Du côté des opportunistes de tout acabit, la porte de la célébration du quatrième anniversaire de l’accession à la magistrature suprême d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est loin de se fermer. Chaque jour que Dieu fait, de nouvelles organisations sortent de nulle part pour, dit-on, féliciter le président Keïta des actes qu’il a posés durant ses quatre ans à la tête du Mali. Le comble a été atteint le 21 octobre à l’hôtel Radisson Blu, où des ministres et autres personnalités se sont succédé au micro pour parler des réalisations faites par IBK. Mais au finish, la montagne a accouché d’une souris. IBK n’a qu’un seul bilan: renforcement de son confort personnel.
Durant plus de deux semaines, les Bamakois se sont familiarisés avec ce slogan: IBK ni tché. Il appelait ainsi le peuple malien à se mobiliser et à assister à une présentation des réalisations faites par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta alias IBK. Cette cérémonie, qui a enregistré la présence de certains ministres du gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga, rentrait toujours dans le cadre de la célébration du quatrième anniversaire (4 septembre) de l’élection d’IBK à la magistrature suprême. Quoi de plus normal pour les souteneurs du régime d’organiser un tel événement ! Mais à condition que l’homme ait un bilan qui puisse convaincre le citoyen lambda.
Même si les politiciens maliens pensent qu’il n’y a pas de morale en politique, qu’ils aient au moins du respect pour le peuple malien qui souffre dans sa chair et dans sa conscience de leur mauvaise gestion des affaires de l’Etat et qui n’aspire au bonheur que par la juste répartition des richesses nationales.
Comment des femmes et des hommes conscients de la souffrance dans laquelle IBK, leur mentor, a plongé le peuple malien, peuvent se mettre au devant de la scène pour égrener un chapelet de réalisations d’IBK sans avoir le souci de les indiquer aux Maliens ? Alors qu’il n’en possède rien sur le plan de l’édification d’une société dans laquelle il ferait bon vivre, de construction des routes, de ponts, d’universités et d’ écoles encore moins sur le plan de la consolidation et de la préservation des acquis. Les témoignages des ministres sur les réalisations du président durant ses quatre ans à Koulouba laissent perplexes plus d’un.
A titre d’illustration, Mme Traoré Oumou Touré, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a laissé entendre dans son témoignage que les femmes maliennes bénéficient pleinement de l’eau potable. Il semble que ce ministre est coupé des réalités de son propre pays en général et en particulier et celles des femmes.
Il suffit d’un tour dans les rues de Bamako, la capitale malienne, pour se rendre compte des difficultés quotidiennes auxquelles les femmes sont confrontées quant à l’eau potable. Et ne parlons pas des femmes dans les villages où elles continuent encore de parcourir des dizaines de kilomètres pour avoir un seul sceau d’eau boueuse.
Malheureusement pour Mme Traoré Oumou Touré, dans cette démonstration de force, elle n’a pu témoigner que le président IBK a creusé un puits à grand diamètre ou un forage dans telle localité pour soulager la souffrance des femmes encore moins un centre de santé ou une prise en charge de certaines femmes souffrant de telles maladies comme ce fut de la gratuité de la césarienne par ATT.
Pour sa part, le ministre du Développement industriel, Mohamed Ali Ag Ibrahim, lui aussi est resté dans les déclarations d’intentions. Il a déclaré que «l’essor industriel qui se profile à l’horizon permettra d’atteindre l’objectif de la transformation de 20% du coton malien». Dans sa présentation, aucune usine n’est sortie des terres sous IBK. L’on peut se demander si le ministre se rappelle bien qu’il s’agit là du bilan effectif des quatre ans d’IBK et non de ce qui n’est pas encore fait !
Quant à Baba Moulaye Haïdara, directeur de l’Autorité routière, il s’est contenté de dire qu’IBK est l’homme de la situation, sans avoir été capable de citer la moindre route construite par celui qu’il veut défendre contre vents et marées. Mais c’est aussi cela la solidarité gouvernementale.
Ce qui est sûr, ce maquillage du tableau des quatre ans de gestion d’IBK à la tête du pays qu’on tente de faire avaler par les Maliens ne passera pas et ne saurait passer, car il faut dire avec certitude qu’au Mali personne n’est dupe aujourd’hui. Mais s’ils veulent manger les bribes du président, c’est là un choix qui les engage. C’est dire qu’ils ne disposeront pas de la volonté du peuple malien quelques soient les stratagèmes qu’ils monteront. Cela est d’autant exact que les Maliens ont appris à se connaître, à connaître qui est qui, qui dit quoi et qui fait quoi au nom de ce peuple.
Yoro SOW