La proposition d’imposer aux partis d’accorder aux femmes un quota de 30% sur les listes de candidature a été rejeté par les députés. Mais le débat sur leur représentativité sur la scène politique ne faiblit pas pour autant.
La démocratie paritaire peut être atteint à travers une présence équilibrée des hommes et des femmes sur les listes électorales. Cet objectif politique est actuellement au centre du combat des associations féminines de notre
pays. En effet, le Mali figure parmi les démocraties confrontées à une sous–représentation des femmes dans les instances de décision politique. En réaction à cet état de fait, un projet de loi a été déposé sur la table de l’Assemblée nationale. Il visait à promouvoir une répartition équilibrée des hommes et des femmes sur les listes de candidature aux élections. Ce projet rejeté par les députés, accordait aux femmes la possibilité effective d’accéder au mandat politique de façon plus égalitaire, par rapport aux hommes, que par le passé. Elle accordait la possibilité aux femmes un pourcentage de 30 sur chaque liste électorale.
Même si le projet a accusé un refus majoritaire des élus, sa portée reste d’actualité. Le 8 mars dernier, les femmes n’ont pas raté l’occasion de rappeler au président de la République, Amadou Toumani Touré les discriminations auxquelles elles sont confrontées. En guise de réponse, le président ATT les a exhortées à se mettre au devant de la scène politique, à se battre pour leur droit, à aller à la conquête des postes politiques.
Selon Mme Traoré Oumou Touré, présidente de la CAFO, le projet n’a pas été rejeté. Il y a plutôt eu vice de forme. D’après elle, les députés affirment que la procédure fut viciée. Ce n”est que partie remise, promet-elle en exhortant les gens à ne pas féminiser cette lutte quelle considère en premier lieu comme un combat de droit humain. Par ailleurs, la présidente de la CAFO pense que ce projet est venu à point nommer. Tous les acteurs de la société civile doivent s’impliquer davantage au nom de la démocratie, c’est un devoir civique, soutient-elle.
Fatoumata Konaté, agent commercial d’une boîte de la place, pense que l’idée n’était pas mauvaise du tout. Quoique beaucoup de femmes, à son avis, n’ont pas saisi réellement jusqu”à présent tout l’intérêt du projet. La plupart d’entre elles croient qu’il faut forcément faire de la politique ou appartenir à un mouvement de femme pour se faire attendre. "Les hommes ont tendance à féminiser le problème, ce qui est déplorable. Ce projet de loi, à mon avis, est comme toute forme de requête soumise aux élus et qui forcément tient compte des besoins de la société. Mais je reste confiante, actuellement la priorité ce sont des élections sereines, confie notre agent commercial.
Pour le secrétaire général du RPM, Bocary Téréta, un effort immense reste à faire afin de corriger la vision des gens. Pour cela, il faut une formation éducationnelle de conscientisation politique, estime-t-il, assurant que son parti a pris la décision d’assurer un tiers des représentations féminines sur les listes électorales. Bocary Téréta rappelle que sur les 30 femmes députés à l’Assemblée nationale, 11 sont du RPM où le débat, assure-t-il, se situe plutôt au niveau de la parité homme et femme.
Quant à Abdoul Wahab Berthé, 1er vice-président de l”URD, il assure que son parti encourage toutes dispositions favorisant la promotion des femmes. Il pense que le quota sera une solution efficace s”il est accompagné d”une politique d”ensemble favorisant l”épanouissement de la femme dans la société. Pour cela, il faut lui assurer une scolarisation complète, alléger ses conditions difficiles quotidiennes, insérer des mesures qui lèvent le statut de la femme au foyer.
Moussa Balla Diakité, secrétaire chargé des questions de jeunesse du Parena, dit oui au projet du quota parce que la femme mérite d”occuper une place importante sur la scène politique. Il rappelle que les femmes occupaient la 2è place sur les listes de 2004 aux municipales.
Établir une justice sociale. Secrétaire de l”industrie et des mines, Alhousseyni Issa Maïga de son côté, estime que le CNID est un parti de femmes. Mme Sissoko Fanta Mantchini Diarra est la représentation réelle de la volonté du parti à élever la femme au rang quelle mérite. Alhousseyni Issa Maïga soutient que c”est un combat de longue haleine qu”il faut mener afin d”amener les gens à saisir la nature réelle du problème.
Modibo Soumaré, secrétaire général du bureau politique nationale du PCR, conseille qu”il faut une sensibilisation pour informer la société sur les différents aspects de la loi. Pour lui, il est vital d’aider les femmes à accéder à des postes de responsabilité.
Le Pr Lamine Boubacar Traoré, socio-anthropologue à la Flash, l’idée du quota est parti du principe sociologique d’injustice sociale née des préjugés socio-économiques et culturels. Il s’agit d’établir une justice sociale qui tienne compte de la majorité.
Jamais chez nous, dans le Mali profond, on accordera de grande responsabilité à une femme, fait-il remarquer. La femme est défavorisée par rapport à l’homme en matière de disponibilité. Ses occupations ne lui donnent pas le temps nécessaire de s’occuper de politique. "Par exemple, explique-t-il, une réunion politique peut aller à des heures tardives. Il est difficile pour un homme d’accepter des sorties nocturnes de sa femme pour cause de politique."
Nianian A. TRAORÉ
L”Essor du 13 Avril 2007
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