Le Médiateur de la République, Pr. Baba Akhib Haïdara, a expliqué les grands axes sur lesquels travaille son institution en vue d’asseoir l’Etat de droit sur toute l’étendue de la République du Mali. C’était au cours d’une conférence de presse animée mardi dernier dans la salle de réunion du Médiateur. À la suite de la présentation des rapports annuels 2012 et 2013 au président de la République et au président de l’Assemble nationale, la semaine passée.
Avec le 4ème pouvoir, le Médiateur de la République est revenu sur ces deux rapports. Il en ressort que dès le premier trimestre de 2012, notre pays a été envahi par des forces du mal qui ont provoqué une désorganisation générale de l’Etat et de ses démembrements. Au niveau des services du Médiateur de la République, les délégués des régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal ont dû abandonner leurs postes respectifs, tout comme les autres agents de l’Etat républicain, au même moment où de nombreuses populations fuyaient le terrorisme des jihadistes.
À en croire le Médiateur de la République, le régime d’exception instauré, non seulement au sommet de l’Etat, mais aussi sur toute l’étendue du pays, a fortement affecté les activités traditionnelles du Médiateur de la République, notamment celles qui concernent les réclamations relatives au fonctionnement des administrations de l’Etat et des Collectivités territoriales.
Au cours de ces deux années qui ont été une période de grandes perturbations pour notre pays, il n’est pas surprenant que le Médiateur de la République ait enregistré une baisse notable de ses activités en matière de réclamations. Ainsi, seulement 172 dossiers au titre de 2012 et 175 au titre de 2013 ont été traités, soit au total 347 contre 548.
À ajouter que la répartition géographique de ces réclamations montre que plus de 80% émanent du District de Bamako et de la région de Kayes. Les saisines par le seul District de Bamako représentent plus de 70% aussi bien en 2012 qu’en 2013. Ce déséquilibre souligne fortement, dit le Médiateur, la nécessité d’une présence plus active des services du Médiateur de la République dans les autres régions du pays. Comme par le passé, à ses dires, les réclamations ont majoritairement porté sur les affaires foncières. Et d’ajouter que le Médiateur de la République est un recours pour le citoyen, il est aussi un conseil pour l’Administration.
Par ailleurs, Baba Akhib Haïdara a révélé aux pouvoirs publics que les litiges en matière foncière ne cessent de gagner en ampleur et en gravité, créant ainsi des situations potentiellement dangereuses pour la paix sociale et les rapports de bon voisinage entre les citoyens. «L’impatience et la colère de certains acteurs sociaux, œuvrant dans ce domaine, ne sont pas à l’abri de manipulations psychologiques, peuvent être malintentionnées. Ce qui les conduit quelque fois à des manifestations publiques intempestives. En matière foncière comme dans d’autres domaines, il importe de conforter l’Etat de droit démocratique par un dialogue certes ferme, mais soucieux de justice et d’équité», conseille-t-il.
Pour le Médiateur de la République, en plus des activités traditionnelles, en matière de règlement de litiges, il y a lieu de signaler l’organisation de deux sessions de l’Espace d’interpellation démocratique (Eid) à Bamako. «Si en 2012, la 17ème session de l’Eid avait enregistré 110 interpellations du gouvernement ; en 2013, la 18ème session avait enregistré 177. Il y a là le signe d’un intérêt croissant des citoyens pour l’exercice pratique de leurs droits et libertés. Les recommandations issues de ces deux sessions, notamment celles formulées par le jury d’honneur, d’une part, et d’autre part, les leçons tirées de la préparation du déroulement et du suivi de cette importante activité, ont poussé le Médiateur de la République à mettre en œuvre de nouvelles mesures visant à rendre l’Eid plus visible, plus efficace et moins onéreux. C’est tout le sens de la création, récemment, d’un Secrétariat permanent de l’Eid au sein des services du Médiateur de la République», a-t-il précisé. Et de poursuivre que le retour de l’Administration dans les régions du Nord est une reprise qui s’inscrit dans un mouvement plus général de restauration de l’autorité de l’Etat de droit sur toute l’étendue de la République du Mali. Selon Pr. Haïdara, les services du Médiateur de la République comptent bien y participer activement. Pour cela, un vaste programme est en cours et il sera installé dans toutes les régions une délégation régionale qui prendra en charge, non seulement le traitement des réclamations à caractère local, mais aussi les activités découlant de l’instauration de l’Eid.
Alhousseïni TOURE