Perspectives politiques de la Transition : Pourquoi la rupture sera quasiment impossible

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Avec le renversement du régime IBK le 18 août dernier, les brèches semblent ouvertes pour « la refondation du Mali ». Sauf que les signaux de cette refondation tardent à pointer à l’horizon, avec une classe politique plus que réticente et hésitante…
Tout d’abord, le premier constat est que les responsables sociopolitiques ayant mené le combat pour renverser le régime IBK ont, pour la plupart, joué des rôles majeurs au sein de sa gouvernance, de 2013 à 2020.
Ainsi, l’imam Mahmoud Dicko, Dr Choguel Maïga, Me Mountaga Tall, le Général Moussa Sinko Coulibaly, Konimba Sidibé, Me Mohamed Aly Bathily, Hamadoun Touré, etc ont assuré de hautes missions aux côté de l’ex-président, IBK. Celui-ci a, lui-même, servi le Mali en tant que Premier ministre (pendant 6 ans, longévité à ce poste) sous le président Alpha Oumar Konaré et en tant que président de l’Assemblée Nationale sous le président ATT.
Or, il est de notoriété qu’au renversement du régime d’ATT en 2012, toute la classe politique avait surfé sur l’opportunité de refonder la gouvernance du pays. Et IBK, qui sera élu à l’élection présidentielle 2012, n’aura pas atteint cet objectif. Au contraire, le pays s’est enfoncé dans la gabegie, la corruption, le népotisme, l’impunité et le laxisme. C’est au point que le fils du chef de l’Etat, député Karim Kéita, était soupçonné, à tort ou à raison, de se préparer pour lui succéder en 2023. Une perspective non encore envisagée dans les 60 ans de parcours politique du Mali indépendant.
Ensuite, les conditions dans lesquelles s’amorce la Transition actuelle laisse croire à un véritable « IBKisme sans IBK». Cette impression est fortement liée au fait que le président de la Transition, Bah N’Daw, malgré ses qualités, est un éphémère ministre de la Défense sous IBK. Il aura servi sous les ordres de l’ex-président avec lequel il n’a pas rompu les amarres, même si les deux hommes ont eu des divergences de vue sur la gestion de l’outil de défense nationale…
A cela s’ajoute l’existence dans l’attelage institutionnel d’un vice-président, le Colonel Assimi Goïta, le véritable exécutant du coup d’Etat dont le concepteur semble être Bah N’Daw. Et ce vice-président chargé d’opérer les réformes profondes au sein des forces armées et de sécurité n’a été que le bras droit du président IBK à la tête des forces spéciales du pays. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que dans tous les pays, le chef des tireurs d’élite de l’Etat sont des collaborateurs directs du chef suprême des armées. Surtout que ce chef suprême des armées avait hissé son fils aîné à la présidence de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale. Le député Karim Kéita n’a-t-il pas, à plusieurs occasions, côtoyé et passé des « moments de communion » avec les chefs des unités de l’Armée au centre et au Nord du pays ? L’on peut donc imaginer le type de rapports « privilégiés et d’estime » qui existe entre les principaux officiers ayant mené le coup d’Etat et le chef de l’Etat et ses proches collaborateurs. N’est-ce pas l’élément décisif qui a incité à « un putsch des plus civilisés » ? N’est-ce pas le facteur décisif qui a fait que les militaires qui ont perpétré le coup d’Etat n’aient pas un seul instant violenté ou bousculé un tant soit peu les dirigeants lors de ce renversement ? Comment alors envisager une rupture quelconque avec l’ancien système, dont les nouvelles autorités nieraient une certaine redevabilité ?
En outre, avec la mise en place progressive des organes de la Transition, l’on ne peut taire les appréhensions sur les accointances avérées entre les nouveaux responsables du pays et les anciens. Certains ministres et de hauts responsables militaires et administratifs jouissent de relations privilégiées avec les anciens dirigeants du pays.
Par ailleurs, comment expliquer que les nouvelles autorités n’aient pas un seul instant, ne serait-ce que dans un discours officiel, dénoncé la mauvaise gouvernance et les autres tares du régime IBK. Au contraire, le président Bah N’Daw a plutôt récemment félicité IBK pour ses efforts en vue de la libération de son opposant Soumaïla Cissé, pris en otage par de présumés jihadistes maliens. Sans compter qu’il nous revient que le Premier ministre Moctar Ouane a toujours eu de très bons rapports d’estime et de considération pour le président IBK et ses proches. Avec de tels éléments d’osmose entre nouveaux maîtres du pays et les anciens, à quelle rupture peut-on s’attendre pour voir refonder le Mali ?
Enfin, il est probable que les nouveaux patrons du pays, qui sortiront des prochaines élections générales, seront à mille lieues de la rupture d’avec l’ancien système politique. La preuve, Soumaïla Cissé, l’un des sérieux prétendants à la présidence de la République vient de rendre hommage à IBK avant de le contacter au téléphone pour avoir des nouvelles sur sa santé. Quid du reste du retour au pays d’IBK, après son séjour médical aux Emirats Arabes unis ? L’ancien président ne doit-il pas assumer un devoir de rendre compte de sa gouvernance durant les 7 dernières années ? Quid du sort de son puissant Premier ministre et ministre de l’Economie et des finances durant plusieurs années ? Voilà autant de questions qui poussent à croire que la rupture d’avec le système IBK n’est pas pour demain. Surtout que des chapelles politiques très encrées dans l’IBKisme ont encore pignon sur rue et pourraient contribuer à installer au pouvoir une sorte de sosie d’IBK dans seulement 18 mois ! Et ce n’est pas la nomination de Samir Naman, chef du protocole du président de la Transition et de Mme Sanogo Aminata Mallé comme nouveau Médiateur de laa République, qui inspirent à croire au contraire.
Boubou SIDIBE/Maliweb.net

