Le président de la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM), Housseïni Amion Guindo était l’invité de la télévision web « Mali Online ». À l’ordre du jour : la situation sociopolitique du pays. L’occasion pour l’ancien ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable de déclarer que le « Mali est confronté à un problème d’anticipation ».
Les causes de la crise sociopolitique à Bamako depuis le vendredi, la dissolution de la Cour constitutionnelle, les recommandations de la CEDEAO, les propositions de la CODEM pour la sortie de crise, Poulo dit tout.
Les causes de la crise sociopolitique en cours au Mali
Une vingtaine de morts, des dizaines de blessés, des dégâts matériels conséquents…c’est le bilan de la manifestation réprimée de l’opposition. D’entrée de jeu, le président de la Codem a condamné ce drame. Pour lui, la situation que vit le Mali aujourd’hui est déplorable. Il trouve que la première cause lointaine de la crise actuelle est la crise scolaire. « L’école a servi de vivier à cette contestation en termes de causes lointaines », a-t-il expliqué avant d’ajouter. Pour lui, l’article 39 du statut particulier des enseignants est une loi et devait être appliquée par l’État. Il déplore que la crise scolaire soit née d’une incompréhension autour même de l’interprétation de la Loi. Pour l’ancien ministre de l’Éducation, celui-là même qui a accordé le statut particulier aux enseignants, l’année scolaire a été sacrifié par la mauvaise appréciation de l’article 39. À ses dires, commencer l’école le 30 juin n’est possible que dans les grandes villes, car dans les zones rurales, les écoliers iront au champ.
Une des causes immédiates de la crise, selon Poulo, c’est l’affaire du coton. « La culture du coton est conseillée jusqu’au 21 juin. On attend un mois avant la campagne cotonnière pour annoncer la hausse du prix des intrants et la baisse du prix du coton aux producteurs », a dénoncé avant d’ajouter que cet état de fait a créé une « situation qui a amené beaucoup à ne pas semer et aller faire du piment ou autres choses qui n’ont pas besoin d’engrais ». Cette mauvaise politique de l’État aura des répercussions sur les cotonculteurs l’année prochaine, à ses dires. Or, dit-il, quand il y a crise cotonnière, il y aura crise céréalière.
Quant à la cause immédiate de la crise en cours, ce sont les élections législatives dernières selon Housseïni Amion Guindo. Pour Poulo, l’existence même du Mali est en danger. « Aujourd’hui, le nord ne nous appartient pas, le centre ne nous appartient pas et même Bamako ne nous appartient pas parce qu’on ne peut circuler comme on veut. Ni le président ni le Premier ministre. Je ne vois pas cette autorité qui peut, aujourd’hui, circuler à Bamako. C’est une honte pour nous », a-t-il déploré.
Tous ces problèmes, à son analyse, persistent parce qu’il n’y a pas eu d’anticipation. « Le Mali est confronté à un problème d’anticipation ».
La cour constitutionnelle
Si beaucoup de Maliens ont apprécié la dissolution, par le président de la République, de la Cour constitutionnelle, ce n’est pas le cas chez Poulo. Même s’il trouve normale la dissolution de cette Cour pour apaiser la tension, il estime « non républicaine » la méthode employée pour y arriver. « Je condamne les méthodes employées pour arriver à la dissolution de la Cour », a-t-il laissé entendre.
À en croire le président de la CODEM, il était plus facile pour le Président de démettre son Premier ministre et dissoudre l’Assemblée nationale. « La Constitution ne donne pas au Président le pouvoir de démembrer la Cour constitutionnelle ou l’Assemblée nationale. Il peut dissoudre l’Assemblée nationale, mais pas une partie », explique Housseïni Amion Guindo
L’intervention de la CEDEAO
La CODEM ne partage pas les recommandations de la CEDEAO. Le parti trouve qu’elle viole la constitution du Mali, surtout l’organisation d’élections législatives partielles. Poulo invite donc IBK à ne pas outrepasser ses pouvoirs constitutionnels. « J’invite le Président à faire ce qui est de son pouvoir constitutionnel et à ne pas se laisser trimbaler par aucun ministre de la CEDEAO pour venir créer des précédents fâcheux dans notre pays. Dans aucun pays, cela n’est acceptable », a martelé l’ancien député élu à Sikasso. Il trouve que le Président peut gérer cette crise à travers les pouvoirs que la constitution lui a donnés.
Les propositions de Housseïni Amion Guindo pour la sortie de crise
Selon Poulo, la résolution de la crise actuelle passe d’abord par la démission du chef de l’exécutif. « Je propose la démission du Premier ministre, pas parce que j’ai quoi que ce soit contre lui, mais pour la réussite du consensus », propose-t-il. Il dit être pour un gouvernement de consensus qui, selon lui, commence par le Premier ministre.
Ce gouvernement de consensus tranchera, à ses dires, le sort de l’Assemblée nationale.
Boureima Guindo