L’année 2018 suscite déjà des interrogations de la plupart des maliens. D’une part, elle est l’année d’élections par excellence et d’autre part, le problème du financement de toutes ses élections. Mais, le gouvernement par la voix de son ministre de l’administration territoriale rassure de la tenue de ses élections en 2018. Une attitude qui ressemble à une défiance de l’opposition et des sceptiques.
Compte tenu de plusieurs aléas, les élections régionales et communales partielles n’ont pas pu se tenir à la date initialement prévue. L’Etat était dans une contrainte de les reporter. Ce report est mal perçu par l’opposition. Pour elle, c’est l’expression de l’incapacité du gouvernement à résoudre les questions essentielles, notamment, la sécurité au Nord et au Centre du pays, l’organisation des élections de 2017, le retour définitif de l’administration à Kidal et la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation.
Le ministre de l’administration territoriale, en charge de ses élections a saisi, l’occasion au cours d’une conférence de presse organisée le vendredi 15 décembre, pour répondre aux allégations et tractations menées par les partis politiques de l’opposition et de tous ceux qui doutent de la capacité de l’Etat a résoudre les problèmes actuels du pays. Face aux allégations de l’opposition, le ministre s’inscrit en faux « il ne faut pas chercher à construire des nouvelles lignes de fractures, il faut plutôt chercher des lignes qui soient capables de mettre les maliens ensemble côté a côté pour marcher vers un meilleur avenir ». Le ministre justifie ce report par le fait de donner plus de temps et d’inclusivité au processus de pacification avec tous acteurs de la paix et les mouvements signataires.
Du coup, l’année 2018 apparait comme l’année de tous les dangers. Toutes ses élections dans la même année et dans un pays en pleine crise. Alors, la question qui vaut de l’or est : comment le Mali va-t-il s’en sortir ? Pour la première fois de son histoire, il doit faire face à une telle situation dans un contexte fragile.
Et le financement pour les élections
Les élections, partout au monde, coûtent excessivement chères. Le Mali qui est dans une transition économique vers le budget programme est en déficit de 4,7% pour 2018. Ce qui revient à dire que, l’économie malienne, malgré son taux de croissance, ne peut pas assurer le financement de ces élections. Le seul recours est peut-être, les PTF. Une équation non prise en charge par le ministre, même s’il a évoqué l’aspect économique mais sans détailler les moyens de financement de ses élections. Au moins trois élections en une année doivent être estimées en centaines de milliards.
Le défi est de taille et les maliens sont en observation.
Un présage ombrageux
Face aux questions essentielles, le gouvernement peine à trouver des solutions adéquates. Il est de l’enjeu démocratique que l’opposition attire l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la situation qui prévaut et les perspectives vers lesquelles le gouvernement veut conduire le pays.
Pour paraphraser Alan Moore, le gouvernement devrait craindre ses citoyens. Au regard de ce qui se passe, le peuple semble ne plus avoir confiance au gouvernement dans un contexte de désespoir presque total.
Le plus inquiétant pour le moment est l’accumulation de toutes ses élections pour l’année. Ce qui apparait être une ruse du gouvernement pour feinter et dribler ses adversaires politiques. Il a tous les arsenaux à la fois juridique, politique pour inventer les excuses les plus tenaces pour se justifier face à ses actes.
M. EYQUEM