Première force politique nationale : Le RPM pourra-t-il maintenir son rang

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QG RPM
Le QG du RPM (photo L’Essor)

Le suspens est fini depuis avant-hier, à l’issue du conseil des ministres le mandat des conseillers municipaux a été prorogé de six mois. Toute chose qui laisse apparaître que de longs mois nous séparent des élections municipales. Un scrutin qui sera décisif pour donner une meilleur visibilité sur les différentes forces politiques en présence sur le landerneau politique national.

 

 

Cela n’a pas retenu assez les attentions, pourtant il s’agissait d’un grand fait politique. La descente de l’ADEMA PASJ de son piédestal de première formation politique du Mali. Une position que le parti de l’abeille solitaire a jalousement gardé plus de vingt ans durant. Au point d’amener certains de la ruche d’affirmer que leur formation politique est parmi les plus grandes du continent à l’instar de l’ANC d’Afrique du sud. Ironie du sort ou simple fait du hasard, le règne d’un parti sorti de ses entrailles (le RPM) a occasionné la descente aux enfers pour elle. Ainsi de la confortable place de première force politique de l’hémicycle, elle s’est retrouvée à la troisième place derrière les deux partis issus de la ruche (le RPM et l’URD).

 

 

L’enseignement majeur de ce retournement de situation pour le légendaire grand parti de la démocratie malienne est l’émergence extraordinaire du parti des tisserands (le RPM) au rang de première force politique avec plus de 70 députés. Sans coup férir, avec la présidence de la République, occupée par IBK, le RPM  de nos jours est sur des nuages.

Cependant, malgré qu’il soit aujourd’hui en pôle position devant les 19 partis-politiques présents à l’Assemblée nationale, de nombreux observateurs  ne vendent pas chère la peau du parti de Ladji Bourama. Et ce, en raison de beaucoup e facteurs aussi endogènes qu’exogènes.

 

 

Délabrement des instances

Lors d’une conférence débats au centre Djoliba, un intervenant a affirmé qu’il ne reste plus du RPM que le foulard de ‘’Bakary Pionnier’’. En son temps ce propos bien sarcastique reflétait bien la situation du parti de ‘’Mandé Bourama’’. Car, à toutes les rencontres intéressantes, débats télévisés et échanges politiques il n’était représenté que par une seule personne, Bakary Traoré, communément appelé ‘’Bakary Pionnier’’.  Presque tous ses démembrements avaient volé en éclats, ses instances dirigeantes livrées dans un long sommeil, son siège principal à l’Hippodrome, transformé en véritable cimetière chrétien. Cependant, son président fondateur, Ibrahim Boubacar Kéita, qui n’a pas voulu opter pour opposition tranchée contre le PDES d’ATT, gardait une certaine légitimité auprès du bas peuple. Autant qu’il peut le RPM, grâce aux leaderships de certains de ses dirigeants, notamment le jeune Moussa Timbiné et la vieille Mme Kéita Rokiatou N’Diaye, annonçait de temps à autres des couleurs. Répondait présent à des assises d’autres partis politiques, et honorait de sa présence au cadre de concertation des partis politiques, notamment au niveau due la fondation CMDID, par le biais de son secrétaire général adjoint,  Seydou Nourou Kéita.

 

 

Au-delà, à part quelques militants dans les différentes sections de Bamako, restés fidèles à IBK, le RPM était frappé par une sécheresse de cadres valeureux. Totalement désœuvré pour  pouvoir tenir tête aux micros partis regroupés autour du président ATT, ces pontes se sont bornés à jeter de la paille au vent. On avait l’impression qu’au sein de ce parti, après son charismatique président, il n’ y avait que du désert. Les quelques têtes de proue présentes, à l’instar de Nancouman Keita, Bakary Pionnier, sous le poids de l’âge et de la maladie n’étaient plus aptes à faire des gymnastiques. Difficilement le parti des tisserands arrivaient à tenir ses instances statutaires. On disait même que c’était un parti de Bamako, seulement.

 

 

C’est dans ces conditions que le coup d’Etat du 22 mars est intervenu. Au moment où le paysage politique était vide de leaders charismatiques pouvant remettre sur la selle le pays, longtemps laminé par une crise politico-sécuritaire. Le seul qui gardait une relative légitimité auprès de l’opinion publique nationale et internationale est IBK. Mais qui n’était pas adossé à une formation politique capable seul de le porter à la magistrature suprême. C’est pourquoi, il a fallu un  effort conjugué de religieux, d’hommes en uniforme et d’autres leaders d’opinion pour pousser  le ‘’Kankélétigui’’ au devant de la scène. Suivra l’élection législative qui donnera une nouvelle bouffée d’oxygène à son parti, le RPM. Erigé au premier rang de la classe politique.

 

 

Les handicaps pour sauvegarder la tête du rang !

Urbi orbi, le parti présidentiel s’est propulsé sur la haute marche du podium. Mais ce sacre du RPM n’a pas suscité de grandes émotions chez les observateurs aguerris de la scène politique malienne. Car il s’agit des élus d’une élection législative dont les résultats par la Cour Constitutionnelle ont laissé un arrière goût amer dans la gorge de plus d’un. Aussi la plupart de ces élus qui ont immigré dans les rangs du RPM, les uns pour formuler leur candidature, les autres pour s’abriter derrière l’homme fort du jour, ne sont imbus des valeurs politiques du RPM. En un mot, ils ne sont pas dotés d’une conviction avérée de rester avec les tisserands en cas de vent violent . D’ailleurs, certains d’entre eux n’ont pas manqué de faire des grincements de dents à l’issue de l’élection du beau père du fils du président de la République à la présidence de l’hémicycle et du fils du président de la République à la tête d’une commission stratégique, celle de la défense et de la sécurité.

 

 

D’autres facteurs, non moins importants pourront culbuter le RPM de son piédestal, si l’on ne colmate pas les brèches, grandement ouvertes. Il s’agit du prochain remaniement annoncé et de la démarche (sourdine mais bien certaine) du premier ministre à assumer les rênes du parti présidentiel.

 

 

Au regard de toutes ces hypothèses, les prochaines municipales qui s’annoncent pour la fin de l’année risquent d’être une épreuve difficile à surmonter pour le parti de Ladji Bourama. S’il veut se maintenir à sa curieuse posture de première force politique.

 

 

Moustapha Diawara

 

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