La salle de conférence de la maison de la presse a servi de cadre, le jeudi 8 juin, à une conférence de presse organisée par les membres de l’intergroupe groupe parlementaire de l’opposition malienne (VRD et ADP-Maliba-Sadi). Objectif : s’entretenir avec la presse sur les raisons du rejet de la révision constitutionnelle par les groupes parlementaires de l’opposition. Cette conférence était animée par les honorables Mody N’Diaye, Adama Kané du groupe VRD, Bakary Diarra et Amadou Araba Doumbia du groupe ADP-Maliba-Sadi.
L’honorable Mody N’Diaye s’est, d’entrée de jeu, s’interroger sur la pertinence de la révision constitutionnelle. C’est ainsi qu’il ajoutera que cette révision constitutionnelle n’est pas motivée, dans la mesures où toutes les nouvelles dispositions relatives aux Collectivités Territoriales, objet du projet de loi du Président de la République ont été purement et simplement supprimées par l’Assemblée nationale.
L’honorable N’Diaye est en suite revenu sur les raisons (9 au total) du rejet de la révision constitutionnelle par les groupes parlementaires de l’opposition. Les principales raisons sont entre autre l’engagement du processus de révision qui enfreint l’alinéa 3 de l’article 118 de la constitution qui dispose qu’aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. Or poursuit l’honorable N’Diaye, non seulement l’intégrité du territoire malien est atteinte, mais aussi la souveraineté de l’Etat ne s’exerce plus sur l’ensemble du territoire. D’ailleurs, ajoute-t-il, en droit l’existence d’une zone dissidente comme Kidal est perçue comme une atteinte à l’intégrité territoriale d’un Etat souverain. Autre raison selon l’honorable N’Diaye, est que ce projet adopté change la nature du régime par le renforcement des pouvoirs du Président de la République qui va définir désormais la politique de la nation, alors que le Gouvernement est toujours le seul responsable devant l’Assemblée nationale. L’opposition rejette également la désignation par le Président de la République du 1/3 des sénateurs. Cette disposition, poursuit-il, permet d’une part d’entretenir la coexistence de deux catégories de sénateurs et d’autre part la mainmise du Président de la République sur les sénateurs qu’il aura choisi, a-t-il martelé. Aussi ajoute le patron du groupe parlementaire VRD, la modification de la procédure de révision de la Constitution à travers une demande du Président de la République auprès du Parlement, sans passer par la consultation du peuple, donc sans la société civile, sans l’armée, constitue pour l’opposition parlementaire des dérives inacceptables pour une démocratie moderne.
C’est pour toutes ces raisons que les deux groupes parlementaires de l’opposition (V R D et ADP Maliba-SADI) ont voté contre le projet de loi portant révision constitutionnelle qui enlève entre autres au peuple le droit exclusif de modification de sa Constitution. Aussi, ajoute l’honorable N’Diaye, les députés de l’opposition saisiront dans les prochains jours la Cour Constitutionnelle au fin d’annulation du présent projet de révision constitutionnelle.
Abdrahamane Sissoko