Le premier appel au changement de régime adressé au peuple malien a été lancé le 5 juin 2020 par un Triumvirat composé du mouvement Espoir Mali Koura (EMK, pôle associatif dirigé par Cheick Oumar Sissoko), du FSD (pôle politique, dirigé par Choguel Kokalla Maïga) et de la CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko (pôle religieux dirigé par Issa N’Kaou Djim).
L’appel du 5 juin a trouvé un écho et un accueil favorable au sein des forces vives à travers : Anko Mali Dron, le mouvement FASODE, le mouvement MDP, deux Centrales syndicales que sont la CDTM et de la CSTM, le Forum des organisations de la Société civile, la Coordination des Partis politiques adhérents, la Coordination des Associations adhérentes, la Coordination des Femmes, la Coordination des Jeunes, les Coordinations Régionales, la Coordination de la Diaspora… Le jonction spontanée de toutes composantes politiques, associatives, religieuses, syndicales, citoyennes a donné naissance à ce qu’on a appelé dans la foulée Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques en abrégé M5-RFP dont le noyau dur était composé de EMK, du FSD et la CMAS.
La Transition
Progressivement s’est opérée la jonction avec d’autres composantes de notre Peuple, à travers la forte implication de leaders religieux et traditionnels, des commerçants, des détaillants et autres acteurs des marchés de Bamako, des corporations et syndicats des transporteurs, des boulangers, de fonctionnaires des départements des finances et du matériel (DFM), d’agents de police, de surveillants de prison, d’enseignants, de travailleurs des mines.
Ce soulèvement hautement patriotique a été parachevé le 18 août 2020 avec l’intervention des Forces de défense et de sécurité de notre pays conduite par le CNSP (Conseil national pour le salut du peuple) dirigé par le colonel Assimi Goïta.
Mais très tôt, le mouvement unitaire qui a eu raison du régime d’Ibrahim Boubacar Keita a montré des signes de fissures et étalé sur la place publique ses divergences.
Toutefois, le mot d’ordre a mobilisé beaucoup de Maliens, il continue de résonner. Cependant, quelques deux mois après la chute de l’ancien régime, le M5-RFP se rendra compte que toutes ses composantes n’avaient pas la même conception du changement. En tout cas, tandis que Mahmoud Dicko au nom de la CMAS prenait part à la désignation du président de la Transition, pour les politiques, il ne s’agit pas d’enlever IBK pour mettre d’autres hommes à la place et continuer les mêmes pratiques.
Car, en effet, ‘‘certains, parmi nous, qui, en réalité, criaient le changement, mais n’y croyaient pas. Parce que, dès que IBK est parti, ils se sont mis avec d’autres pour continuer les mêmes pratiques… certains sont partis. Moi, je respecte leur choix. Je ne les condamne pas. La partie saine du M5-RFP est restée soudée et elle a élaboré un document qu’on appelle « La vision du M5-RFP pour la transition »… A partir de là, nous allons vers de nouvelles actions, de campagnes politiques, de campagnes de mobilisation, de campagnes d’explication pour amener les militaires à changer la trajectoire de la transition.’’ rapport Choguel Kokalla Maiga dans l’Essor (Décembre 2020).
C’est dans ce processus que l’Imam Oumarou Diarra a été coopté pour siéger à la place de la CMAS dans le Triumvirat de base du M5-RFP après que le beau-fils de l’Imam Issa Kaou Djim ait déclaré que le M5 est mort de sa belle mort (en novembre 2020). Ensuite, l’Imam Oumarou Diarra avec le MPJ Faso Yelen prendra définitivement la place de la CMAS. Car, il vous souviendra que l’Assemblée Générale constitutive du Mouvement Patriotique pour la Justice Faso Yelen de l’Imam Oumarou Diarra s’est tenue le samedi 5 décembre 2020 au Dream Hôtel de Missabougou, donc bien après la chute d’Ibk et bien après qu’il ait refusé de siéger au CNT.
Après un moment d’incompréhension qui a duré 9 mois, les deux légitimités qui ont œuvré pour l’avènement du changement ont fini par se retrouver dans le cadre d’un partenariat stratégique pour rectifier la trajectoire de la transition et pour ainsi poser les jalons de la Refondation du Mali.
Cette vaste entreprise, dans le narratif des autorités de la transition, devrait être inclusive et ouverte à toutes les personnes ou forces politiques et sociales acquises au changement. Donc, pas d’exclusive, mais pas d’inclusivité candide. Le tigre ne pouvant se départir de sa tigritude ou mieux Doso koro te a sonsoro ciogo bila.
