Les lampions se sont éteints sur les travaux de la 2e Conférence nationale relative au choix du Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema PASJ) qui s’est tenue le dimanche 14 avril dernier au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Le choix proposé par le Comité Exécutif (C.E) qui porte sur M. Dramane Dembélé, a été validé par les conférenciers venus de partout à travers les continents.
Placée sous la présidence effective de M. Ibrahima Ndiaye dit Iba celui-là même qui assure l’intérim à sa tête depuis l’investiture de son président statutaire Pr Dioncounda Traoré à la magistrature suprême du pays il y a un peu plus d’un an, le parti de l’Abeille solidaire avait, à l’occasion, battu le rappel de ses troupes.
En effet, en plus des 55 sections de l’intérieur, on notait la présence effective de 26 sections de l’extérieur pour participer activement à ce choix qui se voulait historique compte tenu du contexte actuel que notre pays traverse depuis plus 15 mois. La joie que les délégués étaient venus célébrée s’est vite transformée en jeu de dupe, de duplicité, de faux-fuyant, de démagogie et de langue de bois.
En effet, nul doute aujourd’hui que les semaines et mois à venir seront très mouvementés pour le Parti africain pour la solidarité et la justice (PASJ). Pour cause, le choix du candidat qui a été imposé au Comité Exécutif (C.E) par la Commission des bons offices (CBO), M. Dramane Dembélé, bien qu’ayant reçu l’onction de la Conférence par acclamation, est loin de faire l’unanimité autour de lui. On ne peut cacher le soleil avec la main, dit bien un adage de chez-nous. Le malaise se lisait sur le visage de la presque totalité des membres du présidium, malgré la sérénité apparente que d’aucuns se sont forcés à afficher durant toute la cérémonie.
Derrière les discours d’unité et de cohésion, se cache un véritable malaise au sommet du parti qui s’étendra forcement aux structures de base dans les jours et semaines à venir. Pour rappeler justement la gravité de l’heure, le Président par intérim du parti, Ibrahima N’Diaye, ne pouvait s’empêcher de faire une brève historique du parcours des Rouges et blanc ces 20 dernières années de son existence. C’est ainsi, qu’il a opportunément fait référence aux moments les plus tristes et difficiles auxquels le parti a eu à faire face dans sa jeune histoire à travers notamment les épisodes des départs successifs de Mahamadou Lamine Traoré pour aller fonder le Miria, d’Ibrahim Boubacar Keita du RPM et de Soumaila Cissé pour l’URD. Il a mis l’accent sur les enjeux de la présente Conférence avant d’inviter les participants à confirmer le choix soumis par le Comité exécutif sans jamais rentrer dans les détails du processus qui avait conduit à ce choix et encore moins le justifier ou le motiver.
Ainsi dit ainsi fait. Les délégués ont rejeté toutes possibilités alternatives au choix qui leur était proposé malgré la bataille de forme et de fond engagé par Me Kassoum Tapo et Boubacar Bah dit Bill.
En effet, pour des raisons diverses, ces deux personnalités qui faisaient parties des 19 postulants à la candidature au sein du parti, reprochent pas mal de griefs au processus qui a abouti à ce choix. Me Kassoum Tapo est allé jusqu’à faire acte de candidature dans la salle avant de « revenir » à de meilleurs sentiments en acceptant de se désister en faveur de celui pour lequel tout semblait avoir été déjà fait pour s’imposer à la conférence. Quant à Bill, il dénonce ouvertement les graves manquements qui ont selon lui entaché la procédure de désignation du candidat proposé par le Comité Exécutif à travers sa commission de bons offices. Cependant, il a déclaré qu’il en tirera toutes les conséquences dans les jours à venir et s’en était d’ailleurs déjà ouvert à certains camarades du Comité exécutif. Il a aussi déploré l’absence de transparence et l’usage d’achat de conscience dont certains candidats se seraient rendus coupables lors de cette procédure de sélection, ainsi que le non-respect des critères qui avaient été édictés à cet effet.
L’Adema/PASJ aura certes réussi sa conférence de choix de son candidat à la prochaine élection présidentielle dans moins de 3 mois. Mais tout reste en l’état et cette assise n’aurait en réalité rien réglé de fond dans les maux qui minent ce parti depuis des décennies, notamment la super puissance de l’argent sur tout esprit de réalisme et d’objectivité dans ses choix aux différents scrutins. Il est évident que les leçons du passé, rappelées à juste titre par le président par intérim du parti, n’ont visiblement pas servi la Ruche afin d’opérer effectivement ce changement que tous prônent du bout des lèvres à longueur de discours démagogiques. Les problèmes de personnes mis au-dessus de l’intérêt supérieur du parti, l’égoïsme, la méchanceté gratuite, la duplicité, la malhonnêteté intellectuelle et politique, le manque de courage et la roublardise entre autres maux, ont fait qu’aujourd’hui les aspirations profondes et légitimes des militants et du citoyen malien tout court au sortir d’une crise si affligeante, sont reléguées au second plan si elles ne sont pas tout simplement renvoyées aux calendes grecques.
Mais quoi qu’il en soit, l’Adema en pâtira très certainement. C’est pourquoi, d’autres soutiennent mordicus que c’est fait à dessein pour affaiblir sérieusement le parti pour favoriser d’autres candidats tapis dans l’ombre en train d’attendre le soutien des grappes d’essaims d’abeilles qui ne manqueront surement pas de quitter une Ruche qui ne respecte plus aucune de ses valeurs fondamentales.
Que c’est dommage pour ce parti et pour la démocratie malienne pour l’avènement et la consolidation de laquelle il a joué un rôle déterminant.
Ainsi va la vie, qui passe par la naissance pour atteindre la maturité avant d’entamer l’inévitable et inéluctable déclin. Ceci répond à une exigence de la nature. Aussi bien les hommes que les animaux ou les choses y passent absolument sans exception. Il ne pourrait en être autrement pour le parti qui avait conservé jusque-là une certaine hégémonie sur l’échiquier politique national.
Bréhima Sidibé