue sur la tête de certains militants du Parti africain pour la solidarité et la justice. D’autres ont toujours du mal comprendre et d’autres à défendre ce choix. Un choix jugé par ceux qui l’ont fait comme incarnant la rupture et le changement. Dramane Dembélé répond-t-il à ces deux principes ? C’est là toute la question.
La commission de bons offices n’aurait pas encore motivé sa décision. Et des militants ne comprennent pas comment ce jeune ingénieur a pu damer le pion aux caciques du parti. Notamment Ibrahima N’Diaye, Soumeylou Boubeye Maïga, Ousmane Sy, Moustapha Dicko… pour ne citer que ceux-ci. Les 21 critères énumérés par la commission de bons offices frappent la totalié des postulants.
Certains observateurs de la scène politique approchés invoquent une « soif de changement ». Alors Dramane Dembélé est-il le candidat qu’il faut à l’Adema pour changer la façon de gouverner le Mali, en d’autres termes pour devenir le président de la République ?
D’abord, il y a lieu de s’interroger sur le type de changement dont notre pays a besoin aujourd’hui : un changement d’hommes ou de comportement pour la gestion des affaires publiques ? De l’avis général, on penche plutôt pour le second. De ce point de vue, on peut affirmer que la commission de bons offices a du se tromper pour des raisons diverses.
Notre pays, qui est en train de gérer une crise aiguë, a besoin d’un président fort, doté d’une expérience professionnelle et politique avérée. Cet homme doit être irréprochable sur ses qualités intrinsèques et avoir une confiance en soi. Il doit avoir aussi la stature d’un homme d’Etat capable de rassurer les Maliens et les partenaires du Mali. Un président de la République est l’homme qui incarne l’Etat, et la nation. Ce sont, entre autres, les critères que la commission de bons offices devait mettre en avant pour choisir un présidentiable. Mais, la commission de bons offices s’est embourbée dans un schéma dont le résultat est loin de rassembler les militants Adema.
A 46 ans, Dramane Dembélé a certes l’âge de diriger un pays. Mais il lui manque des atouts indéniables pour prétendre à la présidence de la République. Sa plus haute fonction administrative est le poste de directeur national de la géologie et des mines. Même au sein de l’Adema, il n’a pas gravi les échelons pour atteindre les postes stratégiques de secrétaire politique, de secrétaire général ou vice-président du parti. Des militants s’interrogent toujours sur les réelles motivations de ce choix, qui fait dire à certains que l’Adema a tout simplement renoncé à conquérir le pouvoir en 2013.
Ingénieur, spécialiste de la géologie, Dramane Dembélé n’a connu, exclusivement, ce domaine. Son parcours politique n’est pas en soi une référence dans la mesure où Dramane Dembélé n’a jamais occupé un poste politique (maire, conseiller national, député, ministre, etc.). Certes, il y a eu des présidents qui n’avaient pas ces expériences au Mali, mais ceux-ci peuvent se targuer d’avoir été des choix du peuple.
Aussi, sur le plan politique, le candidat de l’Adema à l’élection présidentielle doit être au moins un homme à la mesure des poids lourds actuels de la scène politique nationale. Dramane Dembélé trouvera, entre autres, sur son chemin Ibrahim Boubacar Kéita du Rpm, Soumaïla Cissé de l’Urd, Me Mountaga Tall du Cnid, Modibo Sidibé des Fare, Soumana Sacko de la Cnas-Faso hèrè, Tiébilé Dramé du Parena.
Le jeune ingénieur pourra-t-il se confronter à ses « redoutables » challengers ? Il lui appartient de faire ses preuves. Et le peuple Adema appréciera.
Idrissa Maïga
Il y a longtemps que l’adema a renoncé au pouvoir. Sinon, ce parti aurait fait un choix meilleur.
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