Toutefois, elles continuent de prêcher la bonne parole : le Mali Kura est l’affaire de tous les Maliens. C’est avec tout le monde que le changement sera irréversible. Il s’agit de montrer à la face du monde un Peuple uni soucieux de prendre son destin en main par un changement de paradigmes et d’occuper toute sa place dans le concert des Nations. Mais pour le M5, cette quête d’un renouveau passera nécessairement par la mise en œuvre rationnelle et intelligente des 10 points déclinés en 17 mesures fortes dont la satisfaction est exigé par le M5-RFP et dont l’application permettra la Rectification de la trajectoire de la Transition pour la Refondation totale du Mali.
La Rectification
Mais avant. Deux mois après la chute du président IBK, c’est le désenchantement dans les rangs du M5-RFP, mais ce n’est point l’abdication, le renoncement, la démission. Le M5-RFP n’était pas ‘‘mort de sa belle mort’’, mais beaucoup convictions se sont ébranlées et beaucoup d’engagements se sont effilochés. Il revenait, à celui que l’histoire avait propulsé à la tête du Mouvement, Choguel Kokalla Maïga, de rassembler, de mobiliser et d’élargir la base afin de convaincre les Maliens de la pertinence de poursuivre le combat, en dépit de la chute d’IBK.
C’est dans ce contexte que le président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), président par intérim du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), enfin le président du comité stratégique du Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), le Dr Choguel Kokalla Maïga a donné au quotidien national le mercredi 9 décembre 2020 une interview intitulé : «Il faut ramener la Transition sur le droit chemin».
Toutefois, comme l’interdit la sagesse africaine, on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. Estimant que ‘‘la transition, c’est l’enfant du M5-RFP’’, Choguel Kokalla Maïga explique que ce n’est pas parce que votre enfant se comporte d’une manière qui n’est pas satisfaisante que l’abandonniez.
Le combat du M5-RFP n’est pas de chasser les militaires pour prendre leur place, ‘‘c’est d’amener la transition sur la voie du véritable changement.
Sur la voie pour laquelle les Maliens se sont battus et d’autres y ont laissé leur vie’’, a-t-il confié à L’Essor.
Pour lui, ‘‘tous les problèmes que ces militaires ont, aujourd’hui, toutes les difficultés d’ordre institutionnel, politique, auraient pu trouver une solution dans une collaboration loyale et juste entre les forces du changement, dans des décisions entre partenaires, pour mettre en œuvre ce pourquoi les Maliens se sont battus’’. C’est pourquoi, le M5-RFP a promis de continuer à peser de tout son poids pour les amener dans le droit chemin, tout en rappelant les doléances phares de son mémorandum dont la relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. ‘‘Parce que cet accord est inapplicable en l’état’’ (argument d’ailleurs repris en janvier 2024 pour le déclarer caduc), et les réformes politiques et institutionnelles qui doivent conduire à la refondation. Pour le MRFP, les réformes sont nécessaires avec toutes les forces vives de la Nation. ‘‘C’est le chemin que nous avons voulu emprunter. Malheureusement ce chemin est dévié aujourd’hui parce que des apprentis sorciers se sont retrouvés autour des militaires pour les tromper’’.
Les préalables
Lors de sa rencontre avec le secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU (Organisation des Nations Unies), Jean-Pierre LACROIX, le 18 janvier 2021 le Dr. Choguel Kokalla Maïga, président du comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a fait savoir au diplomate onusien que la Transition en cours souffrait ‘‘principalement et fondamentalement et, de façon non exhaustive, de cinq handicaps majeurs qui, s’ils ne sont pas corrigés à temps, signeront inéluctablement son échec en fin de parcours’’. Au nombre de ces défis, il a évoqué :
-le déficit avéré de légitimité des organes de la Transition ayant tous été installés en violation des idéaux et valeurs pour lesquels le changement a été réclamé par le peuple malien. En si peu de temps, explique le président du CS-M5-RFP, les autorités de la Transition ont réussi à se mettre sur le dos toutes les forces vives significatives : partis politiques, syndicats, société civile, organisations professionnelles, etc »,
-la militarisation « outrancière » de l’appareil politique et administratif de gestion de l’État.
