L’annonce a été faite, jeudi dernier, au Centre international de conférence de Bamako. C’était à la faveur d’une conférence de presse, animée par les leaders du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI). Pour défendre sa requête, le parti SADI a commis un collège d’avocats, à travers sa cellule juridique, pour attaquer la CEDEAO sur la légalité de ses décisions prises à l’encontre du Mali. La plainte a été soumise à la procédure accélérée.
Après avoir rendu hommage aux soldats égorgés à Aguel-hoc, et tués à Tessalit, Kidal et Gao, Cheick Oumar Sissoko n’a pas manqué d’exprimer sa solidarité avec les populations des trois régions du nord, victimes de pillages, de viols et d’assassinats. Selon lui, ces évènements ont marqué notre mémoire collective.
Face à cette situation, il appelle les Maliens à s’unir pour défendre l’intégrité de leur territoire. Et à se concerter pour définir, ensemble, les voies et moyens d’y parvenir.
Et Oumar Mariko, secrétaire général du parti SADI et ex-candidat à l’élection présidentielle d’ajouter que les acteurs politiques, religieux, organisations féminines et de la société civile se sont rencontrés, il y a quelques jours, sous l’égide des Niaré, famille fondatrice de Bamako, pour rechercher une solution à la crise politique et institutionnelle que traverse le pays.
Selon lui, les représentants du FDR ont pris part à cette rencontre et se sont engagés à préserver cette méthode de sortie de crise.
Et les familles fondatrices s’étaient engagées à rencontrer le Premier ministre pour qu’il organise une concertation nationale, permettant au peuple malien de se rencontrer et de trouver un cadre approprié pour lancer les bases d’une transition contrôlée et orientée par les Maliens eux-mêmes.
Mais, dit-il, dès le lendemain de cette rencontre, le 23 juillet dernier, les anciens dignitaires du régime d’ATT, regroupés au sein du FDR, ont fait une déclaration pour demander au Pr Dioncounda Traoré de rentrer, immédiatement, pour occuper son poste de président dela République.
Puis s’en suit une déclaration à travers laquelle, ils exigent la démission du Premier ministre Cheick Modibo Diarra.
Selon Dr Oumar Mariko, ces déclarations n’ont d’autres objectifs que de torpiller les acquis de la rencontre, initiée par les familles fondatrices de Bamako. Mais aussi, de surchauffer l’atmosphère politique.
Pour Oumar Mariko, les partis politiques ainsi que les personnalités qui ont conduit le pays dans le gouffre actuel doivent faire montre d’humilité et de retenue. Afin de ne pas envenimer l’atmosphère politique interne.
Pour sa part, Maître Philipe Zadi, Avocat inscrit au Barreau de Johannesburg, l’un des conférenciers, explique que le 22 mars un groupe de militaires ont pris le pouvoir dans un contexte de crise sociopolitique marqué par une rébellion au nord du pays.
Des événements qui ont mis un terme aux préparatifs des élections.
Sous la pression dela CEDEAO, l’accord-cadre a été signé, entre le Capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte militaire et le représentant du médiateur Burkinabé, Djibril Bassolé.
Selon Me Zadi, cet accord prévoit la mise en œuvre de l’article 36 de la constitution qui permet à Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale d’assumer les fonctions du Président dela Républiquepar intérim.
Ensuite, dit-il, le 26 avril 2012, la conférence des Chefs d’Etat dela CEDEAO, à l’issue de son sommet extraordinaire ténu à Abidjan, « décide de porter la transition au Mali sur une période de 12 mois au cours desquels les élections doivent être organisées pour choisir un nouveau président. Le sommet décide également d’étendre le mandat des organes de transition, notamment le président par intérim, le Premier ministre et le gouvernement sur cette période de 12 mois, dans la limite des pouvoirs qui sont conférés par la constitution, la continuité de la gouvernance du pays ».
Pour Maître Zadi, les élections qui devraient être organisées, au plus tard le 40ème jour de la constatation de vacance de pouvoir sont reportées de 12 mois par décision dela CEDEAO au mépris des stipulations constitutionnelles dela République du Mali.
Etla CEDEAOn’a cessé de s’immiscer dans les affaires intérieures du Mali depuis le coup d’Etat du 22 mars, en imposant ses décisions. Alors qu’au Mali, tout pouvoir doit avoir son fondement dans la constitution.
C’est pourquoi, dans la plainte envoyée àla Courde Justice dela CEDEAO, figure une requête d’appréciation de la légalité des décisions prises à l’encontre du Mali. Aux fins, non seulement, de les annuler. Mais aussi, de mettre fin aux immixtions illégales dela CEDEAOdans les affaires intérieures du pays.
Dieudonné Diama