Candidate à l’exercice du pouvoir d’Etat après ATT, l’URD a raison puisque c’est l’objectif visé par tout parti politique. Elle va pourtant au devant d’une déception politique, quoique forte de sa représentation nationale très respectable. Cette déception viendra de la candidature qu’elle veut naturelle et malheureusement incarnée par la personne de Soumaila Cissé.
En 2002, beaucoup de Maliens avaient misé sur le candidat Adema, en raison de la flagrante injustice dont il avait fait l’objet au sein de son propre parti après qu’il eut enlevé haut la main et avec les félicitations de son adversaire, Soumeylou Boubèye, la finale du grand tournoi de sélection(Convention). La défection d’une dizaine de cadres de premier plan pour le compte du général Amadou Toumani Touré avait énormément choqué. Pour ceux qui ne le savent pas, le Malien par nature est réfractaire à l’injustice et une raison de plus de se donner à fond avec espoir, pour que la cause de la justice contre l’injustice triomphe. Pour ses militants sincères et profondément convaincus de la pertinence de leur jugement, Soumaila Cissé était le candidat de leur parti et qu’ils le soutiendraient, advienne que pourra. Ils ont eu tort. Battu au second tour de la présidentielle, leur malheureux candidat ne restera pas longtemps à leurs côtés. L’UEMOA paie bien et Soumaila Cissé, politique par la force des choses et sans doute des évènements, préférera Ouagadougou à la compagnie de la misère. Fidèles et déterminés, ils croiront et resteront jusqu’au jour où, ils choisiront de créer leur propre parti. Pour la petite histoire, c’est bien autour de cette injustice faite à un militant, de surcroît l’oint du parti, que Sy Kadiatou Sow, l’amazone politique de première heure, perdra son fauteuil. Au cours du conseil national du parti qui a suivi les votations de 2002, elle demandera tout simplement l’application des textes par rapport à ce qui s’était passé. Avait – elle oublié que les dés étaient pipés ? En tout les cas, elle finira par jeter l’éponge, en démissionnant tout simplement de son poste de secrétaire général du parti. Militante du parti, elle le resta et garde sans doute ses bons rapports avec « Soumi Champion ».
Salama savait pertinemment que la troupe qu’elle avait aidée dans la mobilisation et le combat pour la cause du parti Adema et qui a suivi Soumaila dans sa nouvelle croisade politique, était capable de défis au nombre desquels, la mise en route d’un nouveau parti politique prêt à relever des challenges. On connaît la suite. Si Soumaila et les siens ont renoncé à la Ruche en transférant armes et bagages à N’Golonina dans la nouvelle entité politique qu’est l’URD, la sérénité n’a jamais gagné les cœurs mêmes lorsqu’on continue de faire semblant. Le « Politburo » mis en place sur instruction du boss, n’a jamais reflété l’image réelle du parti. Ce n’est pas sans raison qu’il a suspendu la compétition pour le poste de président, préférant imposer la liste qu’il a personnellement composée depuis sa chambre d’hôtel du Salam. De la montée en puissance des leaders qui continuent de faire leur preuve, Soumaila en imposera au parti en plaçant ses hommes à lui aux avants postes. Comme ça, il est tranquille et dirige depuis Ouagadougou. Quel grand parti politique au monde acceptera – t- il un président résidant hors de son pays ? Ici, des hommes ont refusé de sortir, parce que préférant la misère à l’éloignement politique auquel certaines nominations obligent. Pour eux, c’est un cadeau empoisonné mais pour Soumaila c’est la paix et la tranquillité, parce que loin des brouhahas, plaintes et doléances des militants.
Pour mieux régner, Soumaila divisera lui-même ses hommes en réduisant au silence tous ceux qui ont réellement mouillé le maillot mais qui sont perçus comme menace réelle à sa suprématie.
Un grand parti politique, sans bonne tête politique
Soumaila Cissé n’a pas changé et il ne changera jamais. Au plus fort du régime Alpha, ministre des Finances du Mali, il disait à qui voulait l’entendre, qu’il n’est pas politique et qu’il n’était nullement tenu de supporter des caprices. Des remarques qui fusaient à l’endroit des Abeilles ! Comme le chat friand de poisson mais détestant la nage, Soumaila Cissé aime le pouvoir mais porte très peu dans son cœur l’homme. Il a très peu de considération pour tout ce qu’il regarde de bas. C’est pourquoi, les Maliens disent qu’il est méprisant. Aujourd’hui, à quelques encablures de 2012, son proche entourage politique est dans la danse, dans la fourmilière de Badalabougou. Méthodique, soigné et d’une maîtrise totale dans le sens de l’organisation du travail, Soumaila axe ses efforts sur les clubs de soutien. Il n’aime pas par nature les partis politiques et s’en méfie comme de la peste.
Déjà c’est la méfiance et le sauve qui peut et ce ne sont pas des professions de foi de hauts dignitaires du parti qui résoudront les problèmes de personnes que le parrain a lui-même créés.
A Moti récemment, les analystes politiques ont souri en secouant la tête parce qu’ils savent que la parade visait tout simplement à sauvegarder des apparences, et que le fond c’est-à-dire les profondes divergences demeurent. Et L’URD qu’on ne trompe personne ira ainsi à la présidentielle de 2012 et avec comme candidat, Soumaila Cissé tout naturellement. Pour aller tout droit dans le mur !
L’URD sans Soumaila ?
« L’URD est à moi et à moi seul et personne ne m’empêcherait désormais de faire ce que je veux, ni comment j’entends mener les choses ». Soumaila Cissé et l’URD c’est un peu comme ça. Celui qui n’est pas dans son cœur n’est pas bon. Aucun débat politique à l’interne dès lors qu’il est question de sa suprématie ou de celle des hommes qu’il a placés aux avants – postes, même s’ils sont carents. Rangé en 2007 et arborant tricot et casquette à l’effigie d’ATT à contrecoeur et sur conseils insistants de l’honorable Kadiatou Samaké, Soumaila Cissé sera là si Dieu le veut mais pour ce qui est déjà prévisible. A moins qu’il ne fasse une coalition avec l’Adema ou le RPM, tout en acceptant de se mettre en retrait, en ne mettant pas sa personne en avant, en privilégiant l’intérêt de son parti. Ce qui, il faut le dire, n’est pas évident. Soumi champion est candidat. Advienne que pourra pour l’URD !
Sory de Moti