Pour le Dr Choguel Kokalla Maïga, les autorités de la Transition ont perdu totalement la boussole qui doit les guider pour réaliser par ordre de priorité les objectifs et impératifs du changement : la restauration et la défense de l’intégrité territoriale, la sécurisation des personnes et des biens, la lutte contre le terrorisme ; la justice pour les victimes des tueries des 10, 11, 12 juillet 2020 à Bamako, ainsi que celles de Sikasso et Kayes ; les réformes politiques, institutionnelles et administratives, sur une base consensuelle et inclusive ; la création des conditions d’élections libres, transparentes et crédibles pour éviter des crises postélectorales ; la lutte contre la corruption et l’impunité ; le respect des droits et libertés consacrés dans la Constitution; la prise en charge de la problématique de la Refondation à travers l’organisation d’Assises nationales.
C’est pourquoi, il estime au nom du M5-RFP dont il est le président du Comité stratégique que les plus hautes autorités de la transition doivent ‘‘prendre ses responsabilités devant le peuple malien et face à l’histoire pour changer ou rectifier la trajectoire de la Transition. Dans le cas contraire nous courrons tous le risque grave de conduire le pays dans une nouvelle impasse’’.
Le dimanche 21 février 2021, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) mobilise ses troupes et tint un meeting au Palais de la Culture de Bamako dans une salle comble, malgré une dissuasion policière sans précédente.
En effet, selon le M5, il y a l’existence d’une complicité objective et d’une convergence d’intérêts et d’objectifs entre l’ancien régime officiellement déchu et les autorités militaires de la transition. Aussi, fidèle à ses idéaux et engagements, il ne peut ni s’associer ni assumer la gouvernance en cours, ni rester non plus observateur passif de ses dérives.
Aussi, il décide d’agir pour mettre un terme à la perpétuation des pratiques que le peuple malien, sous sa houlette, a combattu au prix du sang des martyrs tombés sous les balles assassines du régime déchu.
Parmi ses revendications, le M5-RFP martèle son ‘’NON’’ à la mise en œuvre intégrale et accélérée de l’Accord d’Alger et exige, pour le moins, sa relecture. Pour le M5-RFP, l’intégrité territoriale du Mali, la souveraineté nationale, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’État ne sont pas négociables
S’opposant à la marche d’une transition sans boussole ni repère, ne sachant où aller ni que faire, le M5-RFP prône la tenue sans délai, des Assises nationales de la Refondation pour arrêter le pilotage à vue, les multiples dérives et surtout pour fixer un cap à l’action publique.
Il s’agit pour le M5-RFP de redonner à la Transition son vrai sens et la trajectoire dont elle n’aurait jamais dû dévier.
A cet égard, le meeting du dimanche 21 février 2021 peut être considéré comme le premier jalon de l’entreprise de RECTIFICATION de la Transition entamée par le M5-RFP.
Pour obtenir cette « rectification » de la transition, le M5-RFP remobilise ses troupes à travers la tenue d’une Assemblée Générale avec les responsables et dirigeants de toutes les entités membres du regroupement de Bamako et Kati à la Maison des Ainés de Bamako, le samedi 06 mars 2021 à 16 heures.
A la veille de cette assise, le président du comité stratégique du M5-RFP, Choguel Kokalla Maïga, a, dans une vidéo, invité les responsables des différentes entités membres du M5-RFP à sortir massivement pour prendre part à cette rencontre pour engager la « rectification de la transition » en cours. Il s’agissait, selon le président du Comité stratégique, de donner la parole aux militants pour qu’ils définissent, eux-mêmes, les démarches à suivre dans le combat de « rectification de la transition ».
Dans le même cadre, le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) tient le 6 mars 2021 une Assemblée générale dite de “Rectification” pour examiner la situation sociopolitique nationale et de la marche de la Transition qui prend des tournures de plus en plus inquiétantes.
Faisant le constat d’une part de l’incapacité de la direction du pays à réussir la Transition, tant qu’elle peine à réunir les conditions d’une union sacrée des Maliennes et des Maliens et tant le gouvernement fait montre d’une incompétence notoire à tenir les multiples promesses face au Peuple et à combler les attentes légitimes de l’heure, et d’autre part des manœuvres dilatoires pour donner l’impression d’inclusivité dans la conduite du processus d’Alger et dans le processus d’adoption des réformes politiques et institutionnelles, et de la tenue d’élections transparentes et crédibles, cette Assemblée Générale a constitué un cadre fécond de discussion et de mutualisation des initiatives, stratégies et actions à entreprendre pour la RECTIFICATION de la Transition en cours, conformément aux exigences et impératifs du changement attendu par le Peuple.
