Plus malien que les autres maliens :Jeamille Bittar peut tranquillement tout se permettre

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Il a gagné ses galons d’opérateur économique sans foi ni loi. Toujours droit dans ses bottes, il incarne désormais la nouvelle pègre nationale, celle qui a droit à tous les privilèges et à tous les marchés de l’Etat. A l’exclusion de la grande majorité des opérateurs économiques.

Pour certains, Jeamille Bittar est l’âme damnée d’Amadou Toumani Touré. Pour d’autres, c’est ATT lui-même qui l’a dressé en bon chien de guerre pour la concrétisation de ses velléités dictatoriales. Tout compte fait, l’actuel président de la Ccim (Chambre de commerce et d’industrie du Mali) et non moins président du Conseil économique, social et culturel par la seule volonté du Prince, est en train de bien tirer les marrons du feu. En témoigne le dernier public- show qu’il a organisé, épaulé par ses complices Bakary Togola et Mamadou Minkoro Traoré, au Stade Modibo Keïta pour décerner l’ignoble médaille à son bienfaiteur et protecteur président de la République. Les deux hommes ont une histoire qui ne tardera plus à dévoiler ses secrets. Des proches d’ATT, intrigués par ses accointances de plus en plus prononcées avec Bittar, se sont souvent vu expliquer que c’est parce que le second a été « confié » au premier par une personne très chère à qui il a promis une protection à tout moment,  et que, par conséquent, le chef de l’Etat tient à honorer sa promesse. La réalité révèle que s’il n’y a pas quelque chose de pourri au royaume de Danemark, il y a bien anguille sous roche.

Protégé donc par Amadou Toumani Touré, Jeamille Bittar peut tout se permettre désormais au Mali. Même la loi doit au besoin se mettre à genoux devant lui. Tout se passe comme s’il est plus malien que les autres Maliens. Quand il a jeté son dévolu sur la présidence de la Ccim, tout a été mis en branle pour la lui assurer. Ministres et magistrats se sont mis au garde-à-vous, et le tour a été joué. Bittar aura le fauteuil de président de la Ccim grâce à des fraudes qui défient l’entendement humain. Si bien que son élection demeure à ce jour la plus contestée de l’histoire de cette institution plus vielle que la République indépendante du Mali. En effet, Bittar a été élu à l’issu d’une opération où les votes par procuration ont été plus nombreux que les votes physiques. Ce qui explique encore aujourd’hui que la Ccim reste en lambeaux, ne reflétant pas l’unité du secteur privé national. Conséquence : de respectables opérateurs économiques, qui ont le malheur de n’être pas dans les plans de confiscation du pouvoir par ATT, sont laissés en rade depuis trois déjà. Le locataire de Koulouba ne fera rien pour rendre justice à ces opérateurs économiques, les plus nombreux d’ailleurs, qui plus est, pèsent d’un poids lourd dans les activités économiques et commerciales dans notre pays. Ne nous en offusquons pas outre mesure, car c’est de bonne guerre pour le général- président qui a ainsi toute la latitude d’orienter tous les marchés publics vers les opérateurs économiques sacrifiant à ses stratégies à lui. L’on ne peut autrement comprendre que le gouvernement, sous la férule d’Amadou Toumani Touré qui affirme partout vouloir impulser une nouvelle dynamique au secteur privé, laisse en raide la grande majorité des opérateurs économiques nationaux sans lesquels on ne réussira pas à infléchir ni l’inflation, ni la flambée en cours des prix des denrées de première nécessité.

Jeamille Bittar est un privilégié du pouvoir au Mali. A son arrivée à la tête de la Ccim, il bénéficie aussitôt, sous forme de garantie de l’Etat à la Somafi (Société malienne de financement), de plusieurs financements pour l’achat des cars en vue de la Can 2002 pour plus d’un milliard de francs Cfa. Depuis, la concurrence, comme par enchantement, a toujours tourné en sa faveur. Ses sociétés, multipliées opportunément, ont toujours été adjudicatrices des contrats de transport et de ceux des documents électoraux. Même pour les contrats d’impression, il crée, encore opportunément, une nouvelle imprimerie. De quoi accentuer le sentiment d’exclusion chez les autres. De quoi convaincre aussi que désormais, au Mali, une minorité d’opérateurs économiques s’accapare de toutes les faveurs au détriment de la grande majorité. Les privilégiés ne cachent d’ailleurs plus la bienveillante protection dont ils jouissent auprès du pouvoir qui, on le devine aisément, trouve son compte dans l’affaire. « Aux affaires comme aux affaires », voilà l’arrogante réponse jetée à la face des Maliens.

La flambée des prix des denrées de première nécessité sera donc difficilement jugulée dans notre pays parce que le climat qui prévaut dans l’activité économique ne met pas les opérateurs économiques à armes égales, c’est-à-dire à égalité de droits et de devoirs. Le pouvoir le sait, mais il ferme les yeux là-dessus. Une réalité qui dit tout simplement que la Ccim est devenue le nid affairiste du président de la République. Hammadoun Amion Guindo, qu’on a « stratégiquement » poussé hors de l’institution, disait à qui voulait l’entendre : « Toutes les exonérations délivrées à des amis opérateurs économiques ne sont que des formes voilées de détournements de deniers publics… » Les exonérations dont il est question, est-il besoin de le souligner, n’ont en effet profité qu’à ceux qui en ont bénéficié au détriment, bien sûr, du fisc et pour le grand malheur du consommateur malien.

Mais l’histoire continue sous forme de cartels mafieux. ATT et Bittar, dit-on, s’entendent comme deux larrons en foire. Quitte à violer tout ce qui est sacré dans l’Etat, les deux conjurés continuent leur mue. La Ccim investie, il reste une manette interdite dont il faut absolument s’approprier : le Cesc (Conseil économique, social et culturel). C’est important pour la suite des évènements. Bittar crée opportunément, encore, le Modem (Mouvement des entreprises du Mali) pour éjecter de la prestigieuse institution le Cnpm (Conseil national du Patronat du Mali) à qui est légalement dévolue la prérogative de désigner des membres siégeant à travers ses syndicats affiliés, notamment les groupements professionnels, parmi lesquels celui des commerçants. Jeamille Bittar est tout simplement disqualifié pour siéger au Cesc, mais il dispose du précieux sésame : le Président Amadou Toumani Touré. Le coup est jouable. La levée de boucliers n’y fera rien. Même la recommandation motivée et justifiée du Médiateur du secteur privé ne sera reçue à Koulouba comme un torchon bon à jeter dans la poubelle. d’intrigues en intrigues, d’exclusions en violations des règles, Bittar est porté à la tête du Conseil économique, social et culturel. Par ATT.

Une question se pose aujourd’hui à la conscience républicaine de tous les Maliens. Pour quelles raisons cachées, inavouées parce que inavouables, Amadou Toumani Touré, au mépris de la loi on l’a vu, met-il tous les leviers économiques, financiers et, disons-le, affairistes du Mali entre les seules mains de Jeamille Bittar ?

 

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                             Soulam Wagalem (ancien collaborateur de votre journal)          


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