Suite à notre article « Mali Imbroglio autour de la formation du gouvernement » Monsieur Kassin (internaute) donne son point de vue sur la gouvernance de notre pays depuis 2002.
C’est quand ATT s’est rapproché des touareg Imghas de la zone de Ménaka en nommant comme chef d’état major particulier de la présidence l’actuel général, El Hadj Gamou que ses ennemis jurés, le touareg ifoghas de Kidal, Iyad Aghali et Ibrahim Ag Bahanga lui ont tournés le dos.
La tentative d’ATT de rallier toutes les fractions touareg du Mali à la cause du Mali prend un échec cuisant et Bahanga rentre en rébellion armée contre le régime d’ATT jusqu’à à sa mort accidentelle en 2011 dans le désert entre le Mali et la Libye.
Iyad Aghali a profité de son poste de diplomate au Moyen Orient offert par ATT pour tisser des liens solides avec le Qatar et s’assurer un financement pour ses projets personnels et se rapprocher de l’Aqmi dans le but de créer un état islamique au nord du Mali.
Dans la détérioration de la situation sécuritaire du nord du Mali entre 2002 et 2010, fait de prises d’otages occidentaux par l’Aqmi, de trafics de drogue, de cigarettes et de rébellion touareg armée de Bahanga, les touareg installés en France, en Belgique et en Suisse ont eu l’opportunisme de créer le MNLA, le mouvement national de libération de l’Azawad.
Un mouvement dont le récépissé d’association fut donné naïvement par le régime ATT, sous l’appellation « MNA, Mouvement National de l’Azawad ». Les touareg du Mnla par opportunisme y ont ajouté le L pour y introduire la lutte de « libération » du nord du pays qu’ils appellent Azawad.
Ils ont largement profité de la crise libyenne pour s’armer lourdement et déferler par milliers sur le nord du Mali.
Dans la chronologie des ces événements, il y a deux choses qui ne fonctionnent pas correctement au Mali, les services de renseignement et la diplomatie.
Le régime ATT vouait une confiance aveugle à l’Algérie et à la Libye de Kadhafi pour résoudre l’irrédentisme touareg du nord du Mali et semblait totalement abandonner l’option militaire comme cela fut évoquée dans les accords de paix signés en Algérie entre 1991 et 2009.
IBK alors en opposition qui s’était offusqué contre les accords d’Alger de 2009 est allé encore plus loin dans la compromission avec les rebelles touareg en juin 2015 car il reconnaît non seulement leur Azawad mais régionalise carrément la sécurité du pays et tente même de modifier la constitution du pays pour cela sous la pression de la France et toujours avec une confiance aveugle à l’Algérie.
Les rebelles du Mnla devenus ceux de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) qui n’avaient pas hésité une seconde à déserté en masse l’armée et les administrations du Mali pour leur projet sécessionniste entre novembre 2011 et avril 2012 du nord du pays, sont pour l’occasion en embuscade pour avoir cette régionalisation dans la constitution du Mali, étape indispensable pour eux avant de demander encore une indépendance de leur Azawad.
Durant tout ce temps depuis 2002 jusqu’à 2019, les services de renseignement maliens sont restés médiocres pour prévenir et déjouer les attaques armées contre le pays, l’armée est plus que faible et se fait toujours surprendre dans ses propres camps de fortune et la diplomatie du pays est inexistante ou inefficace.
Dans ces conditions, les gouvernements successifs d’ATT à IBK font semblant de protéger le pays et ses populations civiles mais ils n’ont ni moyens ni méthodes ni stratégie pour faisant face aux défis sécuritaire du pays.
Ils suivent à la lettre soit l’Algérie et la Libye (ATT) soit la communauté internationale et l’ONU (Dioncounda et IBK) qui elles mêmes suivent la France et ses fonctionnaires du Quai d’Orsay qui ont une vision erronée ou délibérément biaisée de la réalité du pays.
