. La particularité de l’événement c’est qu’ils sont tous francophones d’Afrique et sont issus d’anciennes colonies françaises.
Si la France les a invités, c’est dû au fait qu’ils fêtent, cette année, le cinquantenaire de leur indépendance obtenue en 1960. Non seulement les 14 dirigeants sont présents sur le sol français, mais, aussi, ils se sont fait accompagner par un petit nombre de leurs soldats qui participeront au défilé de ce jour, aux côtés de leurs frères d’armes français. Pour les descendants des Gaulois, cela peut paraître comme geste symbolique qui prouve qu’ils sont en phase avec leurs anciennes colonies, cinquante après la proclamation de leur indépendance.
Cependant, force est de reconnaître que la présence en France des troupes et des chefs d’Etat africains pour la commémoration du 14 juillet n’a aucun sens pour les Africains qui se posent encore la question de savoir à quoi a servi l’indépendance nominative de 1960. C’est l’élite africaine qui a remplacé le colon blanc pour continuer, exactement, la même politique. Les politiques économiques des pays africains se décident en occident sous la couverture de l’Union européenne, du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale. Nos constitutions sont calquées sur la loi fondamentale française de 1958. Nos arsenaux juridiques sont la copie conforme de la France du XVIIIème et du XIXème siècles.
Toutefois, nous passons pour être de mauvais copieurs puisqu’en cinquante ans nous ne sommes pas parvenus à réaliser l’autosuffisance alimentaire. Le transfert des technologies nous est défavorable, contrairement aux anciennes colonies asiatiques. La maîtrise de l’eau potable n’est jusqu’à présent pas une réalité en Afrique francophone en raison de mauvaises politiques en la matière. L’insécurité ne cesse de gagner du terrain, avec les actions de rebelles, des terroristes et de narcotrafiquants dans la région des Grands lacs, au Tchad, dans la bande Sahélo-saharienne, en Casamance, en Centrafrique, etc.
Tous ces maux laissent entendre que l’Afrique a encore du chemin à faire pour voir le bout du tunnel. Au lieu de se retrouver aux Champs-Élysées pour célébrer le 14 juillet français, nos chefs d’Etat auraient mieux fait de se retrouver au siège de l’UA, le 25 mai dernier, pour célébrer avec leurs troupes les 50 ans d’indépendance et évaluer le parcours du demi siècle d’échecs. Là, au moins, il allait y avoir peu de critiques.
Ibrahim Labass KEITA