Le RPM de Bocari Tréta peaufine sa stratégie. Un seul objectif : susciter la candidature du président Ibrahim Boubacar Kéita pour un second et dernier mandat ; assurer sa réélection à l’élection présidentielle de 2018.
L’intéressé lui-même n’a encore rien dit à ce sujet, mais son entourage assure qu’il sera candidat et remportera les élections présidentielles de 2018. Ibrahim Boucar Kéita dit « IBK » puisque c’est de lui qu’il s’agit va bientôt boucler son premier quinquennat à la tête du pays, quinquennat débuté en 2013 par sa victoire à l’élection présidentielle. Sera-t-il candidat pour sa propre succession, on n’en sait guère. Mais son entourage en a la certitude. Le RPM, son parti, par la voix de son président Bocari Tréta a déjà annoncé que le président sortant sera candidat à sa propre succession.
Les élections sont prévues courant 2018 ou au plus tard 2019. Soit dans un ou deux ans environ. Chaque camp politique élabore sa stratégie et le RPM, le parti présidentiel mobilise ses troupes. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre et analyser ses récentes visites à certains partis politiques. Le dernier en date est l’ADEMA PASJ, parti de la majorité présidentielle. Ce parti est un véritable poids lourd sur la scène politique nationale ayant déjà remporté successivement deux élections présidentielles au Mali (1992 et1997). Selon les observateurs de la scène politique nationale, l’ADEMA demeure une véritable machine électorale pour preuve quoique ayant perdu les élections de 2002, le parti est resté une force politique tant à l’Assemblée nationale que dans les collectivités locales. On reproche à ce parti de n’avoir jamais eu assez de courage politique pour animer l’opposition ; il s’est toujours aligné derrière la majorité présidentielle. Et c’est tant mieux pour le président IBK qui peut compter sur le soutien de ce parti ou du moins sur une grande partie des militants de la Ruche. Car, l’ADEMA demeure un parti ambigu avec des cadres qui disposent d’une « liberté » de choix. A l’heure actuelle, on dit que le parti est divisé entre soutenir la candidature du président sortant, IBK, et présenter son propre candidat. Toujours est-il que, le RPM, sorti tout droit du flanc de cette grande formation (résultat d’une scission en 2001) a cru bon de commencer son opération de charme par cette formation politique par une visite d’échanges entre responsables de partis la semaine dernière. Au-delà du fait que les deux partis ont affirmé avoir échangé sur l’actualité nationale notamment la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, cela va sans dire que le fond des échanges a dû porter sur la stratégie politique pour les élections présidentielles de 2018. C’est vrai qu’il y en a qui caressent l’idée de reconstitution de la « grande famille ADEMA ». Mais pour quand ? Pas, en tout cas, pour ces perspectives présidentielles de 2018. Car, il est encore trop tôt de parler de retrouvailles même si c’est le vœu caché du président IBK qui n’a jamais en réalité quitté « moralement » son ancien parti l’ADEMA. En témoignage la place de choix faite à ces anciens compagnons dans les premiers attelages gouvernementaux.
Le défi de Bocari Trété, comme cela a toujours été dit, c’est d’arriver à rassembler d’abord sa propre famille politique et ensuite mobiliser au-delà. C’est ce qu’il tente de faire actuellement en allant à la rencontre d’autres formations politiques. Car, disons-le, le RPM est encore loin de redevenir la machine électorale qu’il fût avant 2013. Il a besoin de mobiliser autour de son candidat.
D’ailleurs, à l’issue des élections présidentielles de 2013, IBK lui-même n’avait-il pas reconnu que sa victoire était due plus à une mobilisation générale (tout bord politique confondu) qu’à la capacité de son parti le RPM de pouvoir remporter la victoire. Le RPM a-t-il suffisamment de temps pour se reconstituer et se renforcer ?
Il n’est pas si sûr. Les résultats des élections communales passées, ne permettent pas de renforcer les certitudes. De ce fait, le RPM doit remobiliser la majorité présidentielle afin de constituer une force alternative à celle qu’essaie de former une opposition très opportuniste des erreurs de gouvernance commises.
La réélection de « IBK » est possible. Mais, il faudra pour sa famille politique, savoir mutualiser les forces et créer une synergie positive autour de sa candidature. Cela passe par le rétablissement de la confiance entre partis de la convention de la majorité présidentielle et celle avec les électeurs.
Tièmoko Traoré