C’est ainsi que lors de sa session extraordinaire du 10 mars 2021, le Comité Stratégique du M5-RFP tirant les enseignements de l’Assemblée Générale du 06 mars 2021 a décidé d’aller à la rencontre des militants, sympathisants et de toutes les personnes physiques et morales acquises au changement à Bamako, sur l’ensemble du territoire national et dans la Diaspora, pour définir les voies et moyens à mettre en œuvre pour consolider et élargir sa base sociale et politique en vue des futures activités.
A la suite de ces concertations, le M5-RFP organisera à Bamako, des rassemblements d’ampleur pour imposer la « rectification » de la Transition.
Ces rassemblements seront synchronisés avec des manifestations et actions nécessaires à l’intérieur du Mali et aussi dans la Diaspora.
Le vendredi 9 avril, le comité stratégique du mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), a organisé un point de presse dans l’ancienne cour de la compagnie Bittar Trans sis à Sogoniko. L’objectif était de mettre le point sur les impératifs du changement attendus du processus de Transition.
Sur la détérioration de la situation globale dans notre pays, nécessitant plus que jamais une Rectification du processus de Transition, le comité stratégique du mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) estime qu’afin de créer les conditions d’une Refondation totale du Mali il faut des Assises nationales de la Refondation. En effet, du constat unanime, la Transition n’a pu apporter même un début de commencement de solution aux difficultés que rencontre le pays mais, au contraire, elle les aggrave par son « amateurisme, son manque de compassion et sa volonté effrénée d’accaparement de plus de pouvoir et de richesses ».
Toutefois, lors de cette assemblée, le M5-RFP annonce qu’il observera une trêve pour la période de Ramadan en suspendant certaines de ces activités déjà annoncées.
Les retrouvailles
Après le ramadan, comme les autres forces vives de la nation, le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a été invité à Koulouba pour conférer. Prenant la parole au Palais de la République, au nom du Mouvement, la première fois depuis la chute d’IBK, le Dr Choguel Kokalla Maïga a commencé par certaines mises points ‘‘dans l’intérêt exclusif de la réussite de la Transition, que le M5-RFP considère comme étant son enfant’’.
D’emblée, il a martelé les appréhensions du M5-RFP ‘‘sur la mauvaise direction que prenait la Transition (qui) se sont malheureusement avérées fondées’’. Pour lui, nous avons une ‘‘transition de continuité en cours au lieu d’une transition de rupture réclamée et voulue par notre peuple.
Pour ne pas poursuivre la marche vers un échec irrémédiable dont notre pays, déjà fragilisé mettra du temps à se relever, le M5-RFP préconise la RECTIFICATION du processus de Transition afin de créer les conditions d’une REFONDATION totale du Mali’’.
Voici les deux expressions, les deux socles sur lesquelles repose la transition, employés pour la première fois dans une phrase.
Pour le reste, le président du Comité stratégique du M5-RFP a longuement évoqué les doléances contenues dans le mémorandum de son organisation à savoir les 10 mesures déclinées en 17 actions qu’il propose pour la Rectification du trajectoire de la Transition.
A cette phase de la lutte, le M5-RFP avait-il tort de ‘‘crier haro sur le baudet ?’’. Pour la plupart des observateurs et des Maliens à l’époque, la Transition en cours au Mali avait besoin, non d’un lifting mais d’une ‘‘chirurgie sans anesthésie’’ en profondeur, de plus d’ouverture, de plus d’inclusivité pour maximiser ses chances de réussir. Toutes quêtes qui apparaissait dans toutes les rencontres que le président de la transition Bah N’Daw avait pris l’initiative d’organiser avec les forces vives du pays en d’autres termes le besoin d’intégrer ne serait-ce que les acteurs majeurs à la gestion du pays.
C’est pourquoi, l’appel à une « rectification du trajectoire de la transition» prônée par le M5-RFP rallie les Maliens au-delà des seuls tombeurs d’IBK pour trouver un écho mobilisateur dans toutes les couches de la société et de l’intelligentsia.
La consécration
L’ébullition du front social, la multiplication des manifestations de désapprobations de certaines couches de la population (sit-in et marches contre les délestages électriques, la vie chère, les grèves, les protestations contre certaines nominations, etc) sans compter les revendications politiques qui électrisent davantage le climat confortent le M5-RFP dans sa détermination.
Mais au lieu de l’ouverture attendue, le président Ba N’Daou et son Premier ministre Moctar Ouane, ont choisi de se refermer sur eux-mêmes et de tenter un ‘‘duo solitaire’’. Le 23 mai 2021, l’annonce de la formation d’un nouveau gouvernement prouve leur velléité d’écarter l’ex-CNSP (les auteurs du Coup d’État) et de prendre en otage le peuple malien, dans un contexte social exacerbé par la grève générale et illimitée de l’UNTM.
