Le 51ème anniversaire de notre indépendance nationale s’est déroulé dans un contexte politique très agité. Pourtant, cette fête semble quelque peu aplanir l’ardeur de la vague de contestations engendrée par les reformes politiques et les perspectives de 2012. Dans cette ambiance de course effrénée au pouvoir les différents acteurs affûtent leurs armes dans une vigilance sans pareille.
A quelques mois du scrutin présidentiel de 2012, l’accalmie qui règne de nos jours n’est qu’apparente. En effet, les états majors politiques sont en ébullition, chacun y va de ses stratégies. Entre temps, le combat pour un fichier électoral consensuel reste la dernière ligne rouge que les partis politiques entendent défendre à tout prix. En effet, ce combat semble déterminer toutes les autres perspectives politiques toutes vouées à l’échec si celui-ci n’est pas gagné. Pourtant, tous les acteurs de la scène politique sauf l’Adema Pasj sont dans ce combat pour un fichier consensuel. Les abeilles pour leur part n’ont pas adhéré au collectif, elles sont restées muettes face à cette demande légitime des forces politiques.
Alors l’Adema a-t-il un intérêt particulier dans le maintien de l’actuel fichier électoral ? A l’Administration territoriale c’est plutôt les coûts qui sont brandis pour ne pas prendre en compte les propositions d’améliorations des partis politiques. L’échiquier politique est plus qu’animé de nos jours avec des candidats investis ou en attente, les hésitants et les fantaisistes. Tous sont déterminés à saisir l’opportunité de l’ouverture de ce scrutin auquel ne participe pas le sortant.
Les démonstrations de force se poursuivent et réconfortent jusque-là les grands pronostics. Après Oumar Mariko de la SADI , l’Adema et l’URD, le RPM est attendu tout comme l’ex Premier ministre Modibo Sidbé, et probablement Blaise Sangaré de la CDS Mogotiguiya et tous les autres annoncés.
Le semblant d’accalmie démontre une fois de plus la grande suspicion qui va planer sur le scrutin de 2012. En effet, les grands candidats comptent sur le soutien du sortant, pourtant celui-ci ne semble pas disposer à s’afficher.
Alors c’est plutôt à son jeu favori, une fois de plus, qu’il va s’adonner à savoir l’ambiguïté et la confusion. Dans cette dynamique, ses amis du PDES ont un héritage.
En effet, seulement un an après sa mise en place la confusion est le maître-mot de la vie du PDES qui est englué dans un bras de fer de leadership mortel.
La plupart des acteurs politiques que nous avons rencontrés cette semaine pensent que les 3 à 4 prochaines semaines seront décisives dans les perspectives politiques de notre pays. C’est à compter de cette période que la plupart des chantiers pour 2012 seront entamés. Après les festivités du 22 septembre, les responsables politiques sont déterminés à aborder ce tournant avec clairvoyance.
En effet, entre la volonté de plaire au sortant le risque d’afficher ses convictions, il y a un pas que beaucoup ne franchissent pas. Alors, c’est pourquoi la contestation du fichier électoral et surtout du projet de Constitution à susciter de l’enthousiasme de la part des analystes politiques qui ont admiré ce débat, signe de vitalité démocratique.
En plus, jusque-là il n’y a pas eu de dérapages liés à ce débat qui à un moment a donné lieu à des chaudes empoignades verbales entre pro et anti-réformistes.
Dans cette situation d’imbroglio politique, la République retient son souffle face aux challenges de 2012, soit elle réconforte sa position ou alors elle bascule dans la contestation et l’incertitude. Alors, c’est au soldat de la démocratie de jouer son dernier joker pour maintenir le cap, en tout cas il en a les moyens certainement aussi de la volonté.
En attendant, l’accalmie actuelle est bien le prélude à de chaudes empoignades qui vont émailler les discussions politiques pour 212.
Ousmane COULIBALY