Le 3 mai 2007, lors du fameux meeting du FDR du stade Omnisports Modibo Keïta, après leur campagne désastreuse de la présidentielle du 29 avril contre ATT, les ténors de cette coalition présidée par IBK, le président de l’Assemblée nationale et du RPM, avaient fait monter la pression devant une foule de militants passionnés.
rn
On s’attendait au pire devant la montée en puissance des faucons de l’opposition. Passé ce cap difficile, on croyait que le FDR allait mieux se structurer pour inscrire ses actions dans la durée comme il sied à toute opposition qui se respecte, dans le but de conquérir le pouvoir. Les attentes de ses partisans sont en passe d’être déçues, tellement ses leaders sont dépassés par les évènements, sans aucune visibilité et plus aucune ambition pour l’avenir du regroupement.
rn
Au stade Omnisports Modibo Keïta, après Blaise Sangaré de la CDS, Boubèye Maïga de Convergence 2007, Tiébilé Dramé du Parena, Ibrahim Boubacar Keïta comme grisé et emporté par l’atmosphère ambiante s’était laissé aller lui aussi à des imprécations dépassant les bornes du raisonnable. Il avait notamment déclaré : «Le 29 avril 2007 est une insulte au peuple malien ; le voile a été levé sur le mythe, l’imposteur ATT. Quand j’ai entendu que c’est lui qui est l’homme de l’avènement de la démocratie, je lui laisse la responsabilité du ridicule. Avec le 29 avril 2007, le roi est définitivement nu.
rn
Aujourd’hui, le doute n’est plus permis qu’il n’y a pas de démocratie au Mali. Nous avons un autocrate avec à ses côtés des politiciens dévalués dont j’ai de la peine à prononcer leurs noms. Notre digne peuple débout réclamera son suffrage aux petits apprentis sorciers. Nous trahirons le peuple si nous continuons cette mascarade électorale. Car ce qui s’est passé le 29 avril 2007 est indigne et intolérable…Quand un chef d’Etat tente de tromper son peuple, il ne doit plus avoir le mérite, la confiance de celui-ci. »
rn
LE TRIOMPHE DE LA VERITE ?
rn
A l’issue de cette diatribe contre son vainqueur ATT, son régime et les résultats de l’élection présidentielle, IBK contrairement aux durs du Front qui poussaient à l’insurrection populaire avait conclu : « Aujourd’hui, l’heure est grave. Nous n’allons pas, cependant appeler à casser notre pays mais à user de toutes les voies républicaines pour le triomphe de la vérité. » Depuis lors des eaux apaisantes, sous l’égide d’IBK, ont coulé sous les ponts de l’extrémisme des faucons du FDR qui a reconnu la victoire du président, Amadou Toumani Touré. IBK a tenu à se déplacer personnellement pour honorer de sa présence la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République se succédant à lui-même. Il fut rejoint par Blaise Sangaré, alors qu’on notait l’absence remarquable des deux autres ténors du Front : Tiébilé Dramé et Soumeylou Boubèye Maïga.
rn
Ce revirement d’IBK venait après les menaces de boycott des prochaines élections législatives. Une décision qui, si elle devait être mise à exécution, allait irrémédiablement diviser les rangs et sonner le glas du FDR et les espoirs des différents partis associés de figurer honorablement à l’Assemblée Nationale. Signe des temps : les militants des sections de base sont désormais convaincus que la politique, même si elle est un jeu, est une chose trop importante pour être laissée totalement au bon vouloir des leaders et des appareils des partis politiques de l’opposition. A l’occasion des prochaines législatives, ils ont fait entendre leur différence en signant des alliances avec des partis de l’ADP, la mouvance présidentielle, en passant outre les consignes du sommet.
rn
LE FDR QUISE NOIE
rn
Un phénomène très significatif qui va donner du piment aux élections législatives prochaines. Il exprime la volonté des militants des sections de base de reconstruire le Front pour la Démocratie et la République sur les fondations du réalisme et du compromis politique dans un climat apaisé sans lesquels il n’y a guère de salut dans une démocratie qui se respecte comme la nôtre.
rn
Après la débâcle de la présidentielle et le feu de paille s’une frange d’anarchistes décidés à mettre le feu au pays pour cause d’espoirs déçus, les leaders et le front ont navigué dans une sorte de flou artistique et dans un grand désarroi, sans aucune boussole pour leur indiquer le chemin. Ils se sont accroché aux législatives comme à une bouée de sauvetage, alors qu’elles doivent-être considérées comme le début du commencement du long chemin qu’ils doivent faire ensemble.
rn
C’est pourquoi certains analystes déçus ont prédit la mort inéluctable du FDR dont ils jugent les intérêts des partis membres divergents et inconciliables. Car contrairement à son objectif le FDR ne constituerait plus « un pôle démocratique et républicain, solide et stable pour la conquête et l’exercice du pouvoir. »Le ver est inexorablement dans le fruit. Il y a visiblement de la lassitude et la démobilisation dans les rangs.
rn
A ce rythme, à moins d’un sursaut salvateur de ses leaders et militants après les législatives ou d’un miracle, le glas risque de sonner définitivement pour le Front pour la Démocratie et la République, cette alliance formidable des forces d’opposition qui, après avoir porté un moment les immenses espoirs de ses dizaines de milliers d’inconditionnels, risque de n’avoir été qu’un regroupement hétéroclite de circonstance à des fins électoralistes.
rn
Oumar Coulibaly
rn
rn
“