Présidence du Mali :Pourquoi et comment IBK doit éviter d’être pris en otage ?

Si IBK se laisse prendre en otage, ce sera fini pour la volonté de changement du peuple malien. Or, le contexte fait que IBK n’a pas le choix. Il doit avoir la capacité et la volonté d’opérer le changement que les maliens ont souhaité en optant pour lui dans la bataille du fauteuil du Président de la République.

Pour pouvoir satisfaire cette exigence populaire de changement, IBK ne doit pas se laisser prendre en otage. Quelque soit son expérience et sa détermination, il lui sera difficile de déjouer tous les pièges que les milieux mafieux maliens vont tendre pour le prendre en otage. Si d’aventure, il parvenait à éviter les milieux mafieux et affairistes, il lui sera très difficile d’échapper aux politiciens qui veulent faire bouillir leur marmite.

A coté de tout ce monde, nombreux sont les maliens qui se posent un certain nombre de questions, eu égard aux atomes crochues entre IBK et les milieux musulmans du Mali. Pour qui sait les revendications des milieux musulmans, qui s’accommodent très difficilement  avec les grandes exigences d’une République démocratique, il faut craindre un clash. IBK,  Président de la République,  élu avec 77,62% des suffrages exprimés, lors du scrutin du deuxième tour de l’élection le 11 août 2013, est et doit rester le seul maitre à bord, sauf si à l’issue des législatives, le peuple lui imposait une cohabitation en lui refusant une majorité parlementaire. Pour qui connait le fonctionnement de la démocratie sous les tropiques, cette hypothèse a peu de chance de se réaliser. Le contexte voudrait que les maliens qui ont massivement voté pour IBK, lui accorde une majorité parlementaire. La grande inconnue est la forme que cette majorité pourrait prendre à l’Assemblée nationale. Il sera difficile que le RPM devenu moribond depuis des années, puisse avoir une majorité tranchée à l’Assemblée nationale. Tout porte à croire qu’IBk, président, aura une majorité parlementaire composite. Le RPM bénéficiera de l’apport des nombreux alliés de IBK, au premier et au second tour de l’élection présidentielle. Mieux, pour bénéficier de quelques strapontins, il n’est pas exclu que des partis politiques qui n’étaient pas avec lui au premier et au second tour de la présidentielle, ne viennent grossir les rangs de la majorité à l’Assemblée nationale. Pour éviter de tomber dans les même pièges que le consensus de ATT et pour éviter d’être pris en otage par ses amis des organisations islamiques, IBK, dans la foulée de la réconciliation, devra trouver une parade pour organiser un forum national des forces vives de la nation. Cette rencontre, au-delà de son effet cathartique, et, sans préjuger sur la vision qu’a IBK, aura l’avantage de lui donner une boussole. Nous doutons fort que les résolutions et autres recommandations qui sortiraient de ce forum, qui pourraient prendre l’allure d’une feuille de route, soient complètement différentes de ce que IBk veut pour le Mali. Mais, politiquement, il aura l’onction de toutes les forces vives pour la mise en œuvre. Pour un pays qui sort d’une crise aussi grave, cette démarche pourrait aider énormément IBK à vite remettre le pays sur les rails. En ce sens qu’il pourrait s’y inspirer pour sa lettre de cadre. Les maux du Mali sont connus de tous de longues dates, mais les solutions ne sont pas les mieux partagées par l’ensemble des maliens. Et, ce forum pourrait être le lieu où les maliens se mettraient d’accord sur les solutions  aux problèmes déjà identifiés. IBK doit avoir à l’esprit qu’il n’a pas une obligation de moyens, mais plutôt une obligation de résultat. Le Mali a mal et très mal. L’école est malade.

La corruption, après avoir pillé les caisses de l’Etat, s’est emparée de l’appareil judiciaire et de l’administration, pour exproprier de nombreux chefs de familles. De nombreux jeunes maliens mal formés, bardés de diplômes qui ne riment à rien, peinent à se tirer des affres du chômage. Les paysans abandonnés, s’accrochent à la sempiternelle daba, pour produire sur des terres arides des vivres qui ne peuvent  pas subvenir à leurs besoins pendant trois mois. Il est rare de voir un malien qui ne trimbale pas un mal qui le ronge depuis des années, faute d’un système de santé à hauteur de souhait…Il est claire que IBk n’a pas une baguette magique pour résoudre tous ces problèmes en cinq ans, mais il pourra, avec l’appui de l’ensemble des maliens poser les jalons de la résolution des maux qui rongent notre pays et le bloquent dans son développement. IBK doit tenir le gouvernail du navire Mali et avoir toujours à l’esprit que le malheur du Mali, c’est souvent le fait du malien lui-même.
Assane Koné

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