Sacko ne serait pas, lui aussi, tenté de créer un parti politique, vu l’échéance de l’élection présidentielle de 2012. Il n’est évidemment pas facile d’être un sérieux candidat indépendant à l’élection présidentielle, sans une large assise politique. Le style ATT est propre au chef de l’Etat.
D’autant plus qu’en 2002, le candidat ATT, après avoir longuement sillonné le pays, dans le cadre de ses actions humanitaires, avait clairement indiqué qu’il n’ira pas à l’élection sans le soutien des partis politiques. Il faut, bien sûr, rappeler qu’il a fallu qu’il se ravise, après avoir malencontreusement déclaré, au début de sa campagne électorale en 2002, qu’il n’avait pas sollicité les formations politiques. Ce qui avait créé un malentendu entre lui et l’ancien président du Pmdr, Abdoul Wahab Berthé, qui s’était désolidarisé du candidat Amadou Toumani Touré avant de revenir, lui aussi, sur sa décision.
La suite a révélé qu’ATT a eu bel et bien besoin des partis politiques, en 2002 et 2007, pour se faire élire. Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus compliquée pour les candidats indépendants, après un consensus obtenu par des partis politiques, dans le cadre de plusieurs concertations, pour éliminer les Indépendants de la conquête du pouvoir. En effet, plusieurs partis politiques ont exprimé le souhait, notamment, à l’endroit du Comité d’appui aux réformes institutionnelles (Cari) de sauvegarder la vocation des partis, à être les principaux animateurs de la vie politique.
C’est à ce titre que le Cari a proposé une nouvelle réglementation des candidatures indépendantes. Celle-ci oblige les candidats indépendants à se faire parrainer par une association à caractère politique créée six mois avant la date de dépôt des candidatures et à produire une profession de foi. Le goulot d’étranglement devient donc plus pressant pour les Indépendants. Ahmed Diané Séméga, Moussa Mara, Cheik Modibo Diarra ont finalement décidé d’agir dans le cadre des partis politiques pour conquérir le pouvoir. Soumana Sacko, à quelques nouvelles exceptions près, fait aujourd’hui figure de solitaire dans le cadre des sérieuses candidatures indépendantes pour la présidentielle de 2012.
Est-il vraiment rassuré par le conglomérat des associations qui le soutiennent ? Se fera-t-il accompagner, in extremis, par des formations politiques ou créera-t-il tout simplement son parti politique ? En tout cas, à la fin de l’année 2010, l’élection présidentielle 2012 est devenue une question de timing. Les hommes politiques avertis savent qu’une bonne campagne électorale est précédée d’une longue pré campagne, même si celle-ci reste déguisée.
La locution proverbiale ne dit-elle pas qu’en politique, rien ne sert de courir, mais qu’il faut partir à point ? Au demeurant, ce n’est pas pour rien que les partis politiques créent des comités, sous sections, sections et directions, pour assurer leur implantation nationale. Donc, cela relèverait d’un miracle qu’un Indépendant, dans notre pays, puisse remporter l’élection présidentielle, avec comme seuls soutiens, des associations et clubs d’amis. Même si, par ailleurs, il est apprécié pour son éthique.
Baba Dembélé
