Présidentielle 2012 :Modibo Sidibé dans la tourmente

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Les prochaines élections ne seront pas de tout repos pour les candidats qui se sont découverts. Notamment pour l’ancien Premier ministre qui pourrait bientôt être rattrapé par les recommandations du dernier bulletin d’information de la CASCA qui feraient de lui une cible parfaite.

Le 25 mai prochain, la liste définitive des candidats à l’investiture du Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ) sera officiellement connue. Mais si plusieurs de ces prétendants aux couleurs de la « Ruche » sont plus ou moins connus, jusque-là ce n’est pas encore la grande bousculade devant les portes de la commission d’investiture. Les déclarés officiels sont donc Ibrahima « Iba » N’Diaye, Sékou Diakité, Lancéni Balla Kéita, et, dans une certaine mesure, Dioncounda Traoré. Pour tous les autres, rien n’est encore sûr. D’ailleurs, selon plusieurs indiscrétions, certains d’entre eux pourraient se désister en faveur de ceux qui sont résolus d’aller jusqu’au bout. En revanche, ce qui est sûr et dont personne ne doute plus, c’est la non-candidature de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, à l’investiture des « Abeilles ».

Même si M. Sidibé peut compter sur de solides amis et alliés dans la « Ruche », il aurait décidé, selon des sources proches de lui, de faire cavalier seul et de voler de ses propres ailes. A cet effet, l’homme aurait déjà réuni les moyens nécessaires à une campagne qui s’annonce longue et coûteuse : premièrement, l’essentiel de son équipe de campagne serait formé, c’est-à-dire que les colleurs d’affiches, batteurs de tamtam, rédacteurs de slogans, crieurs publics, soigneurs d’image et idéologues seraient déjà répertoriés ; deuxièmement, une cinquantaine de véhicules 4X4 et plus d’un millier de motocyclettes « Jakarta » seraient déjà acquis ; troisièmement, le plus que probable candidat Modibo Sidibé serait en train de prendre langue avec plusieurs notabilités, et pas des moindres, de grandes localités du pays et avec les ténors de certaines familles politiques. Il serait également en train d’actionner les nombreux clubs, associations et amicale de soutien, lesquels commencent à très bien s’acquitter de la mission pour laquelle ils ont été créés, à savoir, demander, susciter et obtenir publiquement que leur mentor présente sa candidature à la prochaine élection présidentielle prévue en 2012. Tout semble donc prêt.

Et pourtant, non. Car les conséquences de sa récente disgrâce font planer quelques ombres à ce tableau idyllique. Cela n’a pas dû échapper à grand monde, en effet. Le dernier bulletin d’information de la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA), avec ses recommandations d’ouvertures d’information judiciaire, constitue sans équivoque une menace assez sérieuse pour l’avenir politique, l’avenir tout court, de l’ancien Premier ministre. Dans ce document, presque tous les départements ministériels sont épinglés avec, en ligne de mire, les anciens directeurs des finances et du matériel (DFM) que certains pensent, à tort ou à raison, être à la solde de Modibo Sidibé. D’ailleurs hormis quatre DFM qui ont été reconduits, tous les autres sont passés à la trappe, même si, pour le moment, ils sont en liberté.

Mais c’est surtout pour sa gestion directe du programme Initiative Riz (avec le ministère de l’agriculture) que Modibo Sidibé doit craindre. Le président de la République, Amadou Toumani Touré, qui rêve de faire du Mali une « puissance agricole », ne digère toujours pas l’échec de l’Initiative Riz. Un échec qu’il imputerait au premier responsable du programme. Un audit sommaire aurait permis, dès la fin de la première campagne, de constater de « graves irrégularités et malversations dans la gestion, une approximation et une légèreté dans l’élaboration du programme». Or, la mise en œuvre de cette initiative de sécurité alimentaire a demandé des milliards FCFA au trésor et aux partenaires techniques et financiers. Au bout, il se serait révélé qu’à cause de « pratiques douteuses » comme la passation par entente directe de marchés portant sur plusieurs milliards, l’affaire aurait finalement foiré.

N’ayant guère apprécié, le chef de l’Etat serait décidé à sévir, et, ce, à tous les niveaux.
Ainsi, l’ex-Premier ministre ne serait pas le seul à trinquer. Les banquiers, qui pour l’opération avaient constitué un pool de financement de l’Initiative Riz et qui auraient fermé les yeux sur des irrégularités dans les appels de fonds, les transactions et les paiements, seraient également dans le viseur du général Amadou Toumani Touré. Selon certaines sources proches de la purge, ils seront remplacés bientôt à leurs postes de D.G ou de P-D.G

Cheick TANDINA


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