Mali – Pouvoir de transition et prochaines élections : Veut-on paralyser les partis politiques ?

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Si la transition militaro-politique en cours n’induit pas une mise en parenthèse de la légalité républicaine, le pouvoir du Colonel Assimi Goïta ne devrait pas priver les partis politiques du financement public à eux “dû”.

 

maliweb.net – Apparemment, le pouvoir de transition piloté par les cinq colonels du Mali tient vaille que vaille à « sa refondation », à travers un changement du leadership politique du pays. Comment réussir ce pari sans affaiblir drastiquement la classe politique, dont le discrédit est plus que patent ? En les asphyxiant économiquement ? Pourquoi pas ?

En effet, il est apparu clair qu’une bonne partie de l’opinion publique malienne est convaincue que la classe politique a failli. Puisque c’est sur sa direction du pays qu’est intervenu le coup d’Etat de 2012 et les deux coups de force de 2020. Déjà, à partir de 2010, jusqu’en 2012, de nombreux acteurs non partisans avaient commencé par décrier la chose politique. Et, ce phénomène a pris de l’ampleur avec la multiplication des cas de transhumance politique, démontrant que les responsables des partis politiques étaient plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par les intérêts de la nation.

C’est ainsi que les coups d’Etats successifs du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso ont fini par donner le coup de grâce à une classe politique vieillissante et visiblement dépassée par les événements. On leur portera le chapeau des crises socio-politico-sécuritaires et le quasi-effondrement des Etats. Surtout que ces situations de début de délitement de ces pays, dont le Mali, étaient aussi liées à la gouvernance marquée par la corruption, l’impunité, le laxisme, la gabegie et les autres formes de complaisances très enracinées dans la sphère des partis politiques. Cela fera prospérer le discours selon lequel « ce sont les politiques qui ont vendu nos pays… ». A qui les ont-ils vendus ? Certains diront que les politiques sont potentiellement alliés à des groupes proches des Occidentaux ou même des acteurs de l’économie criminelle. Conséquence : après les ruptures constitutionnelles, les populations ne semblent plus vouloir confier leur destin aux chapelles politiques du moment.

C’est dans ce sens qu’au Mali, les acteurs du coup d’Etat d’août 2020 ont vomi la classe politique traditionnelle. Celle-ci a été qualifiée d’être de mèche avec les dirigeants de la CEDEAO, auprès desquels ils ont pour la plupart l’entrée facile. Comment pouvait-il en être autrement, quand on sait les réseaux de l’internationale socialiste ou de l’internationale libérale étaient plus ou moins entretenus par des chefs d’Etats en fonction dans différents pays ?

Ce qui fera à leur prise en mains des rênes du pays, après ce qu’il est convenu d’appeler « la rectification de la Transition », en mai 2021, le Colonel Assimi Goïta et son Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga n’ont pas caché leur choix  de mettre la classe politique sous éteignoir. Ils préféreront valoriser les autorités coutumières et traditionnelles plutôt que tendre l’oreille attentive de consultation des dirigeants politiques, même si Choguel Maïga lui-même est un leader d’un parti totalement en perte de vitesse. Et le chef du gouvernement osera même dire que l’un des seuls acquis de la révolution démocratique de 1991-1992 est  le multipartisme intégral. Comme pour dire cette multiplication des partis politiques n‘a rien apporté de concret à la gestion du pays engouffré dans une crise multidimensionnelle depuis 2012.

C’est ainsi que le financement public accordé légalement aux partis politiques semble définitivement bloqué, sinon annulé de facto. Puisque, depuis 2018, les partis politiques n’ont plus bénéficié de ce financement de l’Etat leur permettant de faire face à leurs charges de formations, de tenues des assises et surtout de dépenses électorales.

Malgré toutes les réclamations élevées par les responsables de différentes formations politiques, le gouvernement reste de marbre, se contentant de dire avoir pris bonne note. Et, récemment encore, lors de leur réunion du cadre de concertations avec le gouvernement, les politiques se sont plaints mais, sans aucune suite. « Tout porte à croire que le gouvernement ne veut plus payer ces fonds  publics, juste pour bloquer », confie le secrétaire politique d’un parti politique dirigé par un ancien ministre d’IBK.

En clair, il y aurait une volonté inavouée d’asphyxier financièrement les politiques, sous le prétexte qu’on ne voit pas l’impact de l’utilisation de ces fonds sur le confort de notre démocratie. Et certains cadres administratifs n’hésitent pas à affirmer qu’il vaut mieux affecter ces fonds aux dépenses d’équipement des forces de défense et de sécurité, plutôt qu’à des partis politiques, dont certains s’apparentent à des GIE ou à des clubs d’amis.

