Perspectives politiques : Le MPR-UDPM entre grâce et disgrâce

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Choguel Kokala Maiga
Choguel Kokala Maiga,DG AMRTP

L’histoire du Mali a basculé le 26 mars 1991 à la suite du putsch pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme intégral avec son corolaire de liberté d’expression. Depuis, sont nées toutes sortes de partis politiques et d’associations.
C’est après une lutte sans merci que le mouvement patriotique pour le renouveau – union démocratique du peuple malien a obtenu son sigle et sa création. Alors, il ne pouvait qu’être dans l’opposition pour sa crédibilité. Après ces actes de bravoure, le parti finit par se rallier au pouvoir pour se refaire une santé. Depuis, il est entre grâce et disgrâce.
Après la Baule en France, les pays francophones d’Afrique ont été presque tous secoués. La France ayant imposé l’ouverture démocratique pour bénéficier de son aide et de son soutien. Au pouvoir, l’homme du 19 novembre 1968, Général Moussa Traoré qui attendait son congrès pour cette ouverture a été trahi par les siens. Alors, il va imposer la force des armes mettant Bamako et certaines villes de l’intérieur à feu et à sang. Face à ce scénario jugé honteux et contraire aux vertus du peuple malien, de jeunes officiers et subalternes, à la suite d’un combat ardu d’hommes politiques et de la société civile, vont procéder à un coup d’état. Moussa et son clan comme l’actuel pouvoir, la belle famille, seront mis aux arrêts. Il faut alors réorganiser l’Etat et chercher à convaincre le peuple bien que meurtri mais favorable à GMT d’avoir arrêté Modibo Kéïta qui n’avait pas bonne presse.
De retour de ses études de Moscou, Dr Choguel K. Maïga, soutenu en sourdine par quelques caciques de l’ancien parti unique va se battre pour la restauration et la préservation des idéaux de Moussa. Au moment où croupissaient encore des anciens dignitaires engagés et plus populaires que lui. En véritable tigre (l’emblème du parti, l’UDPM c’était le lion debout), Choguel malgré les menaces, les arrestations va triompher. Il obtient son sigle et crée le parti. Sans hésitation ni murmure comme chez les militaires, le Mpr va dans l’opposition avec le Bdia Faso jigi. C’est pourquoi, le président dans son adresse aux militants ce samedi 21 février au CICB résume les 20 ans du parti à ceci : “S’il faut résumer les 20 ans, du MPR, nous dirons qu’il ya eu plusieurs étapes : l’étape de la lutte pour la renaissance et le droit à l’existence légale ; l’étape de l’opposition et de la tentative d’isoler du MPR ; l’étape de la participation aux
gouvernements et aux institutions.”
Considéré comme un parti atypique, le tigre, bien que dans l’opposition, va se battre pour sa reconnaissance et celle de celui dont il entend défendre l’héritage. Et puis pour l’union pour la construction par la prise en compte de la contribution de tous les fils du pays à l’édification d’un Mali nouveau, comme l’a signifié Choguel dans son discours. Par cette lutte héroïque, Choguel a contribué à l’encrage d’une vraie démocratie dans notre pays à un moment où naissait un parti-état, l’Adéma Pasj.
Après cette période de disgrâce et de déboires, presque seul à porter le parti avec quelques ténors pétris dans l’ombre, le tigre était contraint à l’alignement pour survivre. Même si Choguel indique que le préambule du parti dispose ceci : “La réconciliation nationale, la démocratie consensuelle, le libéralisme à visage humain et le droit de chaque Malien à une vie décente sont notre credo pour bâtir au Mali une société solidaire, tolérante, harmonieuse, respectueuse des valeurs universelles de liberté, d’équité et de justice, qui a foi en l’unité africaine et en la coexistence pacifique entre les peuples.”
Finalement, c’est entre grâce et disgrâce que le MPR-UDPM va évoluer. Alors, de 1994 à 2013, il se retrouve dans différents regroupements. Ente 1992 et 1996, avec feu Tiéoulé Mamadou Konaté, le RFP ; puis entre 1997 et 2000, au COPPO, pour la défense et la sauvegarde de la démocratie lorsqu’IBK Premier ministre massacrait tout au profit de l’Adéma. Ce temps révolu, IBK chassé de l’Adéma et se présentant en victime expiatoire, le MPR a cru que le mandé mansa avait la faveur des pronostics. Il prend fait et cause pour Espoir 2002 pour l’alternance, entre 2001 et 2004. Fatigué et déboussolé, il fallait chercher à renflouer les caisses du parti, à pouvoir préserver les quelques cadres et à pouvoir se repositionner sur l’échiquier politique national. Alors, il revient dans la majorité dans l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) qui regroupait tous les mastodontes excepté le Rpm pour la réélection d’ATT, c’était en
2007. Depuis, son président et bon nombre de ses cadres ont bénéficié de la grâce du pouvoir jusqu’au jour où le Mali a été mis à genou, le 22 mars 2012 par un putsch perpétré par des hommes politiques en perte de vitesse et de jeunes militaires avides d’argent et de biens matériels. Choguel a su prendre sa responsabilité, il s’est aligné derrière le FDR (front pour la défense de la démocratie et la République). Il va s’assumer avec son parti jusqu’à l’organisation des élections de 2013. Battu au 1er tour, Choguel ayant senti le bon vent va trahir la parole donnée au FDR, il va demander à ses militants de voter IBK. Et aujourd’hui, avec son parti, ils sont dans la grâce de la Convention pour la Majorité Présidentielle (CMP) et de l’Alliance Pour le Mali (APM).
Il faut signaler que le tigre s’est souvent signalé par des propositions concrètes et des prises de position assez responsables sur des situations d’intérêt national. D’où Choguel de dire que la vision de son parti se résume en ceci : sursaut national pour l’unité et la défense de la patrie malienne ; sursaut national, pour préserver l’unité et l’intégrité du territoire national, promouvoir le développement durable, réussir la décentralisation en restituant la parole aux populations, créer l’Ecole adaptée à nos réalités, à nos spécificités.
Boubacar DABO

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