De 2013 à 2019, IBK a beaucoup voyagé et a fait beaucoup de bruit avec beaucoup de gouvernements, mais il n’est jamais parvenu à avoir ni un bon service de renseignement, ni une bonne armée ni une bonne diplomatie. Donc il ne s’est donné en aucun moment aucun attribut de souveraineté pour sortir la tête de l’eau et apporter du réconfort au Mali durant 6 ans.
L’Etat malien s’affaiblît comme une glace qui fond au soleil à cause principalement de la corruption à ciel ouvert, du népotisme à tous les coins de l’administration et de l’armée, de l’amateurisme des hauts fonctionnaires, du clientélisme des acteurs politiques, de l’opportunisme associatif et religieux qui endorment le peuple malien et l’empêche de s’affirmer comme nation indépendante et souveraine et surtout des gaspillages financiers et matériels du régime IBK.
Les maigres ressources du pays qui devraient servir à renforcer l’Etat et son armée et à investir dans les bases du développement du pays (routes, électricité, eau potable, santé, éducation, télécommunications, etc) sont systématiquement détournées et dilapidées au vu et au su de tous sans que cela ne dérange personne.
Le régime IBK reste spectateur docile dans la résolution du crise du pays et se laisse allègrement entraîner par la Minusma, l’ONU et la France, passés maîtres dans les rôles peu glorieux d’acteurs principaux du grand théâtre sanglant du nord du pays.
Sans stratégie, ni moyens ni voix diplomatique, IBK et ses gouvernements successifs regardent impuissants la situation sécuritaire se déliter également dans les régions du centre du pays (Mopti et Ségou) avec les islamistes d’Amadou Kouffa et son corollaire de conflits ethniques stupides mais sanglants entre populations dogons et peuls.
Les populations civiles du sud du pays qui nagent dans l’insouciance et l’indifférence totale et coupable, suivent assidûment quelques auto proclamés chefs religieux qui haranguent les foules par dizaines de milliers et pèsent sur les actions politiques du pays tout gouvernement confondu depuis maintenant belle lurette.
Au nom de la paix, des compromis inadmissibles et des avantages indus sont accordés soient aux rebelles touareg soient aux agents les plus corrompus des administrations contribuant à faire saigner inutilement le trésor public sans aucune avancée ni sur le plan sécuritaire du pays ni sur le plan du développement du pays.
Tout une armée de jeunes désœuvrés, végète par millions de têtes dans le chômage de masse, sans perspective ni espoir d’en sortir et se fie corps et âme à des apprentis chefs religieux qui se partagent le grand marché de la désillusion populaire depuis le temps de l’AMUPI jusqu’au HCI pour en faire un juteux business de la misère populaire et de l’opportunisme à la malienne.
C’est sous l’impulsion de quelques uns de ces chefs religieux et à la suite d’un nième massacre des populations civiles au centre du peuple, que Soumeylou Boubeye Maïga a rendu le tablier après une rencontre à Koulouba entre IBK et Mahamoudoun Dicko, alors président du Haut Conseil Islamique du Mali et une motion de censure à l’assemblée nationale contre son gouvernement, votée à l’unisson par les députés de la majorité comme de l’opposition.
Pour le remplacer, le Dr Doudou Cissé, précédemment ministre de l’économie et des finances, prend les rênes de la cité administrative Mouamar El Ghadafi de bamako, après sa nomination par IBK et on attend toujours son gouvernement après 12 jours que Boubeye soit parti.
S’il parvient à s’attaquer à la grande corruption et s’investit pleinement à la reconstruction d’une vraie armée,tout en revigorant la diplomatie et les services de renseignement du pays pour prévenir les attaques suicides et stabiliser le centre pays, ce serait un début de solution à la crise qui hante le pays depuis 2012, sinon il serait ni plus ni moins qu’un autre premier ministre de passage.
Il doit faire très attention à la réforme constitutionnelle empoisonnée qui l’attend sûrement et faire preuve de beaucoup d’intelligence et de rigueur sinon il chuterait plutôt que prévu.
Dans tous les cas, c’est aux maliens d’y prendre conscience et de se dire qu’ils sont les seuls vrais acteurs à détenir la clé de la stabilité du Mali et se donner les moyens d’y parvenir qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige.
Kassin