Présentation de vœux à la presse : Me Tall entre tenue des élections, lutte contre la corruption et crise énergétique

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A l’occasion de la présentation de vœux à la presse nationale et internationale, le président du Cnid-Faso Yiriwa Ton, Me Mountaga Tall, n’a pas manqué de souligner la nécessité pour les autorités de la transition d’aller aux joutes électorales. En outre, de son point de vue, l’année 2024 étant marquée par des pratiques de corruption, 2025 doit être celle d’une grande prise de conscience collective. C’était à la Maison de la presse de Bamako.

Le président du parti du Soleil levant n’a pas dérogé à la tradition. Ce mercredi 15 janvier 2024, il a convié les professionnels des médias. Objectif : leur présenter ses meilleurs vœux à l’orée de l’année 2025. Dans son intervention, Me Tall, l’une des figures de proue du Mouvement démocratique, n’a pas passé sous silence la question des élections au Mali. Il trouve que l’inscription de dotations budgétaires pour les élections de 2025 et l’annonce de l’organisation d’élections transparentes et apaisées dans la Feuille de route du président de la Transition au gouvernement du Premier ministre, Abdoulaye Maiga, sont des signaux forts qui ont suscité des réactions diverses.

De son avis, Vladimir Poutine, Xi Jinping ou encore Recep Tayeb Erdogan qui sont, en fait, tous des chefs de partis, ont organisé des élections pour présider aux destinées de leurs pays. Il a rappelé aussi que même aux pays de l’Empereur du Japon ou de la Reine d’Angleterre, les gouvernements sont élus.

Pour lui, nul ne peut raisonnablement soutenir l’impossibilité de tenir des consultations électorales pour des raisons sécuritaires après la tenue de la consultation référendaire dans des conditions sécuritaires plus précaires. « Le refus des élections ou leurs reports sans fin apparait donc comme une impasse et un piège à éviter à tout prix. A ceux qui doutent ou croient à un bluff, il faut dire que les incantations, les petites phrases ne permettront pas d’avancer. Nous devons collectivement prendre conscience de l’importance des élections, nous engager pour leur tenue dans un climat sociopolitique serein en vue d’une gestion optimale des affaires publiques », a-t-il laissé entendre.

L’orateur s’est, un moment, arrêté sur le phénomène de la corruption. Ainsi il a affirmé que, l’année 2024, à l’instar des années précédentes, a été marquée par des pratiques de corruption à différents échelons de l’administration publique. Selon lui, la lutte contre la corruption au Mali demeure un défi majeur qui nécessite une approche holistique et une volonté politique affirmée. Il s’agit, dit-il, d’un combat de longue haleine qui exige l’implication de tous les acteurs de la société, y compris l’Etat, les institutions de contrôle, la justice, le secteur privé, la société civile et les citoyens eux-mêmes. Me Tall prône un changement de comportement. Pour cela, il pense que l’année 2025 doit être celle d’une plus grande prise de conscience collective, ou la lutte contre la corruption devient une priorité nationale, gage de développement et de progrès.

C’est un président du Cnid qui ne se fatigue pas dans le combat pour une presse libre et indépendante au Mali et au-delà des frontières. Il a réitéré, avec la plus grande fermeté, son engagement indéfectible envers une presse libre et économiquement viable. La presse, dit-il, ne peut remplir son rôle de quatrième pouvoir que si elle est indépendante des présents financiers et politiques. « Je persiste également dans ma conviction que la dépénalisation des délits de presse est cruciale pour garantir une expression libre mais aussi, et j’insiste dessus, responsable. Les journalistes ne doivent pas être menacés de poursuites judiciaires pour l’exercice de leur droit d’informer. La dépénalisation ne doit pas non plus signifier l’irresponsabilité » affirme-t-il. Et d’ajouter que sa préoccupation s’étend également à la situation alarmante des journalistes à travers le monde et particulièrement ceux qui sont enlevés, portés disparus, empêchés d’exercer leurs fonctions, emprisonnés ou même assassinés.

