Politique et religion : IBK lâché par les islamistes ?

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Les religieux
Les religieux (photo archives)

C’était lors d’un congrès, présidé par le président du Haut conseil islamique, Mahmoud Dicko qui a, lui aussi, surpris plus d’un en fustigeant la gestion de son « ami IBK». Pour des observateurs, ce sont là des signes révélateurs du malaise profond qui s’est installé, depuis plusieurs mois, entre IBK et ceux (les islamistes) qui ont largement contribué à son élection. Pourquoi ce malaise ? Que reprochent ces islamistes à IBK ? Réponses.

Rupture consommée? En tout cas, le temps de la complicité, entre IBK et ses alliés islamistes, semble révolu. Les seconds ne manquent plus aucune occasion pour faire le procès du premier, accusé de n’avoir pas tenue ses promesses électorales. Lors du congrès de Sabati 2012, les critiques ont été particulièrement virulentes. Tenez : « les Maliens, en votant pour IBK à plus de 77%, lui ont confié des missions claires parmi lesquelles figurent en bonne place la résolution de la question du nord, la réconciliation nationale, la refonte de l’armée, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la restauration de l’honneur du Mali. Aujourd’hui, aucun de ces problèmes ne sonnait un début de solution. Pis, la situation du nord se dégrade de plus en plus ; la corruption et la délinquance financière atteignent des proportions inquiétantes. Le pays est très mal géré. Le responsable de cette mauvaise gestion n’est autre que le premier responsable du pays en la personne d’Ibrahim Boubacar Keïta. Et bien qu’il reste mon ami, je ne le suivrai jamais dans cette voie au détriment du peuple et de ma religion ! ». Cette sortie à la fois surprenante et cinglante est signée de Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali. Et au président de Sabati, Moussa Boubacar Bah, d’enfoncer le clou en amenant sur la place publique les petits secrets. « Nous avons affaire au président de la République qui avait demandé au Mouvement Sabati 2012 de voter pour lui, afin de prendre en compte les valeurs cardinales du pays, lutter contre l’impunité et mettre fin à toutes pratiques transgressant nos mœurs. Sabati a fait son boulot et il reste au président de remplir sa part du contrat » a-t-il déclaré.

C’est dire que des critiques fusent de tous côtés à l’adresse du chef de l’Etat. La lecture à faire de ces déclarations ? C’est l’existence d’un malaise entre Ibrahim Boubacar Keïta et ses soutiens musulmans.  Un malaise qui s’est forgé au fil des actes posés par IBK.

 

Marche pour Charlie : IBK désavoué à Bamako

L’élément déclencheur de cette furie des islamistes a été la participation du président à la marche dite « Républicaine », à Paris. Dans la capitale française, non content de s’afficher en 1ère ligne, IBK a déclaré dans certains médias : « nous sommes tous Charlie ». Ces propos furent très mal perçus dans les milieux islamistes de Bamako où la réplique ne sait fait pas attendre. Une marche a été organisée, lors de laquelle  les islamiste ont véhément clamé leur désaccord avec le IBK. « IBK est Charlie, nous nous ne sommes pas Charlie » ont-il laissé entendre. Cette manif de Bamako et à travers plusieurs villes de l’intérieur, a été un cinglant désaveu pour le président qui a cautionné, de l’avis des musulmans, les caricatures du prophète Mahomet (Paix et salut sur lui), faites par les journalistes de Charlie Hebdo.

 

Fossé entre les promesses et les actes !

Mais, il faut dire que d’autres faits, antérieurs à la marche de Paris, ont catalysé cette rupture. Il s’agit notamment de l’organisation de la « Nuit Ortm », édition 2014. Le gouvernement, après avoir reporté sine die (pour raison d’Etat) l’évènement, finira par reculer devant le syndicat de l’Ortm qui menaçait d’aller en grève. Or, ce sont les milieux islamistes, fortement politisés de Bamako, qui s’étaient opposés à l’organisation de cette manifestation qui se tient tout les ans pour magnifier la beauté de la femme malienne. Ils avaient brandi la menace depuis l’élection d’IBK; et ils ont battu campagne sur certaines radios privées afin que soit interdit dorénavant l’organisation de toute forme d’élection de beauté au Mali. Ayants échoué, puisque la « Nuit Ortm 2014 » a vécu, les islamistes se sont sentis trahis par le président qui, dit-on, «  avait promis, lors de la campagne électorale, d’interdire tout ce qui va à l’encontre de l’islam».

En somme, IBK semble incapable de tenir les promesses faites à « ses amis » qui ont finalement compris qu’il existe un énorme fossé entre ses discours, ses promesses électorales et les actes qu’il pose depuis 18 longs mois. D’où la froideur (rupture ?) actuelle dans leurs relations. Réussira-t-il à se ressaisir et revenir dans les bonnes grâces des islamistes?

Issa B Dembélé

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3 COMMENTAIRES

  1. M. Dembele, attention à l’usage du mot “islamiste”. C’est dénigrant. Vous êtes mieux placés pour le savoir.

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