Premier tour de la présidentielle : Les électeurs maliens ont répondu à l’appel de l’argent

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Une fois n’est pas coutume mais aussi l’habitude est une seconde nature, dit-on chez nous ! C’est au moment où les Maliens sont humiliés par la misère, la corruption et la délinquance financière qu’ils sont conviés à choisir un candidat parmi les vingt-quatre (24) pour gérer les affaires de la cité. Pendant ce temps, le pays reste divisé sans autre forme de procès. Pourtant, les Maliens ont choisi IBK, en 2013, pour enfin redonner au Mali sa gloire et son unité d’antan. Bien de Maliens comptaient sur IBK président pour laver l’affront dont notre armée fut victime, en 2012, avec l’occupation du Nord et les meurtres commis contre nos soldats à Aguel Hoc. Du coup, notre peuple avait élu IBK, en 2013, avec un score de 77,66% des voix et cela pour situer toutes les responsabilités dans le processus de phagocytose de notre armée nationale.

C’est au moment où les Maliens regrettent amèrement ce choix, que le régime les appelle encore à choisir le futur président sans avoir au préalable fait le bilan du président sortant. Pendant ce temps, la criminalité, l’insécurité, les conflits intercommunautaires forgés de toute pièce par des politiciens dépourvus de toute crédibilité, battent leur plein.

Pendant que la santé des citoyens pataugent, pendant qu’ils sont acculés par la faim, la mal nutrition, le manque de logement décent IBK, comme si de rien n’était, les appelle encore au suffrage universel pour départager lui et les 23 autres candidats à la présidentielle.

Jusqu’à la veille du scrutin du 29 juillet 2018, l’opinion malienne dans son ensemble rejetait toute possibilité de voter encore pour celui qui les a déçus pendant ces cinq derrières années. A l’ouverture de la campagne, le 7 juillet 2018,  un vent nouveau semblait souffler sur le Mali: c’est le moment pour les Maliens d’opérer un choix judicieux et responsable pour qu’enfin rien ne soit plus comme avant dans ce pays. Hélas ! Comme dirait cette locution latine «Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus» (les montagnes sont en travail: il en naîtra une souris ridicule).

L’espoir d’un changement véritable a déjà amorcé sa désagrégation dans les méandres de la corruption et de l’achat des consciences par les billets de banque. Hélas ! L’argent mobilise le diable et l’argent-diable triomphe du choix des Maliens. Mais au regard de l’absence notoire de repère existentiel et en face du dénuement complet, les électeurs maliens ont répondu à l’appel de l’argent, de ce dieu corrupteur.

Ce dieu, Marx le connaissait mieux que quiconque il disait: «Ce que l’argent peut acheter, je le suis moi- même, moi le possesseur de l’argent. Les qualités de l’argent sont mes qualités et mes forces essentielles en tant que possesseur d’argent. Ce que je suis et ce que je puis ce n’est nullement mon individualité qui en décide…  Personnellement, je suis paralytique, je suis méchant, malhonnête, dépourvu de scrupule, sans esprit mais l’argent est vénéré, aussi le suis-je de même, moi, son possesseur. C’est la divinité visible, la métamorphose  de toutes les qualités humaines et naturelles en leur contraire, la confusion et la perversion universelle des choses. Si l’argent est le lien qui me relit à la vie humaine, à la société, à la nature et aux hommes, l’argent n’est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas nouer et dénouer tous les liens ?»

Les résultats obtenus par les deux protagonistes pour le second tour  doivent, non pas au bilan du président sortant (pour le moins chaotique) ni à la personnalité du second (celui qui a produit un projet de société fleuve. Lénine dit la pratique est le seul critère de la vérité). Mais à la circulation à peine voilée des billets de banque dans les coins et recoins de nos villes et campagnes.

Si des experts pouvaient plancher sur les milliards de F CFA engloutis dans ce premier tour, on dira simplement sur l’autel de l’honneur et de la dignité, ces valeurs jadis cardinales de notre société. IBK (41,42%) et Soumaïla Cissé (17,80% des voix) seront face-à-face dans deux semaines si tout va bien.

Les Maliens vont-ils opter cette fois-ci pour l’alternance ou bien laisser IBK continuer à guider le bateau Mali pendant que son premier mandat s’achève sur un constat d’échec ?

A moins de se nourrir d’illusions aberrantes, sinon les fluctuations dont se rendent coupables les électeurs font légion au Mali. Cet état de mentalité a été initié par l’ADEMA d’Alpha Oumar Konaré. Ce qu’il ne faut surtout pas oublier c’est que les deux protagonistes au second tour de la présidentielle de 2018  étaient des compagnons de route à l’ADEMA. ‘’An ka di Alla ma’’.

Tout compte fait, il faut que ça change et ça va changer ! Telle est la loi de la dialectique appliquée à l’histoire des sociétés.

Fodé KEITA

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