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8 COMMENTAIRES

  1. Je rappelle que les militaires au mali sont ceux qui ont trahi le mali et le peuple malien depuis les années 60 :
    -ce sont les militaires qui ont tué modibo keita
    -c’est une dictature militaire, moussa, de 23 ans qui mis à genous le pays
    -c’est un militaire, att, qui a laissé des voyous armés libyens, plus armés que l’armée malienne entrer au mali
    -ce sont les militaires du cnsp qui ont trahi la révolution malienne

    Je n’ai pas confiance aux militaires maliens du cnsp …

  2. C’est bien de rester vigilants et critiques vis à vie des acteurs de la vie publique au Mali. Mais soyons optimistes aussi: ce qui s’est passé au Mali ces derniers mois restera encré dans les esprits des maliens et meme dans le reste de l’Afrique. Et les maliens ont bien compris qu’il ne faut plus se laisser faire par nos dirrigeants. Ils/ elles se lèveront de nouveau si le changement ne viendra pas.

  3. La rupture se ferait sans équivoque, car la marche est cousue de mensonge, de tricherie, et traitrise, ces fléaux ne marchent pas sur cette terre malienne bénie depuis la nuit des temps. Ces trois hommes devraient incarner la vérité, la justice et la sincérité comme le proclame l’hymne du mandé, qui stipule “(i) Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appelle aux hommes plus valeureux ; (ii) Si tu ne peux dire la vérité en tout lieu et en tout temps fais appelle aux hommes plus courageux ; (iii) Si tu ne peux être impartial cède le trône aux hommes justes ; (iv) Si tu ne peux protéger le faible pour braver l’ennemi donnes ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiquerons le chemin de l’honneur ; (v) Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donnes la parole aux griots, Oh ! FAMA le peuple te fait confiance, il te fait confiance parce que tu incarnes ses vertus.” fin de citation.

  4. Ce coup de force n’est que du bluff en réalité. J’ai plutôt l’impression que c’est un arrangement entre IBK et les militaires pour permettre le retrait de l’ancien président en toute impunité. Les faits en constituent le témoignage éloquent. IBK est parti, il est vrai mais le système demeure. Il faut s’attendre tôt ou tard a un autre coup de force vu la situation sécuritaire encore critique. La situation de Farabougou ne devrait même pas existé, les militaires étant au pouvoir. Ce n’est maintenant qu’une question de temps. Wait and see !

  5. Cet article ne relève point de l’alarmisme. A quelques heures de l’annonce du coup d’Etat à la télévision nationale, certaines rumeurs tenues à partir de milieux militaires annonçaient une difficile négociation à Kati entre IBK et ses tombeurs sur un scénario selon lequel IBK pouvait rester Chef d’Etat sans pouvoir exécutif s’il confiait la gestion du pays à un premier ministre militaire. Sans doute que le vieux président fatigué en avait finalement marre et a fini par lâcher complètement prise.
    On peut comprendre la haute estime des dirigeants actuels sur lui, mais mon avis est qu’ils n’ont pas le choix. A moins de finir par subir le sort de IBK, ils sont obligés de rompre avec le système.
    Le peuple attend et M5 est en train de fourbir ses armes. La lutte contre la corruption et l’impunité sur les affaires d’avion présidentiel et d’équipements militaires y compris les avions cloués au sol doit être nécessairement et très rapidement menée pour donner le ton.

