Le Président IBK, lors de sa visite au Sénégal : “Je répète ici et solennellement qu’Ibrahima Boubacar Keïta n’est pas contre des négociations avec les groupes de la rébellion du nord”

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L’arrivée du Président IBK à Dakar

Arrivé le dimanche soir au Sénégal en compagnie d’une importante délégation, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a accompli une visite de deux jours à Dakar. Il s’agissait là de la première visite officielle du chef de l’État au Sénégal. Le médiateur de la République Baba Hakib Haïdara, les Ministres de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord (Hamadoun KONATE), de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement ( Mamadou Hachim KOUMARÉ), et le Ministre de l’Energie (Mamadou Frankaly KÉITA) accompagnent le chef de l’Etat.

 

Le lundi matin, 14 avril, les deux Chefs d’Etat  du Sénégal, Macky Sall, et du Mali,  Ibrahim Boubacar Keïta, ont eu un premier entretien.

Au sortir dudit entretien avec le Président Ibrahim Boubacar Keita, le Président Macky Sall a annoncé que leurs deux pays ont obtenu l’assurance de leurs partenaires pour le financement de la réhabilitation du chemin de fer Dakar Bamako. Il s’est également engagé, avec le Président IBK à “travailler davantage pour renforcer les liens qui unissent les deux pays à travers le transit maritime et le transport ferroviaire et routier”.

Macky Sall a aussi profité de l’occasion pour rappeler les bonnes relations entre le Mali et le Sénégal. “Le Mali est plus qu’un pays voisin. Il est un pays parrain”, a dit Sall, ajoutant que “Dakar et Bamako ont des projets communs, notamment en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité dans la sous-région”. “Le Sénégal témoigne sa solidarité et son engagement au peuple malien dans sa mission de pacification du Nord et de réconciliation nationale”, a ajouté le président sénégalais.

En réponse, le président Ibrahima Boubacar Keita a reconnu que “le chemin de fer est incontournable pour l’approvisionnement du Mali”. Le président IBK dit fonder de nouvelles espérances au profit des deux peuples. Pour lui, il s’agit d’initier des politiques constructives et d’aller ensemble afin de mutualiser tout ce qui est possible au bénéfice de leurs peuples respectifs. Il a terminé son propos en rendant un hommage aux militaires sénégalais présents au Nord Mali dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et qui travaillent, selon lui, dans des conditions difficiles.

La paix a été le sujet phare du discours que le Président a tenu devant l’Assemblée Nationale sénégalaise.

En effet, après son audience avec le Président Macky Sall, le Président de la République a rendu visite à l’Assemblée nationale du Sénégal, toujours dans la journée du lundi 14 avril 2014, devant laquelle il a tenu un discours.

Dans ce discours qui marquera certainement un tournant décisif, le Président IBK  a déclaré qu’il “n’est pas contre des négociations avec les groupes de la rébellion du nord”. “Je répète ici et solennellement qu’Ibrahima Boubacar Kéïta n’est pas contre des négociations avec les groupes de la rébellion du nord”, a-t-il déclaré devant l’Assemblée nationale sénégalaise. Aussi a t-il rappelé la négociation était son “objectif hier, elle l’est encore plus aujourd’hui”, ajoutant qu’il est “pressé de signer des deux mains tout accord pouvant déboucher immédiatement sur une paix durable”.

Le chef de l’État a souligné que pour le Mali il ne peut pas y avoir d’alternative à la paix. “Nous avons trop payé, de blessures, de viols, d’amputations, d’humiliations, de flagellations”, a précisé IBK. Mais, a indiqué le Président, “il est temps que la communauté internationale sache ce qu’elle veut au Mali”, car la volonté des maliens est de veiller sur l’intégrité territoriale de leur pays.

EXTRAIT DU DISCOURS DU PRÉSIDENT IBK

“Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,

Honorables députés,

Il ne s’agit ici, ni de faire l’économie de la grave crise que notre pays a traversée, ni  de faire l’inventaire des efforts déployés par le gouvernement de transition et par nous-mêmes depuis notre investiture le 4 septembre 2013, pour que le Mali se remette debout.

Il suffira que je vous dise ceci :

Le Mali a été la  victime d’une crise multidimensionnelle qui l’a ébranlé dans tous ses fondements.

Et il y aurait sombré, sans l’assistance prompte et sans calcul de ses partenaires et voisins : la CEDEAO, l’Union africaine, les Nations-Unies,   la communauté internationale dont l’Union Européenne, notre irremplaçable partenaire dans la reconstruction de l’armée malienne.

L’action volontariste, opportune et hautement décisive de François Hollande, qui a levé sans attendre l’armée française pour sauver notre pays, mérite d’être singularisée ici.

Le Mali ne remerciera jamais assez la France, pour ce devoir de solidarité effective.

Nous savons et saurons nous souvenir.

Nous connaissons la valeur du sacrifice.

Nous savons les implications de la solidarité, surtout celle massive et prompte dont nous avons bénéficié au plus fort de nos désarrois.

C’est dire que nous savons ce que nous devons faire tout de suite, aujourd’hui et demain.

Nous savons ce que légitimement, en vertu des accords et des résolutions passées, la CEDEAO et la communauté internationale attendent de nous.

Je répète ici solennellement qu’Ibrahim Boubacar Keita n’est pas contre la négociation avec les groupes en rébellion, encore moins, comme le stipule l’Accord Préliminaire de Ouagadougou dans son article 21, avec toutes les communautés du Nord du Mali, car le gouvernement, le parlement et le peuple du Mali n’aspirent qu’à la paix.

La paix partout au Mali. A Kidal. A Gao. A Tombouctou. A Mopti. A Ségou. A Sikasso. A Koulikoro. A Kayes. A Bamako. Partout, sur tout le territoire national. Partout, dans les pays voisins du Mali. Partout au monde.

Nous avons trop payé à la guerre pour sous-estimer le salut que peut-être un processus de négociation, de surcroît entre compatriotes, fils et filles de la même nation.

Nous avons trop payé des meurtrissures des viols et des amputations, de l’humiliation des flagellations et de l’exil de braves producteurs chassés de chez eux par des fauteurs de guerre en mal d’aventures.

Alors, je suis pressé. Pressé de signer des deux mains tout accord pouvant déboucher immédiatement sur une paix durable. Pressé de rendre possible  le retour de la confiance et de la cohésion entre les communautés.

La négociation était mon objectif hier. Elle l’est encore plus aujourd’hui.

Et de la tribune que vous m’offrez, égard suprême, dont je mesure l’honneur, le privilège et la signification, je renouvelle mon appel aux groupes rebelles, ainsi qu’à toutes les communautés du Nord du Mali.

Que tous viennent et qu’on parle ! Qu’ils viennent et qu’on construise le Mali ensemble ! Qu’ils viennent et qu’on se mette d’accord, chacun devant accepter de concéder, mais tous d’accord pour la préservation totale et sans équivoque de notre intégrité territoriale.

Seul doit prévaloir le Mali, divers mais uni, décentralisé et transférant aux collectivités et à l’initiative citoyenne les compétences qui ne peuvent et ne doivent plus être celles de l’Etat central, en ces temps où, à juste raison, l’Etat jacobin est partout remis en cause.”

Rassemblés par Baba SANGARÉ

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