C’est dans ces conditions que pour déjouer le putsch de Ba N’Daou, le Colonel Assimi Goïta et ses camarades qui l’avaient appelé dans son champ pour lui confier le pouvoir, vont le placer lui, et Son Premier ministre Moctar Ouane «hors de leurs prérogatives».
Selon le communiqué rendu public par le jour de l’Afrique, cela fait ‘‘suite à une crise de plusieurs mois au plan national prenant en compte des grèves et manifestations diverses des acteurs sociaux et politiques, (où) le gouvernement dirigé par M. Moctar OUANE, s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux.
Dans la foulée et de façon unilatérale, le président de la transition a accepté la démission du gouvernement et reconduit immédiatement le Premier ministre…’’
Le vice-président explique dans le même communiqué que lors des démarches en vue de constitution d’un nouveau gouvernement ‘‘le Premier ministre nouvellement reconduit a établi une liste de gouvernement en accord avec le président de la Transition sans concertation avec le vice-président en charge des prérogatives à lui conférées par la charte à savoir, la Défense et la Sécurité’’.
Au regard du limogeage de tous les membres de l’Ex-CNSP (sauf Wagué), le vice-président de la transition et ses camarades, se sont vus dans ‘‘l’obligation d’agir pour préserver la charte de transition et défendre la République en vue de placer hors de leurs prérogatives le Président et son Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation’’.
Deux jours après le placement hors de leurs prérogatives du Président Ba N’Daw et du son Premier ministre, le mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui a réitéré son appel au dialogue inclusif pour la rectification de la Transition. Une demande de rectification de la trajectoire de la Transition qui avait été confrontée à « l’indifférence » du Président et à « l’immobilisme » du Premier ministre de Transition.
Malgré les discussions engagées, dès le soir du 24 mai à Kati avec les militaires de l’ex-CNSP, le M5-RFP maintient sa doléance de 10 points déclinées en 17 actions dans son mémorandum soumis au président sortant de la Transition, Bah N’Daw.
C’est dans ce contexte qu’il maintient sa manifestation populaire du 4 juin pour soutenir la dynamique de Rectification en cours, pour jeter les bases de la Refondation du Mali.
Le mercredi 26 mai 2021, au cabinet du chef de file de l’opposition malienne, le Comité Stratégique du M5-RFP, réuni en session ordinaire, fait du surplace et ne transige point sur sa démarche.
Deux jours plus tard, il a organisé le 28 mai 2021 un point de presse au siège du parti de Jeamille Bittar sur la crise institutionnelle que vit le Mali actuellement. Lors de ce point de presse, les responsables du M5 RFP, à l’unanimité, ont proposé le Dr Choguel Kokalla Maiga qui sera au poste de Premier ministre.
Si le M5-RFP fait bloc pour la mise en œuvre des 17 mesures salvatrices pour le Mali, il se dit ‘‘en contact étroit avec les autorités de la Transition pour la prise en compte de ces mesures et le cas échéant s’engagera à jouer pleinement et efficacement son rôle et sa partition pour la réussite de la Transition qu’elle n’a jamais cessé de présenter, à juste titre, comme son bébé’’.
Après avoir constaté la démission du Président de la Transition Ba N’Daw dans une lettre du 24 mai 2021 ainsi libellée : «… je voudrais en ce moment précis tout en remerciant le peuple malien pour son accompagnement le long de ces derniers mois, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit… », dans l’arrêt N°2021-02/CC du 28 mai 2021 relatif à la vacance de la présidence de la transition, la Cour constitutionnelle, gardienne suprême de la légalité républicaine, de l’équilibre et du jeu institutionnel ‘‘dit que le Vice-Président de la Transition exerce les fonctions, attributs et prérogatives de Président de la Transition pour conduire le processus de transition à son terme. En outre, la Cour ‘‘dit qu’à compter de la notification du présent arrêt, le Vice-président de la Transition porte le titre de Président de la Transition, Chef de l’État’’.
Ainsi le 7 juin 2021, avec la prestation de serment du colonel Assimi Goïta comme président de la transition et sa nomination de Choguel Kokalla Maïga comme Premier commence la Rectification, de la trajectoire de la transition dont la finalité est la Refondation de l’État, pour l’émergence du Mali-Kura.
La Rédaction