Selon lui, ces actes constituent des atteintes intolérables à la liberté de la presse et à la démocratie elle-même. « Je tiens à saluer et à encourager les efforts des organisations internationales et nationales qui œuvrent pour la protection des journalistes, et je réitère mon soutien agissant à leurs actions. Je pense particulièrement aux cas de conscience en zones de conflits, notamment la Palestine et plus précisément la Bande de Gaza, qui nécessitent une attention toute particulière » a-t-il manifesté sa compassion.

Par ailleurs, la question de l’énergie, ou plus concrètement de l’approvisionnement en électricité, a été évoquée. De son point de vue, c’est devenue une préoccupation majeure pour les Maliens à l’approche surtout du mois de Ramadan et de la saison chaude. « La crise énergétique a un impact direct sur le bien-être des populations, l’activité économique et le fonctionnement des services publics. Cette crise met en lumière des problèmes d’infrastructure, de gestion et d’anticipation des besoins », a dit Me Tall.

Il notifie que les drames humains liés à cette crise, avec les conséquences terribles sur les rites funéraires, témoignent de l’urgence de trouver des solutions durables. « Il est donc crucial que soient mises en place des mesures efficaces pour garantir un approvisionnement énergétique fiable et durable du pays », dit-il.

Ce n’est pas un Me Tall qui oublie les souffrances endurées par la classe politique. Il s’agit bien de l’arrestation des hommes politiques qui ont fini par être libérés. Selon l’interlocuteur du jour, les conditions qui ont mené à ces arrestations suscitent encore des interrogations. De son avis, il devient, dès lors, essentiel de développer des mécanismes de gestion des différends politiques qui soient respectueux des droits et des libertés de chacun, et qui garantissent la paix sociale. Ainsi, ajoute-t-il, on doit se rappeler que la politique est aussi l’art de gérer les désaccords de manière pacifique et constructive. « Il est donc impératif que tous les acteurs politiques encore détenus soient libérés dans le strict respect de l’indépendance de la justice. Des mesures d’apaisement et de clémence doivent être envisagées, d’autant plus que toutes les conditions légales requises sont aujourd’hui réunies pour ce faire », affirme-t-il.

Selon lui, il est de la responsabilité de chacun de construire un climat politique serein, propice au dialogue et au rassemblement de toutes les forces vives de la nation. Dans ce cadre, pense-t-il, Dame Justice devrait toujours se souvenir de son rôle crucial de régulateur social.

Sur la question du retrait du Mali de la Cedeao, Me Tall a été on ne peut plus clair. « Sur le plan régional, notre pays a fait le choix de quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au moment même où ses options fondamentales étaient plébiscitées par les peuples africains. J’ai déjà indiqué que le mieux aurait été de s’appuyer sur ce soutien populaire pour reformer la Cedeao de l’intérieur et en profondeur », martèle-t-il. Alors, il préfère que la Cedeao des chefs d’Etat soit transformée en une Cedeao des peuples.

Il n’exclut pas pour autant le soutien de l’Alliance  des Etats du Sahel (AES) par le parti. « Il reste, pour ce qui concerne le Cnid-FYT, à s’impliquer fortement et loyalement pour la réussite de l’AES et pour la préservation de bons rapports de voisinage avec tous les pays. « Je le répète, aucun pays ne peut déménager ou faire déménager un autre pays. Les réalités géographiques et socioéconomiques finissent toujours par prévaloir sur les crises », a-t-il affirmé.

Le président du Cnid a clos son discours par l’évocation du génocide en cours à Gaza, où même les prématurés sont assimilés aux terroristes et assassinés. Selon lui, 54 journalistes, soit plus que la moitié des 104 journalistes tués à travers le monde en 2024, ont perdu la vie là-bas. C’est, pense-t-il, la conscience collective du monde et notre humanisme qui sont interpellés.

Il a enfin annoncé que pour les futures élections, le parti laboure inlassablement le terrain malgré les difficultés de toute nature et prépare son 8ème congrès ordinaire en cette année 2025.

Pour cet exercice annuel, les militants du parti du Soleil levant, des Forces pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) ont répondu présent à l’appel de Me Tall.

Bazoumana KANE

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