La démocratie malienne est reconnue comme un modèle à travers le monde. Ce caractère exemplaire lui est reconnu en raison de la culture de la paix sociale et des valeurs de solidarité qu’elle s’efforce de perpétuer et de pérenniser, tant à l’intérieur des frontières nationales qu’à l’extérieur de notre pays.
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Commencée par une expérience de courte durée de gestion consensuelle, initiée par l’ancien président Alpha Oumar Konaré, la jeune démocratie malienne a connu pendant quelques années un climat politique assez tendu, avec une opposition très remontée contre le pouvoir. Les premiers ténors de cette opposition furent entre autres les membres du CNID, ceux qui animent aujourd’hui le parti SADI, l’US RDA, le RDP ; pratiquement on y comptait plus d’une vingtaine de partis. Ils s’opposaient à la gestion du pouvoir par l’ADEMA, et ses alliés beaucoup moins nombreux à l’époque.
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Pendant que certains pensaient que ce n’était pas une opposition constructive, d’autres, parmi lesquels, des partenaires du développement n’en ont vu qu’une expérience féconde et fécondante pour la consolidation du processus démocratique. Il y avait, en effet, de véritables contre-pouvoirs. S’ils n’ont pu changer fondamentalement ce cours du processus, ils ont cependant permis de mieux édifier l’opinion publique nationale et internationale sur la gouvernance démocratique au Mali.
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On ne peut faire des omelettes sans casser les œufs, dit-on. Ainsi, le long des deux mandats de l’ADEMA, les animateurs de l’opposition ont broyé du noir. Par ce fait, ils se sont ragaillardis, très aguerris, devions-nous dire. Mais pour autant, avaient-ils affirmé, leur vocation, plutôt que d’animer l’opposition par conviction, est… la conquête du pouvoir. Nous l’avons effectivement constaté avec l’arrivée d’ATT au pouvoir. Ce qui a marqué une nouvelle étape dans le processus démocratique malien.
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L’expérience du consensus.
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rn En vers et contre tout, ATT fut un candidat puis un président très populaire en raison des atouts qu’il a accumulés depuis la période de la transition démocratique.
rnLe président Amadou Toumani Touré a bénéficié de soutiens de taille et s’est montré rassembleur par le fait qu’il a pu avoir de son côté une frange importante de l’ADEMA qui était au pouvoir ; en plus des partis qui animaient l’opposition, qui se battaient donc pour réaliser l’alternance. C’est ainsi que ATT a invité tous à œuvrer dans un cadre de gestion consensuelle du pouvoir. Ce fut une expérience réussite, inédite avec le CNID, le RPM, le parti SADI, le MPR, l’ADEMA, le PSP entre autres, au sein d’un même gouvernement.
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rnCe fut une prouesse rendue possible grâce à une volonté commune des composantes de la classe politique. Elle fut très appréciée ailleurs sur d’autres continents, même si tout n’y était pas parfait. Des changements s’imposaient.
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Avec la réélection d’ATT en avril dernier, il est beaucoup question de changements qui s’inscrivent de façon durable dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations. Il y a donc de nombreux défis à relever ; et c’est pour cette raison qu’il a été élaboré un Projet de Développement Economique et Social dénommé PDES. Mais, pour sa mise en œuvre, on assiste à la naissance d’une opposition politique que le RPM, le PARENA et le parti SADI s’engagent à animer.
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rnAinsi, le processus démocratique malien connaît un tournant décisif qui représente la période de transition vers l’alternance politique en 2012. Il faudra donc s’attendre au fait que le second mandat du président Amadou Toumani Touré soit celui de grandes adversités, se traduisant par le repositionnement des forces politiques.
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Une opposition bicéphale
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rn Mais, l’opposition qui a encore du mal à mieux se structurer, à s’organiser, évoluera certainement dans un contexte particulier où le président de la République s’engage à faire en sorte qu’elle ait un statut.
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Selon cette nouvelle donne, le leader de l’opposition aura un traitement spécial. Si cela se concrétisait, ce sera un bond qualitatif en avant du processus démocratique malien.
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Cela est pertinent à un moment où le consensus politique a pris fin et où l’opposition tente de s’organiser pour donner du fil à retordre au pouvoir ATT. En tout cas, jusqu’à la preuve du contraire, il existe une cacophonie dans les rangs de l’opposition qui a encore du mal à faire front commun.
rn En effet, il y a d’un côté le PARENA et le parti SADI qui tente une expérience d’animation de l’opposition. De l’autre côte, nous avons le RPM que nombre d’observateurs de la scène politique considéraient comme le chef de file de l’opposition en gestation.
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Tant que la situation demeurera telle, l’opposition risquera d’être inefficace en termes de contre pouvoir ou d’alternative crédible en face des gouvernants. Cela pose du coût, la problématique de la confiance entre ceux qui ont opté pour l’animation de l’opposition. Aussi, au sein de cette opposition, il y a des inquiétudes, surtout du côté de ceux qui s’attendaient à ce que la situation politique soit en ébullition dès maintenant.
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Tiémoko Traoré
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29 octobre 2007
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