Battant en brèche les déclarations que lui attribuent certains et selon lesquelles il serait pour la prolongation du mandat d’ATT jusqu’en 2014, le président de la CODEM, Housseyni Amion Guindo dit Poulo que nous avons rencontré, le samedi, 16 avril dernier, conteste. ” Je n’ai jamais dit qu’il faut prolonger le mandat d’ATT…prolonger le mandat d’ATT, c’est prolonger notre agonie”.
” Quand des militants de certains partis dits de la mouvance présidentielle battaient campagne pour une prolongation du mandat d’ATT, quand d’autres faisaient campagne pour qu’il se présente pour un troisième mandat, quand d’aucuns demandaient qu’ATT harmonise les mandats, nous, à la CODEM, nous avons été clairs, et nous avons clamé haut et fort que : ” prolonger le mandat d’ATT, c’est prolonger notre agonie ; que nous nous y opposions”. Pour le président de la CODEM, si un parti politique malien peut se plaindre du régime, c’est bien la CODEM. Et ce, pour plusieurs raisons. Car, malgré ses 7 députés, le parti de la quenouille n’est entré au gouvernement que cette année. Et pour quel poste ? Le poste de ministre délégué. Il se plaint alors du fait que des partis n’ayant même pas 2 députés à l’Assemblée nationale puissent disposer d’un département entier.
” On dirait que le régime veut nous isoler de la gestion du pays. Nous avons 7 députés (plus que le MPR et le CNID, l’UM-RDA) et sommes 5è groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, nous avons plus d’élus communaux que le CNID et le MPR réunis. Nous avons plus de maires que ces trois partis réunis. Mais pour quel résultat ? A l’Assemblée nationale, nous n’avons que le poste de secrétaire parlementaire. Nous n’avons pas bénéficié de l’aide publique aux partis politiques… Bref, je pense que si quelqu’un doit se plaindre, c’est bien la CODEM ! Et dire qu’avec tout ceci qu’on puisse proposer une prolongation du mandat d’ATT…! “.
Des dires de Poulo, proposer une prolongation du mandat d’ATT relève de l’absurdité même s’il reconnaît la non fiabilité du fichier électoral : ” nous avons dit quand même que le fichier électoral actuel n’est pas fiable, comme l’ont remarqué tous les partis politiques maliens : le président, la mouvance présidentielle comme l’opposition. Alors, conscients de cet état de fait, faut-il, coûte que coûte, aller en élection en 2012 avec le même fichier et s’attendre aux éventuelles et légendaires contestations des résultats ou faut-il corriger les lacunes avant et avoir d’élections crédibles aux résultats incontestables ? Je ne comprends pas pourquoi, pendant les 10 dernières années, ces partis ne sont pas revenus sur la non fiabilité du fichier électoral”.
Le député CODEM de Sikasso pense donc, que c’est un prétexte de la part des partis politiques pour mieux frauder et contester les élections s’il le faudra en 2012. Ces inquiétudes sont d’autant légitimes que l’Assemblée nationale, qui a 56 Projets de Loi sur la table, n’est pas sûre de disposer de temps nécessaire pour arriver au dossier relatif aux réformes institutionnelles. Un dossier qui nécessite en soi une session entière. Car, il s’agit d’une Loi organique. Le nouveau gouvernement mis en place n’a pas encore présenté sa Déclaration de politique générale et met en veille la session d’avril qui sera inexorablement remise à plutard. De même, la session d’octobre sera budgétaire.
La question que l’on se pose ici est la suivante : ” disposons-nous de temps nécessaire pour pouvoir réussir à franchir le cap ?». En tous les cas, la question de la fiabilité du fichier électoral continue de faire polémique au sein de la classe politique malienne. Le temps presse, le compte à rebours a commencé, les inquiétudes planent de partout.
A. S. Guindo