Ainsi, en les privant de ces subsides financiers, qui leur permettraient de faire face aux charges des prochaines élections, le pouvoir actuel peut être sûr d’éliminer de potentiels concurrents à ses soutiens ou pontes. Ce qui fera que la classe politique traditionnelle aura des difficultés à faire élire beaucoup de candidats en son sein. Un calcul qui permettra ainsi au pouvoir de transition de parvenir peu ou prou à entamer un processus de renouvellement du leadership politique. Surtout que certains ténors politiques de la gouvernance passée pourraient connaître des ennuis judiciaires ou des intimidations sournoises pouvant les dissuader à se lancer dans la course électorale.  Comme quoi, le placement sous contrôle judiciaire de  l’ex-Premier ministre, Moussa Mara du parti YELEMA, l’exil forcé de l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly du parti UDD…. sont-ils anodins ?.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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13 COMMENTAIRES

  1. JE PENSE QU IL NE FAUT PAS PLUS QUE 3 PARTIS POLITIQUES RÉELLEMENT LES “POUR ” LES “CONTRES” LES “NEUTRS”!

    🗿UN DES PARTIS DOIT ÊTRE PUREMENT ET SIMPLEMENT NATIONALISTE!🗿

  2. 🗿POUR LA DEMOCRATIE SUSPENDONS TOUS LES PARTIS POLITIQUES QUI ONT EXISTÉS DEPUIS 1991! LA REFONDATION NECESSITE L ISOLATION DES ANCIENS POLITICIENS CLEPTOCRATES DE MOUSSA MARA À AUTRES AGENTS FRANÇAIS!🗿

  3. AU NOM D’ AUCUNE DÉMOCRATIE NE MALI NE SAURAIT FINANCER PLUS DE 5 PARTIS POLITIQUES.

    POINT.
    OINT FINAL.

    • Le Mali ne doit financer aucun parti politique, c’est le cas aux USA, en France etc. que les partis politiques se financent soi-memes, c’est tout!

  4. Les partis politiques sont des entreprises privées comme nous le savons qui sont remplis de cleptocrates sans vertu, sans dignité et sans honneur! Il faut le bannir tous et d’ailleurs quelques sont en train de disparaître c’est comme l’ADEMA, RPM, URD, PARENA, CESNA, ASMA, UDD, etc. car il n’y a plus d’argent a voler! Merci ASSIMI-CHOGUEL-SADIO-DIOP-MAIGA-KONE!

      • Merci Lama pour ta vision microscopique et irrationnelle! Il nous faut aimer le Mali et aller au delà des considerations sans relevance!

        • Fils d’esclave guiranke’, homme de caste guiranke’, va lecher et cirer les bottes de ton bella choguel.

        • Oui il faut aimer le Mali mais pas de l’amour qu’éprouve le boucher pour son bélier bien gras.
          Celà pourrait se traduire par donner un peu de ces salaires mirobolants octroyés au sommet de l’État à ce peuple malien qui souffre.

          • CHER LAMA!
            LES PAYS QUI SONT VRAIS ONT LEURS POLITIQUE MONÉTAIRE ET FINANCIERES EN MAINS! C EST L ÉTAT QUI DOIT IMPRIMER DE L ARGENT POUR PAYER POUR LE TRAVAIL, CELÀ C EST L ÉCONOMIE ET NON, ATTENDRE DES CRÉDITS DE L EXTÉRIEUR POUR CRÉER TOUT VRAIMENT TOUT! LE SALAIRE EST FONCTION DES COÛTS DE LA VIE, CELÀ N EST MAITRISABLE QUE SI NOUS AVONS NOTRE MONNAIE!

  5. Attention!Attention!Attention! à vous partis politiques et les nouveaux favorables pour l’échiquier politique de demain, sachez que si les trente dernières années de l’ère démocratique nous ont vu naitre des djihadistes,les bandits armés et les terroristes, les prochaines trente années verrons naitre des hydres, des molochs et des quinaroux à mille têtes. Si le premier groupe peut être combattu par l’armée dans une guerre asymétrique ou une guerre conventionnelle, le deuxième groupe est en gestation et émergera de façon exponentielle dans dix prochaines années et là aucune armée ne pourra les combattre en guerre conventionnelle ou en guerre asymétrique. Ces monstres passerons de famille en famille de vous pour vous infliger les punitions que vous méritez au cas l’administration publique n’arrivera pas régler votre cas des fonds détournés. Vos punitions sont en route avec l’émergence de ces monstres, hydres, quinaroux, et molochs à milles têtes. Nous avons peur de la tornade qui pointe déjà à l’horizon.

  6. If government is to fund political parties there should be” pot” of fixed amount of political funds divided equally among all legitimate political parties. It is curse of multipartyism that limit political party share amount of those funds. Many form political party simply for sake of obtaining political funds from government not to mention funds they get from foreign groups. There are no effective laws obligating political party to have proof of registration of designated group of registered voters to be eligible for government political funds. Voters should be allowed to be registered to only one political party with only most recent registration being valid.

    Funds from government to political parties should be eliminated so that Malians have improved chance at finding out foreign source that give funds to political party. This information help to determine who is trustworthy among Malian politicians.
    Henry Author Price Jr aka Kankan

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