Mali - Pouvoir de transition et prochaines élections : Veut-on paralyser les partis politiques ?

18 Juillet 2022 - 02:54
18 Juillet 2022 - 03:26
 13
Mali - Pouvoir de transition et prochaines élections :   Veut-on paralyser les partis politiques ?
Si la transition militaro-politique en cours n’induit pas une mise en parenthèse de la légalité républicaine, le pouvoir du Colonel Assimi Goïta ne devrait pas priver les partis politiques du financement public à eux "dû".   maliweb.net - Apparemment, le pouvoir de transition piloté par les cinq colonels du Mali tient vaille que vaille à « sa refondation », à travers un changement du leadership politique du pays. Comment réussir ce pari sans affaiblir drastiquement la classe politique, dont le discrédit est plus que patent ? En les asphyxiant économiquement ? Pourquoi pas ? En effet, il est apparu clair qu’une bonne partie de l’opinion publique malienne est convaincue que la classe politique a failli. Puisque c’est sur sa direction du pays qu’est intervenu le coup d’Etat de 2012 et les deux coups de force de 2020. Déjà, à partir de 2010, jusqu’en 2012, de nombreux acteurs non partisans avaient commencé par décrier la chose politique. Et, ce phénomène a pris de l’ampleur avec la multiplication des cas de transhumance politique, démontrant que les responsables des partis politiques étaient plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par les intérêts de la nation. C’est ainsi que les coups d’Etats successifs du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso ont fini par donner le coup de grâce à une classe politique vieillissante et visiblement dépassée par les événements. On leur portera le chapeau des crises socio-politico-sécuritaires et le quasi-effondrement des Etats. Surtout que ces situations de début de délitement de ces pays, dont le Mali, étaient aussi liées à la gouvernance marquée par la corruption, l’impunité, le laxisme, la gabegie et les autres formes de complaisances très enracinées dans la sphère des partis politiques. Cela fera prospérer le discours selon lequel « ce sont les politiques qui ont vendu nos pays… ». A qui les ont-ils vendus ? Certains diront que les politiques sont potentiellement alliés à des groupes proches des Occidentaux ou même des acteurs de l’économie criminelle. Conséquence : après les ruptures constitutionnelles, les populations ne semblent plus vouloir confier leur destin aux chapelles politiques du moment. C’est dans ce sens qu’au Mali, les acteurs du coup d’Etat d’août 2020 ont vomi la classe politique traditionnelle. Celle-ci a été qualifiée d’être de mèche avec les dirigeants de la CEDEAO, auprès desquels ils ont pour la plupart l’entrée facile. Comment pouvait-il en être autrement, quand on sait les réseaux de l’internationale socialiste ou de l’internationale libérale étaient plus ou moins entretenus par des chefs d’Etats en fonction dans différents pays ? Ce qui fera à leur prise en mains des rênes du pays, après ce qu’il est convenu d’appeler « la rectification de la Transition », en mai 2021, le Colonel Assimi Goïta et son Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga n’ont pas caché leur choix  de mettre la classe politique sous éteignoir. Ils préféreront valoriser les autorités coutumières et traditionnelles plutôt que tendre l’oreille attentive de consultation des dirigeants politiques, même si Choguel Maïga lui-même est un leader d’un parti totalement en perte de vitesse. Et le chef du gouvernement osera même dire que l’un des seuls acquis de la révolution démocratique de 1991-1992 est  le multipartisme intégral. Comme pour dire cette multiplication des partis politiques n‘a rien apporté de concret à la gestion du pays engouffré dans une crise multidimensionnelle depuis 2012. C’est ainsi que le financement public accordé légalement aux partis politiques semble définitivement bloqué, sinon annulé de facto. Puisque, depuis 2018, les partis politiques n’ont plus bénéficié de ce financement de l’Etat leur permettant de faire face à leurs charges de formations, de tenues des assises et surtout de dépenses électorales. Malgré toutes les réclamations élevées par les responsables de différentes formations politiques, le gouvernement reste de marbre, se contentant de dire avoir pris bonne note. Et, récemment encore, lors de leur réunion du cadre de concertations avec le gouvernement, les politiques se sont plaints mais, sans aucune suite. « Tout porte à croire que le gouvernement ne veut plus payer ces fonds  publics, juste pour bloquer », confie le secrétaire politique d’un parti politique dirigé par un ancien ministre d’IBK. En clair, il y aurait une volonté inavouée d’asphyxier financièrement les politiques, sous le prétexte qu’on ne voit pas l’impact de l’utilisation de ces fonds sur le confort de notre démocratie. Et certains cadres administratifs n’hésitent pas à affirmer qu’il vaut mieux affecter ces fonds aux dépenses d’équipement des forces de défense et de sécurité, plutôt qu’à des partis politiques, dont certains s’apparentent à des GIE ou à des clubs d’amis. Ainsi, en les privant de ces subsides financiers, qui leur permettraient de faire face aux charges des prochaines élections, le pouvoir actuel peut être sûr d’éliminer de potentiels concurrents à ses soutiens ou pontes. Ce qui fera que la classe politique traditionnelle aura des difficultés à faire élire beaucoup de candidats en son sein. Un calcul qui permettra ainsi au pouvoir de transition de parvenir peu ou prou à entamer un processus de renouvellement du leadership politique. Surtout que certains ténors politiques de la gouvernance passée pourraient connaître des ennuis judiciaires ou des intimidations sournoises pouvant les dissuader à se lancer dans la course électorale.  Comme quoi, le placement sous contrôle judiciaire de  l'ex-Premier ministre, Moussa Mara du parti YELEMA, l’exil forcé de l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly du parti UDD…. sont-ils anodins ?. Boubou SIDIBE/maliweb.net

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0