Pour inscrire l’action gouvernementale dans la continuité de l’Etat, le Premier ministre a choisi de bâtir sa politique générale autour de la vision déclinée par le président de la République, en ce qui concerne le développement économique, social et culturel du pays, ainsi que le Programme d’Action Gouvernementale 2013-2018.
La Sécurité et le cadre macro-économique
Pour assurer la sécurité sur l’ensemble du territoire, le Premier ministre compte mettre l’accent sur la Loi d’orientation et de programmation militaire ainsi que sur l’organisation des secours, la lutte contre les trafics et le crime organisé. «Le réarmement moral et l’équipement conséquent des forces armées et de sécurité pour le rétablissement et la sauvegarde de la paix sont des données incontournables», a indiqué Modibo Keïta qui a rappelé à cet effet la réforme du secteur de la sécurité en cours.
Pas de sécurité sans une meilleure condition vie de la population. Sur cette dimension, les actions futures du gouvernement porteront sur l’amélioration du cadre macroéconomique, le relèvement du pouvoir d’achat des populations, la modernisation de l’agriculture et la protection de l’environnement, le développement social, la politique de décentralisation et de libre administration des collectivités, l’emploi des femmes et des jeunes, le développement des infrastructures de transport, le développement du secteur privé et du partenariat public-privé.
Pour l’amélioration du cadre macro-économique, l’activité économique continuera de croître à un rythme d’au moins 5,0% en termes réels en 2015, malgré un contexte international difficile. Selon Modibo Keita, cette croissance sera impulsée par l’ensemble des secteurs d’activités, qui bénéficieront par ailleurs des effets induits de la réduction de la dette intérieure de l’Etat et du retour des partenaires techniques et financiers. Cette croissance sera soutenue par des mesures prises par le gouvernement pour assurer la stabilité, la paix. Avec un taux d’inflation de seulement 1,7% en 2015 contre une norme communautaire de 3,0%. Dans cette politique de croissance, une attention particulière sera accordée aux régions du nord à travers la mise en place d’un fonds pour le développement durable. À ce propos, le chef du gouvernement a indiqué que dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation, le Mali et ses partenaires organisent en septembre prochain à Paris une table ronde pour la reconstruction du nord.
Les conditions de vie et d’existence des populations
Dans les domaines de l’agriculture, l’industrie, des transports, l’éducation, la santé et l’énergie, le gouvernement compte ouvrir de gros chantiers dans le souci de répondre au plus vite aux attentes de la population. Ainsi, pour la période 2014-2018, 100 000 hectares seront aménagés avec la mise à la disposition du secteur de l’agriculture de plus de 10% du budget national. En plus de ces efforts, le gouvernement mettra l’accent sur la construction du stock national de sécurité à hauteur de 35000 tonnes de céréales cette année et du stock d’intervention de l’Etat à hauteur de 25000 tonnes de riz.
Pour le développement des infrastructures de transports, le Premier ministre a dégagé des axes prioritaires : la réalisation de certains grands travaux comme l’autoroute 2×2 Bamako-Ségou, la route Goma Coura-Nampala-Léré-Niafunké-Goundam-Diré-Tombouctou, la route de l’Avenue de l’an 2000 à Ségou. Mais aussi l’aménagement en 2×2 voies de la section Ségou-San, l’échangeur du carrefour de Markala, la route Zantiébougou-Kolondiéba-frontière Côte d’Ivoire, la réhabilitation de la Tour de l’Afrique, l’aménagement de 10 km de voiries dans la ville de Ségou, la route Bamako-Koulikoro avec la construction du pont de Kayo, la construction du pont de Kouoro et le barrage sur la route de Sikasso-Koutiala.
Le Gouvernement s’engage à rechercher le financement pour d’autres projets structurants de désenclavement intérieur et d’intégration. Notamment le 4è pont de Bamako, la ligne d’interconnexion ferroviaire Conakry-Kankan-Kandia-Bougouni-Bamako, les routes Sévaré-Gao, Gao-Bourem-Kidal-frontière Algérie, le port fluvial d’Ambidédi, la réhabilitation du chemin de fer Bamako-Dakar, les ports secs à Kayes et Sikasso, le pont de Dioïla, le pont sur le fleuve Niger à Ségou et l’aménagement de 100 km de pistes rurales sur cinq ans.
Pour l’accès à l’énergie, il compte augmenter la capacité d’environ 133MW d’énergie solaire d’ici 2017 pour renforcer le parc de production du réseau interconnecté. Concernant l’’accès à l’eau potable, la réalisation de 500 points d’eau modernes, la réhabilitation de 1000 pompes à motricité humaine.
Pour l’éducation, le gouvernement prévoit la construction, la réhabilitation et l’équipement de 1250 salles de classe, le recrutement de 484 enseignants pour le supérieur et 4072 pour les autres ordres d’enseignement, la création de 30 centres pour le programme accéléré de scolarisation des enfants âgés de 8 à 12 ans dans les zones d’insécurité, la construction et l’équipement de 645 écoles à classe unique dans les zones à faible densité de population scolaire, prioritairement dans les régions de Gao, Kidal, Mopti et Tombouctou.
Tout comme l’éducation, le secteur de la santé occupe une place importante dans la politique de l’action gouvernementale. Le chantier dans le secteur de la santé porte sur la construction de nouveaux centres de santé communautaires, de centres de santé de référence, du nouvel hôpital de Kayes, du centre ophtalmo-pédiatrique de l’Iota, des centres d’hémodialyse des hôpitaux de Sikasso et de Mopti, du centre de prise en charge de la drépanocytose et de la banque de sang à l’hôpital de Mopti.
Le secteur de justice et de lutte contre la corruption
Le Premier ministre s’engage à faire de la justice son cheval de bataille avec la mise en œuvre des différentes reformes et la réhabilitation de l’institution judiciaire pour une meilleure distribution de la justice.
Ainsi, l’action Gouvernementale portera sur l’adoption du document de Politique de la Réforme et de son Plan d’actions, l’adoption d’une loi portant statut des fonctionnaires du cadre de l’Administration Pénitentiaire et de l’Education Surveillée, l’opérationnalisation des Centres d’écoute mobiles, des Bureaux de suivi des dossiers de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, et du Bureau des Requêtes. Pour la réhabilitation de l’institution judiciaire, le gouvernement entend poursuivre la mise en œuvre de la carte judiciaire et procéder à la relecture de la loi organique portant organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature, statut de la Magistrature, etc.
Cette volonté de modernisation sera soutenue par la construction de nouvelles maisons d’arrêt modernes et sécurisées dans les huit régions plus le District de Bamako.
Voilà en quoi, Modibo Keita compte conduire l’action gouvernementale pour donner un contenu au projet de société du président de la République. Avant la mise en œuvre de ce vaste projet, il doit batailler dur ce jeudi matin pour obtenir le quitus des députés.
Nouhoum DICKO