Après Koutiala et Sikasso, le Premier ministre Moussa Mara a rencontré la population et l’administration de Yanfolila et de Bougouni les 28 et 29 juin 2014. L’objectif était d’échanger avec les citoyens et les administrateurs sur les difficultés auxquelles ils font face.
Au regard du sentiment de frustration qui anime la plupart de nos compatriotes à l’intérieur du pays, le Président IBK a demandé au gouvernement, à commencer par son Premier ministre Moussa Mara, d’être en contact permanent avec la base. Afin que tous les concitoyens se sentent Maliens. C’est dans cet ordre d’idées qu’a lieu cette tournée du Premier ministre dans la région de Sikasso du 25 au 29 juin. Aussi bien à Yanfolila qu’à Bougouni, ce sont les questions d’insécurité, de forêts classées, d’orpaillage et la crise du nord qui ont dominé les débats.
Yanfolila
Par sa situation géographique faisant frontière avec la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Burkina, couplée de la défaillance de capacité d’intervention de la gendarmerie, Yanfolila est devenue une zone d’insécurité par excellence. A en croire sa population, le banditisme est en train de gagner du terrain. Selon le maire Issa Sangaré, les attaques à main armée ont atteint leur paroxysme. « Récemment, le 25 juin 2014, un véhicule de forains a été attaqué par des bandits armés qui ont dépouillé les voyageurs», a-t-il révélé.
Le hic, renchérit l’assistance, c’est l’incapacité des forces de sécurité à apporter une réplique à ces attaques, faute de moyens logistiques. Sur ce, Yanfolila a demandé au gouvernement d’agir urgemment en dotant la brigade de gendarmerie des moyens logistiques adéquats afin de circonscrire ces attaques à répétition.
L’autre situation préoccupante évoquée par le préfet de Yanfolila, c’est la coexistence difficile entre les habitants de son cercle et les voisins de la Guinée. A cela s’ajoutent l’envahissement des sites d’orpaillage par les Burkinabè et l’utilisation de mercure et de cyanure.
Dans son intervention, le député Yaya Sangaré, élu à Yanfolila, a dénoncé les abus de pouvoir, l’injustice et la transhumance du cheptel qui sont légion dans le cercle. «Au même moment où on empêche les cultivateurs d’exploiter la forêt classée de Yanfolila, on accepte que ladite forêt soit détruite par les animaux. Je peux vous amener et vous montrer plus de 1000 bœufs à majorité appartenant à des ministres et cadres du pays», dira l’honorable Sangaré.
A ces problématiques, certaines ont eu des réponses dans l’immédiat. Sur le champ, le ministre de l’intérieur et de la sécurité, Sada Samaké a annoncé la mise en disposition de la gendarmerie d’un véhicule pickup avant de promettre l’engagement de son département à tout mettre en œuvre pour démasquer et sanctionner les bandits.
Le ministre de la justice Mohamed A Bathily d’ajouter que la destruction de la forêt ne peut pas se faire à l’insu du juge de paix à compétence étendue et que cette question sera réglée dans un bref délai, qu’une lutte sans merci sera engagée contre la corruption sous toutes ses formes.
Concernant la réalisation des adductions d’eau revendiquée par la population, Moussa Mara laissera entendre qu’ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que tous les Maliens soient heureux. Partant, il a annoncé la réalisation de 1303 forages sur quatre ans. Ce qui prendra en compte les préoccupations des habitants de Yanfolila.
Bougouni et Kolondiéba
La rencontre de Bougouni le dimanche 29 juin a enregistré la présence des représentants de Kolondiéba. Les revendications de ces deux cercles sont similaires à celles de Yanfolila. Il s’agit entre autres de l’insécurité, d’eau potable, d’électricité, de la protection de plus de 1800 hectares de forêt classée.
Dans son allocution, le maire de Bougouni Yaya Togola a dénoncé l’insécurité grandissante dans le « Banimonotié » avec une gendarmerie quasi non opérationnelle. Avant de solliciter le gouvernement à les soutenir pour la mise en valeur des plaines de Bougouni afin que la localité soit une zone de culture de riz par excellence.
Quant aux représentants de Kolondiéba, outre la même question d’insécurité, ils ont exprimé leur déception au sujet de la centrale hybride qui alimente Kolondiéba : « Nous avions pensé que la réalisation de cette infrastructure était un facteur de développement, de promotion de cadre de vie de la population. Mais dans la pratique nous découvrons l’effet contraire. Le coût du KW est plus élevé que celui de l’EDM. Soit 250 contre 100FCFA pour l’EDM qui alimente Bamako». S’y ajoute la courte durée du service, soit 10 heures par jour. Sur ce, ils ont sollicité l’implication du gouvernement afin que Kolondiéba puisse avoir accès à l’électricité à un coût raisonnable.
Dans sa réponse, Sada Samaké a été on ne peut plus clair : «tous les sous-préfets seront dotés d’un véhicule, la gendarmerie sera dotée des moyens adéquats et les sites d’orpaillage seront fermés pendant l’hivernage».
Pour sa part, Mara a souligné que la promotion de l’agriculture est l’un des axes prioritaires du gouvernement. La preuve, dira-t-il, « les actions visant à promouvoir l’agriculture sont en cours. » Le programme Initiative pour le renforcement de la résilience par l’irrigation et la gestion appropriés des ressources (Irrigar) vient d’être lancé à Molasso. Ce programme permettra d’irriguer plus de 2000 hectares.
Oumar KONATE