  6. If it must be publicly acknowledge then I will bring rumor that appear quite true to surface. Karim Keita is cocaine addicted coward. If he was all they wanted him to be or at least qualified to be president he would have at least for short term joined military plus tasted warfare. He is fortunate he was able to buy his freedom considering unnecessary murders he ordered or / plus caused. He lived high life blind to poverty that should not exist for Malians. If what acknowledged in article is true about planning plus actions of President N Daw plus Vice President Goita that led to IBK overdue resignation it was heroic feat that have led them to be placed in position where more heroic feats must timely be performed to get Mali out of cesspool of impoverish living plus many many robbers from throughout this world trying to seize our oil fields. This is no job for squeamish or backward thinking or those who place Islam above people of Mali well being. God do not need or want for us to do that. Only stupid would do it.
    Only working smart plus timely will get us out this mess.
    Work smart Mali.
    Henry Author Price Jr aka Kankan

  7. Une transition déguisée serait probablement en cours. Ces acteurs ont certainement sous le manteau un projet de restauration de l’ordre ancien. Remarquez que les jalons de la refondation tardent à être posés. On a le sentiment qu’il y a du dilatoire dans le processus.

    Il ne nous reste plus qu’a leur barrer la route à travers des manifestations semblables à celles du M5.C’est vital pour notre démocratie et nécessaire pour la préservation de notre dignité.

    Il nous faut une rupture complète avec les pratiques du passé. A mon avis cela passe par un renouvellement de la classe politique.

    Chassez le naturel il revient au galop dit l’adage. Ainsi la classe politique actuelle a beau se présenter sous de meilleurs auspices elle reproduira les mêmes tares qu’on lui a connu si jamais la gestion du pays devait encore lui être confiée.

    Epargnons le peuple d’un nouvel hara-kiri. Sinon la renaissance pourrait encore être laborieuse.

    • ahoui ,

      ILS DOIVENT NOUS FAIRE PARVENIR LEUR DÉCLARATION DE PATRIMOINE, AVANT TOUT…!!!!

      TOUTE L” ÉQUIPE DE LA TRANSITION A DÉJÁ VIOLÉ LA LOI, EN CE SUJET…

      ALORS QUE SERA LA PUNITION ???

      QU’ EST DEVENU LE MALIEN D’ EN HAUT : UN VOLEUR, UN MENTEUR UN TRAITRE, , UN LARBIN CONGÉNITAL, UN SOUS-HOMME, UN MINUS- HABENS,

      ALLONS-NOUS ACCEPTER UNE BANDE DE VOLEURS, DE MENTEURS, DE TRAITRES Á LA PLACE D’ UNE AUTRE BANDE DE VOLEURS, DE MENTEURS, DE TRAITRES , DÉTRUIRE DAVANTAAGE LE PAYS..???

      NON, NON, ENCORE NON.
      NOUS ALLONS DEVOIR APPRENDRE Á ASSASSINER TOUT DIRIGEANT QUI VOLE, MENT OU TRAHIT.

      LA SOLUTION SERAIT, SEMBLE T-IL L’ ÉLIMINATION PHYSIQUE ET NETTE DE CETTE RACE DE SOUS-HOMME QUI BOIT LE SANG DES MALIENS.

      LA SOLUTION EST DONC BIOLOGIQUE…!!!!

      DIGNES MALIENS, ORGANISONS-NOUS…!!!

      Á MON TRÈS CHER “FANGA”, QUI EST DE TOUT COEUR UN CROYANT FERVENT DE LA LÉGALITÉ: LE CAS DU MALI A GLISSÉ DANS LA MALÉDICTION-AURDITÉ BIOLOGIQUE, LA SOLUTION NE POURRAIT QUE ÊTRE L’ ÉLIMINATION BIOLOGIQUE DE L’ ÊTRE ATTEINT PAR LE FLÉAU “MALÉDICTION-AURDITÉ BIOLOGIQUE” .

      QUI POURRAIT NIER QQUE DES GÈNES BIOLOGIQUES D’ EXPRESSION DU VOL, DU MENSONGE ET DE LA TRAITRISE SE SONT INSTALLÉS AU POUVOIR AU MALI DEPUIS FORT LONGTEMPS..????

      DONC AUCUNE SOLUTION AUTRE QUE BIOLOGIQUE: ASSASSINAT CIBLÉ SYSTÉMATIQUE PÉRIODIQUE OU CONTINUEL DES VOLEURS, DES MENTEURS ET DES TRAITTRES

      SANEÈ ANI KONTRON…!!!!

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