Premières procédures vers un scrutin présidentiel et un référendum constitutionnel au Mali sous tension

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C'est dans la région de Tessalit qu'ont eu lieu les affrontements entre le MNLA et l'armée malienne Latifa Mouaoued/RFI

Une importante délégation ministérielle s’est rendue, ce jeudi 15 mars 2012, à Kidal dans le nord du Mali. L’objectif  était d’informer l’administration locale sur l’organisation des élections prévues le 29 avril prochain, scrutin présidentiel et référendum constitutionnel. Cette démarche a surpris les fonctionnaires de l’administration qui estiment que les conditions de sécurité ne permettent pas d’envisager la tenue de ces élections.

La veille de l’arrivée des ministres de Bamako, les responsables de l’administration de Kidal ont rencontré le gouverneur pour exprimer leur crainte. Un vent de psychose s’est emparé de la ville. Les habitants redoutent qu’après la prise des casernes d’Aguelhoc, d’Amachache et de Tinzaouatene les rebelles du MNLA lancent un assaut sur Kidal.

Les fonctionnaires menacent donc de partir. Selon plusieurs témoignages le gouverneur leur aurait expliqué qu’ils pouvaient évacuer leurs familles mais qu’il fallait rester à leur poste.

La venue ce matin des quatre ministres du gouvernement malien pour discuter de la préparation de l’élection présidentielle du 29 avril prochain a suscité beaucoup d’interrogations. Comment imaginer tenir des élections alors que la sécurité n’est pas assurée  ? Que bon nombre de citoyens sont déplacés ou réfugiés et que d’autres s’apprêtent à quitter la ville ?

Pour l’heure le gouvernement fait comme si tout était normal. Tant qu’aucune décision de report des élections n’est prise en haut lieu, le ministre de l’Administration territoriale poursuit son travail d’organisation. Mais, on ne voit pas comment tout cela serait possible si les agents de l’administration de Kidal plient bagages.
Le président malien dénonce les crimes du MNLA

« Les rebelles maliens ont commis des crimes de guerre à Aguelhoc dans le nord du pays ». Ce sont les mots employés par le président malien dans une interview donnée au journal français Le Figaro. Amadou Toumani Touré fait allusion au massacre de militaires maliens fin janvier dans cette localité. La rébellion a revendiqué l’attaque. Mais, elle a toujours nié avoir tué des prisonniers désarmés. Le président malien lui assure le contraire et reprend à son compte les conclusions d’une enquête malienne.

Le président malien décrit les faits avec photo à l’appui. « La garnison n’avait plus de munition », raconte t-il. « Les soldats se sont battus mais ont fini par être faits prisonniers. Ce n’est qu’après que nous avons découverts 70 de nos jeunes alignés sur le sol. Les Noirs, dit-il, avaient les poignets ligotés dans le dos. Ils ont été abattus par des balles tirées à bout portant, dans la tête. Ceux qui avaient la peau blanche, les arabes et les touaregs, détaille-t-il, ont été égorgés et souvent éventrés ».

Amadou Toumani Touré parle de crimes de guerre à Aguelhoc et s’interroge: « Que dit la Cour pénale internationale ? Je suis étonné, ajoute t-il, par le silence des organisations sur ces atrocités ».

« Le MNLA porte une lourde responsabilité », dit-il. Mais une majorité de combattant appartenait à al-Qaïda au Maghreb islamique, et au groupe islamiste Andar Dine de Iyad Ag Ghali ; Iyad étant l’ancien chef de la rébellion touareg des années 1990. Jusque-là silencieux, il est apparu ces derniers jours pour la dans une vidéo, à côté de ce qui serait la caserne d’Aguelhoc justement.

Dans cette interview publiée ce jeudi, Amadou Toumani Touré exclu toute indépendance du nord-est du Mali. « Il faut préserver l’intégrité territoriale du Mali, après tout peut se discuter », assure t-il.

RFI

15/03/2012

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