C’est à la faveur d’une conférence de presse animée hie, 16 février 2012, à la Maison de la presse du Mali, que les partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale avec à leur tête le Professeur Dioncounda Traoré, président de ladite Institution, ont dévoilé leur plan d’action pour la paix et la stabilité au Mali.
Faisant l’état des lieux de la situation qui prévaut actuellement dans notre pays, notamment dans le septentrion, les conférenciers ont dressé un tableau sombre qui rappelle curieusement les actions westerns que l’on suit dans certains films. En effet, on se rappelle encore que c’est peu avant la fête de l’Armée que les rebelles du Mouvement de Libération de l’Azawad (MLA), appuyés par des ex-combattants revenus de la Libye et armés jusqu’aux dents, ont décidé de multiplier leurs actes terroristes. Ainsi, le 17 janvier 2012, ils attaquèrent le camp militaire et l’Unité méhariste de Ménaka. Le 18 janvier, les garnisons de Tessalit et d’Aguelhok ont, à leur tour, été attaquées. Les 19 et 20 janvier, des combats acharnés ont opposé des membres des forces armées nationales à des combattants rebelles dans le secteur d’Aguelhok. Le camp militaire de cette localité sera de nouveau attaqué le 24 janvier avec des exécutions sommaires et des militaires faits prisonniers. Une centaine de victimes auraient été dénombrées.
Le 26 janvier, la garnison d’Andéramboukane (Cercle de Ménaka) est attaquée. Le même jour, un autre groupe rebelle fit son entrée à Léré (Cercle de Niafunké) que l’armée avait évacué la veille. Le 31 janvier, au milieu de l’après-midi, un groupe rebelle a tenté d’entrer dans la ville de Niafunké sur le fleuve Niger, mais il a été repoussé par l’armée après plusieurs heures de combats.
Le 1er février, à la suite d’une manifestation d’épouses et d’enfants des militaires, des violences ont été exercées à Kati sur les propriétés et domiciles de citoyens appartenant à la communauté Kel Tamasheq. Le même jour, des rebelles ont fait leur entrée à Ménaka que l’armée a évacué la veille. Les positions de l’armée à Niafunké ont essuyé des tirs rebelles dans la nuit du 1er au 2 février. Et le 2 février, les manifestations commencées à Kati, se sont étendues à Bamako où de groupes de jeunes ont brûlé des pneus, posé des barricades, pillé des biens privés.
Plusieurs compatriotes d’origine Touareg ont reçu des menaces. Ces menaces ont été le prélude d’un départ de nombre de citoyens, cadres et personnalités touarègues et arabes vers l’intérieur et l’extérieur. Bien qu’aucun bilan précis ne soit disponible, il semble que les attaques contre les six localités et les violences qui s’en suivirent, auraient laissé des dizaines de morts de part et d’autre.
Le 8 février, un groupe de rebelles s’attaquent à la garnison de Tizawattene, à la frontière avec l’Algérie. Le 11 février, l’armée reprend le contrôle de Léré que les rebelles avaient quitté peu avant.
Comme on le voit, cette brusque détérioration de la situation sécuritaire dans la partie nord de notre pays a provoqué une psychose généralisée et entraîné un exode massif des populations civiles. Ainsi, plusieurs milliers de Maliens se sont réfugiés en Algérie, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.
Comment sortir rapidement de l’impasse ?
C’est à cet exercice que se donne aujourd’hui la classe malienne. Reçue le 4 février 2012, la délégation de cette classe politique a soumis au Chef de l’Etat un projet de Forum national pour la paix et la stabilité. A noter que ces formations politiques ont élaboré ce qu’elles appellent un «Plan d’action pour la paix et la stabilité» accueilli favorablement par le président de la République.
Pour sortir de l’engrenage, ces partis politiques tablent sur 16 axes prioritaires : exposer le projet à l’ensemble de la classe politique ; organiser une conférence de presse pour exposer les grandes lignes du projet, obtenir un temps d’antenne sur les radios et télévisions pour expliquer le projet ; mettre au point un plan de communication interne et externe ; rencontrer les leaders religieux, les syndicats, les organisations de la société civile, les autorités coutumières de Bamako pour leur expliquer le Plan d’action ; rencontrer toutes les Institutions de la République ; renforcer la confiance au sein des forces armées et de sécurité : en renforçant leurs capacités et leur motivation ainsi qu’en les assurant du soutien de la nation tout entière ; contacter les personnalités qui ont quitté le Mali et qui se trouvent dans les pays voisins ; envoyer une délégation à Kidal, Gao et Tombouctou pour rencontrer les chefs traditionnels et leaders d’opinion ; organiser une rencontre avec les député et les conseillers nationaux ; aller à la rencontre de nos compatriotes refugiés dans les pays voisins ; prendre les contacts nécessaires en vue de l’instauration d’un cessez-le-feu ; prendre attache avec les Gouvernements susceptibles d’apporter leurs concours à l’ouverture d’un dialogue avec les groupes rebelles ; renforcer à Bamako les Ambassadeurs et représentants des pays et organisations susceptibles d’appuyer les initiatives de paix ; tenir une réunion d’information avec l’ensemble du corps diplomatique et les représentants des organisations internationales ; et enfin, organiser le Forum pour la paix et la stabilité.
Les rebelles accepteront-ils cette politique de la main tendue ?
Partout au Mali, comme à l’extérieur du pays, des voix s’élèvent pour appeler les forces armées et de sécurité et les rebelles au cessez-le-feu et au dialogue. Mais, ces derniers restent sourds et muets. Car, ce qui les intéresse, c’est le feu et le sang pour destabiliser l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali. Et cela, dans le seul but d’être autonomes pour poursuivre le narco-trafic.
Ces rebelles et apatrides vont-ils cautionner le Plan d’action pour la paix et la stabilité des partis politiques ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, s’ils acceptaient ce Plan d’action, encore faudrait-il faire comme sous d’autres cieux, en initiant la politique de «Vérité, Justice et Réconciliation» pour connaître la vérité, situer les responsabilités, se pardonner et apaiser les cœurs meurtris.
Bruno LOMA
Je pense qu’il y a lieu de penser à l’après combat, c’est à dire quand les armes se tairont. Ceci veut dire quand le pays sera totalement libéré de ces bandits armés. Force doit être laissée à la loi. Ce qui est sûr, il ne peut pas y avoir de négociation avec des traîtres du pays. Il s’agit d’abord des intégrés qui ont rejoints ces bandits armés. Il ne sera plus question d’une réintégration, ni de donner des subsides pour une insertion professionnelle. D’ailleurs, ils doivent être déchus de leur nationalité malienne pour avoir pris des armes contre le Mali. S’agissant de ces gens venus de la Libye qui ont combattu contre l’armée régulière, nous ne pouvons pas non plus les reconnaître comme d’origine malienne car un malien ne ferait pas au pays de tels actes ignobles. Nous avons besoin d’un Etat fort qui donne une égalité de chance à tous les citoyens qui sont égaux en droit et en devoir. Fini la politique de capitulation et de discrimination. Il ne peut pas y avoir de réconciliation car nous avons perdu assez de soldats pour refaire les mêmes erreurs. Ceux qui sont nos frères sont toujours restés avec nous. Il faut être reconnaissant à leur égard. Il faut se remémorer du manque de respect à l’endroit de la délégation de notre assemblée nationale avant le début des hostilités. De surcroît, il éjecter de notre assemblée nationale le soi disant député qui représente ces bandits armés. Il faut s’assumer seulement en faisant preuve de responsabilité dans la prise de décisions et de rigueur dans leur mise en application.
Comments are closed.