Mieux vaut prévenir que guérir. Pour la crédibilité et la transparence de l’élection présidentielle de 2012 dans notre pays, les partenaires financiers exigent du président ATT un remodelage de l’attelage gouvernemental. Du moins, si l’on en croit notre source généralement bien informée.
Au nombre de ces départs du gouvernement, on cite le nom du ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales, le général Kafougouna Koné ; le ministre de la Justice garde des sceaux, Maharafa Traoré et le Ministre de l’Equipement et des Transports, Ahmed Diane Séméga.
A en croire nos sources, le départ de ce dernier du département de l’équipement et des transports est d’ordre politique. Il vise à barrer la route à Bittar dans le cadre de la présidentielle. Tout en donnant une bonne vision au parti dans l’avenir.
Quant à Kafougouna, son départ revient au devant de la scène au motif qu’après qu’il ait entamé aujourd’hui, la révision de la liste électorale, il est évident que le pays soit sous haute tension pendant et après l’élection présidentielle.
Les élections générales de 2012 verront la victoire du ministre de l’administration territoriale avec la mise en place de la CENI, la révision des listes électorales et une défaite cinglante pour le président ATT et ses réformes constitutionnelles. Mais, comme cela a été beaucoup souligné, elles seront aussi l’expression d’un malaise démocratique persistant dont témoignera le taux des résultats de la présidentielle.
Il y a urgence
Face à une éventuelle démobilisation de l’électorat, le message fort que les partenaires financiers ont lancé à ATT constitue, sans doute, une part de l’explication de la tension qui couve sous la cendre dans le cadre de la présidentielle. Pour les partenaires, le maintien de Kafougouna à la tête du département de l’Administration est un risque qui peut faire passer à côté de la présidentielle. La reconduction de Maharafa au niveau de la justice envoie un autre signal pour les bailleurs : celui de la défiance à l’encontre de la classe politique en général. Surtout qu’il est le secrétaire général du PDES. Et de là, il pourrait avoir une main mise sur les résultats.
Pour les partenaires, expliquent nos sources, la reconduction des ministres Kafougouna et Maharafa se conjugue mal avec la motivation des partis politiques et l’électorat à la présidentielle et, de ce côté-là, le président ATT a tapé fort, n’hésitant pas à aller jusqu’à tester… la résistance au népotisme.
La suspicion à l’égard de la motivation de l’homme politique trouve ici facilement de quoi se nourrir et ce n’est pas sa pratique de débauchage dite « de l’ouverture » qui est faite pour redorer la crédibilité et la transparence de la présidentielle.
Pas difficile de trouver preneur pour un poste ou un mandat ! Mais à quel prix démocratique ! Les citoyens contemplent à chaque remaniement ministériel et à chaque élection le spectacle d’un pitoyable mercato politique et de ceux qui expliquent avoir eu la révélation soudaine de leur erreur. S’ajoute à cette pratique autocratique détestable du régime, une incapacité à maintenir le cap pour l’élection présidentielle. Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Ce n’est pas le volontarisme que les partenaires reprochent à ATT mais l’incohérence de ses propositions dans le cadre des reformes, la révision des listes électorales et la mise en place de la CENI, qui, sans surprise, mène le peuple dans le mur. Du volontarisme, il en faut : aucune fatalité n’impose un ordre des choses et si la complexité des questions et des niveaux d’interventions possibles (nationaux, européens, mondiaux) doit être prise en compte, elle n’est synonyme d’impuissance que pour ceux qui ont envie de cette passivité libérale.
Un léger réajustement
Pour la crédibilité et la transparence de la présidentielle 2012 au Mali, le Chef de l’Etat ne devait pas faire du neuf avec du vieux. Autrement dit, le nouveau gouvernement qu’il a mis en place, ne devait pas être une nouvelle ancienne équipe. Le Président ATT avait tout intérêt qu’il n’en soit pas ainsi.
Aujourd’hui, le président de la République doit se donner la force pour se séparer de ses « amis ». Eux qui ont toujours étonné et qui dans les salons de leur bureau ne s’intéressent pas au sujet brûlant de l’heure dans le pays et à ce que vivent les maliens d’en bas. Ces ministres qui ne fournissent d’efforts que lorsqu’il s’agit de signer un parchemin, de se rendre au conseil des ministres ou à l’aéroport pour sourire leur bienfaiteur.
Il s’agit bien de ces ministres là qui ont plongé le pays dans un état de déliquescence sociale et politique. Mais, qui jusque-là, sont des hommes de sérail du Président de la République. Des ministres qui ont découragé la classe politique et la société civile. Face à ces situations, le président ATT se doit de prendre son temps. Tout son temps. Avant de procéder à un léger réajustement de l’attelage gouvernement. Une équipe jugée « faible ». Aujourd’hui, deux raisons plaident, en faveur du remaniement de l’attelage gouvernemental. La première est liée à l’imminence de l’élection présidentielle. A un an, ou presque, de cette échéance, à laquelle leur parti politique prendra part, certains ministres de l’actuel gouvernement n’ont plus le cœur à la tâche. Bien plus, leur bord politique ne s’en cache plus. Pour eux, le contrat qui les lie au Président Amadou II est arrivé à terme. Après avoir cohabité pendant des lustres, argue t-ils, il n’y a plus rien à attendre. Du coup, le président ATT apparaît –devant l’éternel –comme une cible à abattre. Autant de raisons qui nécessitent un réajustement de l’attelage gouvernemental. Afin de permettre au chef de l’Etat de quitter le pouvoir par la grande porte.
Bref, entre sauver un pays qui s’éteint dans son âme et un gouvernement incapable de se battre pour le salut du peuple, le président ATT donne une autre chance à ces ministres d’entretenir leur luxe et d’assurer leurs proches parents. Face aux situations (référendum constitutionnelle, révision des listes électorales, présidentielle) qui prévalent dans notre pays, le président ATT doit se positionner pour opérer un choix judicieux. Très judicieux. Mieux, il doit s’entourer d’hommes et de femmes susceptibles de lui donner, en particulier des résultats qu’il n’a pas pu obtenir, jusque-là. Faute de vision. Mais aussi, des responsables capables d’insuffler, en général, une nouvelle dynamique au processus de la présidentielle. Surtout que le référendum demeurent, jusqu’à présent au stade de la contestation. Au tant dire que, le Chef de l’Etat a du pain sur la planche face à la pression des partenaires financiers
Jean pierre James