Adema-PASJ, RPM, SADI, MPR, Cnid-Faso Yiriwa Ton…que des consonnes et des voyelles juxtaposées pour désigner un parti politique. Derrière elles, se cachent des intérêts financiers et matériels de quelques individus qui ne sont en désaccords que quand les privilèges accordés à l’un d’entre eux se trouvent menacés.
En effet, les partis politiques de ce pays évoluent dans un environnement ambiant, où s’imbriquent des règles obsolètes et confuses ainsi que des pratiques qui plombent le développement politique et qui requièrent des thérapies juridiques et comportementales appropriées.
Seulement, une vision partagée de ce qu’est un parti politique est un préalable au diagnostic et à la thérapeutique. Les acteurs politiques devraient s’entendre avant tout sur une définition consensuelle du parti politique afin de faciliter la levée des options sur les réformes qu’il urge d’apporter à notre système partisan.
Certains politologues définissent le parti politique à partir de quatre (4) critères non alternatifs :
1- Une organisation durable : avec une espérance de vie politique supérieure à celle de ses dirigeants en place, le parti politique se distingue des factions, des cliques, des coteries ou des groupes de soutien qui disparaissent généralement avec leurs fondateurs ou la réalisation des objectifs visés ;
2- Une organisation bien structurée : avec des ramifications locales entretenant des rapports réguliers et variés avec l’échelon national, le parti politique se différencie des groupes parlementaires qui ne sont pas localement structurés ;
3- Une organisation dont l’objectif doit être la conquête et l’exercice du pouvoir : les partis politiques s’opposent à cet égard aux groupes de pression qui se contentent d’influencer les décideurs sans chercher à prendre et à exercer le pouvoir ;
4- Une organisation recherchant un soutien populaire : ce dernier critère distingue le parti politique des clubs et autres organisations qui ciblent un public bien déterminé.
Sur les 200 partis que compte le Mali, ils ne sont pas nombreux ceux qui remplissent les quatre critères ci-dessus évoqués.
En effet, la création d’un parti politique au Mali obéit plus à un objectif de blanchiment de l’argent de la corruption institutionnalisée qu’à un objectif d’animation de la vie publique dans un contexte de démocratie pluraliste.
En français facile, ce que nous avons au Mali, ce ne sont pas des partis politiques mais des Groupements d’intérêts économiques (GIE). Dans ce cas, comment voulez-vous que les citoyens participent efficacement à l’animation du débat public en adhérant à un parti politique, sachant que ce parti n’a été créé que pour défendre les intérêts privés et les privilèges de son principal leader ?
Sambou Sissoko