Politique malienne : Modibo Sidibé, le Mythe !

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Les hommes, par nature, craignent ou se méfient d’une chose, qu’ils ne sont pas sûrs de connaître ou de comprendre. Modibo Sidibé, 3ème Premier Ministre d’ATT est dans le lot de ces phénomènes mythiques, que l’on observe de loin et qui restent longtemps sujets à étudier.

L’homme en lui-même est un primate à deux pieds, avec une tête et des cheveux. Il mange et boit, rit, chante et danse, certainement comme nous autres. Il a une profession ordinaire qui s’appelle « chef du gouvernement » et que beaucoup avant lui ont assumée. Il a des amis, un grin et pratique du tennis, un sport ordinaire. Mais quand même, il intrigue. D’abord par sa chance : 10 ans ministre sous Alpha, toujours dans l’entourage immédiat sous ATT, et, aujourd’hui candidat non déclaré du PDES, d’ATT et même de …l’ADEMA. Comment un homme qui ne parle pas, qui ne rit pas en public, qui s’entoure de gens coupés du monde sensible et, qu’aucun parti ne reconnaît comme son militant, arrive-t-il à empêcher de dormir, mêmes les plus somnambules ? C’est parce que, justement, il ne parle pas. Eh oui, parce qu’il ne parle pas et que, jusqu’ici, il a eu la chance de n’avoir pas parlé.

Voilà le temps venu pour Musset d’avoir raison, au bord du Djoliba, d’avoir dit, que seul le silence était grand. Pourquoi parler, alors que le silence paye tant ? Pourquoi parler alors qu’on a pour mission de travailler, d’être compétent et de se taire ? Pourquoi parler alors qu’à défaut de vous aimer, on ne vous connaît pas et, donc on ne peut vous nuire ? ATT a inventé le « Consensus politique », son poulain présumé, le « Silence politique ». L’expert en criminologie n’est pourtant pas un niais en politique. Il sait qu’il est l’image d’une famille et d’un clan politique, ceux qui ont servi sous le régime militaire, et qui ont assisté avec répulsion et parfois dégoût, aux pratiques immondes de la dictature. Il a duré à l’ombre des grands. Il a vu le petit devenir grand, et, le grand tout petit, le jour d’après. Il a vu les laudateurs d’aujourd’hui, devenir les bourreaux du lendemain.

Il a vu, avec l’œil du policier, les reines meurtries dans leurs délicates âmes et, les princes, pleurer leur paradis perdu. Il a vu la voix tonnante du chef d’hier, devenir aujourd’hui une note de lamentations et de supplications. Il a vu l’ami d’hier, devenir le pire ennemi d’aujourd’hui. Il a vu, le jeune Modibo, les hauts et les bas des uns et des autres, les rires et les pleurs, les cris de joie et les larmes du deuil. Il s’était dit, Modibo Sidibé, qu’il n’y a aucun salut à soupirer après les misères de la politique, en  ce bas monde. Mais l’homme peut-il échapper à son destin ? Modibo Sidibé se fait, chaque fois, rattrapé par la politique et les politiques qu’il fuit comme la peste. Cette politique entêtée qui l’a retiré du milieu de ses étudiants à L’ENA, pour le placer derrière un bureau au Ministère de La Défense, cette politique au nom de laquelle ATT, son mentor, le confia à Alpha pour l’endurcir et lui faire prendre la température des gouvernements. Cette politique qui a failli lui coûter la vie, lorsque, Ministre de la Santé, il s’est entêté, en pleine période d’insécurité, à aller s’enquérir de l’état de ses services rattachés à Gao et à Kidal, et, que des bandits armés le dépouillèrent des véhicules 4×4 de sa délégation et de toutes ses ressources. 

Cette politique encore au nom de laquelle, il est devenu le compagnon fidèle d’ATT, son Ségal, puis son Premier Ministre. Cette politique enfin au nom de laquelle, Dioncounda Traoré s’en est pris à lui et au nom de laquelle, beaucoup d’autres s’en prendront à lui après le président de l’ADEMA. Comme pour dire qu’on ne fuit pas son destin. Que ce destin infaillible, vous tire comme un enfant et vous mène où bon lui semble. Et qu’on ne peut avoir la stature de Modibo Sidibé, sa baraka, son innocence et que vos amis et mêmes vos ennemis, soient indifférents à ce que vous pourriez leur devenir.

 Karim FOMBA

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